La Prison en format HD
Film « coup de massue » par essence, « Les Poings contre les Murs » redéfinit le film de genre. Carcérale est l'ambiance, oppressant est le ton, avec lesquels sont développés une trame scénaristique autour d'Eric, un jeune homme incarcéré dans une prison pour adulte. David Mackenzie délivre à travers son film un récit parsemé de chutes et d'accrocs, toujours en décalages nuancés, et en bastons musclées ferrées au béton armé. Bestial, le film virevolte entre les barreaux psychologiques des pistes narratives qu'il développe et la réalisation à l'approche viscérale des personnages paumés dans cette unité de lieu claustrophobe.
Distribué et édité par WildSide
Critique du film
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Toujours dans le rouge, la pression et le rythme syncopé, « Les Poings contre les Murs » raconte la rencontre dans un milieu exotique entre un fils et son père. Jack O'Connel (Eric) et Ben Mendelsohn (Nev, père d'Eric) incarnent des rôles taillés à leur mesure. Entre violence programmée, réserve exclue sous peine de devenir une victime des lieux, « Les Poings contre les Murs » singularise son approche par une gestion rectiligne du Drame. Tout repose sur la contention des sentiments, quand au même moment, les explosions de caractères prédominent.
C'est cette dualité entre la froideur intime et l'irradiation névrotique de la férocité des personnages qui anime le background âpre du film. Loin de la bouffonnerie comique de Bronson, Les Poings contre les Murs arrive à faire palpiter le spectateur, à le faire entrer dans l'univers sauvage et étriqué d'un lieu sordide où la vie suit un cours alternatif. Pas de fausse note, réalisation impeccable, personnages campés avec un naturel déconcertant, le film de Mackenzie frappe juste. Puissant, primal et net.
Image du Bluray |
Avec ses teintes ocres et sépias contrastant avec la froideur bleutée de certaines régions de la prison, le bluray se raconte sous son meilleur jour. L'étalonnage numérique y est pour beaucoup, à ce niveau Michael McDonough directeur de la photographie sur le film, a su apporter en matière de lumières et contrastes. Le film reste lumineux malgré son imprégnation noire, la colorimétrie est gérée de manière à ce que les teintes restent naturelles tout en singularisant le côté poisseux et glauque de l'étau carcéral. À ce niveau David Mackenzie et McDonough proposent une lecture littérale du film, en y ajoutant cette part d'ambivalence esthétique qui souligne les dualités de sentiments, de psychologies inversées ou de violence régissant la personnalité des protagonistes à l'écran.
Tourné en cinémascope, le gommage numérique pour le transfert est précis. Le grain employé alimente la nature organique de l'image, en plus de restituer avec mesure le côté froid de la prison dans laquelle le film a été tourné. Pas de faute de parcours, c'est propre, la mise en scène brille à l'écran et les nuances dans les parties les plus sombres du film offrent des noirs profonds sans pixellisation ou autres effets de moirage. Bien balancé et superbe.
Son du Bluray |
Du DTS pour la version française en 5.1, on est bien. On aurait même aimé que la version anglaise bénéficie du même traitement. Cette dernière en Dolby Digital reste très percutante cependant. Pas de défauts majeur dans le traitement du surround, tout est bien retranscrit, quelle que soit la version. Les graves ne subissent pas de pertes, c'est net, bien tranché, et les dialogues clairs et impactant sont servis dans leur jus. Au niveau de la bande originale, composée par Tony Doogan, elle n'est pas envahissante. Entre le drone et le dark ambient elle sait se faire discrète mais tire en arrière plan à l'expérience aliénante. Le fondu génère ce climat inquiétant, jamais bien loin de l'explosion, la cocotte couve. Le film marque des points.
Bonus du Bluray |
Un peu chiche en bonus, le bluray s'affranchit du strict nécessaire. L'occasion de découvrir le réalisateur ou la révélation du film, l'acteur Jack O'Connel. Ici tout est académique, un peu trop scolaire. Quelques anecdotes intéressantes, mais rien de bouleversant. Nous aurions aimé un peu plus de panache pour habiter ce Bluray comme il se doit. Ce ne sera pas le cas, dommage.