Les bars eSport ce n'est pas que la franchise Meltdown, d'autres indépendants souhaitent à leur tour se lancer dans l'aventure et voler de leurs propres ailes. C'est le cas du WarpZone de Rennes qui devrait ouvrir ses portes prochainement. L'endroit permettra de faire revivre un ancien bar de la ville tout en permettant d'offrir aux joueurs de l'ouest de la France de se retrouver. Il faut dire qu'entre le Stunfest et l'INSALAN Rennes a déjà démontré qu'elle était une ville jeune très portée sur le sport électronique. Nul doute donc que le WarpZone connaisse à son tour une belle histoire.
Interview de Nicolas « nicos » Nioche par Millenium Mac Coy
[M] Mac Coy : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre projet et vos ambitions ?
Nicolas « nicos » Nioche : Le WarpZone est un bar dit "eSport" ou "barcraft". C'est un bar à cocktails dans lequel il est possible de regarder des matchs de compétitions de jeux vidéo autour d'un verre, au même titre qu'un bar où est diffusé un match de foot. Nous avons la particularité de couvrir un grand panel de consoles de jeux (plus de 12 consoles, de la rétro à la NextGen) et de bornes d'arcade. On parle bien ici d'un bar et non d'un cybercafé. La grande différence vient du fait qu'il ne faut pas explicitement payer pour accéder aux machines, mais prendre une consommation.
Nous avons aussi 6 PC avec les jeux de la scène eSport actuelle. Il est prévu d'accueillir des équipes qui joueront dans le bar, face au public qui les soutiendra. Les matchs seront d'ailleurs retransmis en direct sur notre chaîne Twitch. Nous avons de plus une régie permettant d'accueillir casteurs et commentateurs pour animer les nombreuses soirées au bar.
Nous souhaitons créer une ligue française du jeu vidéo inter-barcraft et nous avons d'ores et déjà contacté les bars eSport de France pour lancer ce projet ambitieux et ils nous ont tous répondu favorablement.
Pourquoi avoir choisi ce nom de WarpZone ?
Une warp zone, terme anglais signifiant littéralement « zone de distorsion », est employée dans les jeux vidéo pour définir un lieu permettant de se déplacer dans, ou à travers, plusieurs niveaux, tel un moyen de téléportation.
Une warp zone est aussi bien vue comme un moyen de reprendre le jeu à un point plus avancé (sans devoir tout refaire), comme un moyen permettant de choisir son niveau, ou comme une astuce permettant d'avancer plus rapidement et d'éviter un passage difficile. Ce genre de lieu se retrouve dans la série Super Mario Bros, permettant à certains joueurs d'établir des records de vitesse (ou speedrun).
D’un point de vue plus philosophique, cela correspond à l’interface rue bar puisqu’une fois à ⇔ l’intérieur, vous ne serez plus dans le monde réel, mais celui du monde du jeu vidéo ; d'où le nom du bar WarpZone.
Pourquoi avoir choisi d'ouvrir un bar axé sur le gaming et plus particulièrement l'eSport ? D'où vous est venue cette idée et combien de personnes participent au projet ?
Le projet est né il y a un an désormais, autour d'un verre, plus en mode blague que projet sérieux. Nous étions trois au début du projet et avons intégré un quatrième associé début 2014 qui avait un projet plus que similaire à Rennes. Au fur et à mesure des rencontres le projet s'est concrétisé et est devenu viable financièrement.
Le choix de l'eSport s'est fait naturellement étant donné son essor ces trois dernières années. Le sport électronique est en plein essor et a connu une hausse d’audience de 334% en trois ans. (Télévision américaine, coréenne, web TV, stadium). De plus tout comme dans le monde du sport « classique » il y a des managers, sponsors, équipes, championnats, stars, des maisons d'entraînement (Gaming Houses) et surtout un public grandissant de supporters. Cela concerne donc de nombreux métiers ce qui atteste la véracité d'un tel projet.
Concernant l'équipe, nous sommes quatre associés qui avons fondé la société WarpZone SAS.
Julien - barman, conseil en jeux rétro : 25 ans, joueur console depuis son plus jeune âge, il est très attaché à tout ce qui touche à l'univers du jeu vidéo et particulièrement le retro-gaming. Mélomane de son époque à tendance techno hard rock hip hop et DJ amateur.
Romain - barman de profession, événement eSport : 25 ans, il a fait ses premières armes sur Super Mario. Barman de profession et grand fan d'eSport depuis un peu plus de 6 ans suite à son travail chez ESL en tant qu'admin.
J-C - commercial, barman, relations B2B : 25 ans, est féru de jeux vidéo depuis son plus jeune âge (environ 8 ans). Il est adepte de toutes les expériences du 10e art : de la painstation (https://en.wikipedia.org/wiki/PainStation) à l'oculus rift et ne recule devant aucun genre de jeu.
Moi-même, Nicos 27 ans - community manager, barman : chef de projet web, je souhaite depuis plusieurs années créer mon entreprise. Alors pourquoi ne pas le faire dans un domaine que je convoite tout particulièrement ? Je joue depuis l'âge de 11 ans, mon premier jeu devait être Prince of Persia, Lode Runner ou Creatures. Je suis moi aussi passionné de rétro gaming.
Vous avez choisi de réaliser un financement participatif afin de rendre le bar accessible aux personnes à mobilité réduite. Vous attendiez 10 000 € et ce montant a d'ores et déjà été dépassé. Quelle est la somme totale de votre investissement et comment cela se découpe ?
Le montant total des investissements est d'environ 155 000 €
- 105 000 euros (fonctionnement entreprise + fond de commerce)
- 30 000 euros de travaux (électricité, accessibilité, plomberie)
- 20 000 euros d'équipement informatique, mobilier.
Contrairement à d'autres vous n'êtes pas entré dans la franchise Meltdown, est-ce un choix de votre part et quels autres partenaires avez-vous trouvés afin de vous équiper en matériel gaming par exemple ?
C'est totalement un choix de notre part. Nous les avons rencontrés sur Paris et avons passé de nombreux moments au téléphone. On les remercie d'ailleurs pour le temps qu'ils nous on accordés. Certaines choses ne nous ont pas convaincus (à l'époque, car depuis la franchise a fortement évolué et nous étions dans les premiers) et nous avons décidé de faire cavalier seul. C'est bête à dire, mais une franchise parisienne en Bretagne ne plaisait guère à une partie de notre communauté.
Nous avons essayé différents partenariats avec Materiel.net, LDLC sans succès. Ils étaient trop longs à nous répondre, pour conclure sur des « nous n'aurons pas le temps de répondre à vos nombreuses demandes tout en gardant un gage de qualité ». Là encore nous ferons cavalier seul.
Nous avons d'autres partenaires, comme un studio de graphisme : Grr! Studio, Red Bull, Unilan (association sur Laval pour les jeux vidéo et équipe eSport avec redFox Gaming), et GeneSis gaming (une équipe eSport), 3HitCombo (association à l'origine du Stunfest). Un accord est en train d'être passé avec le Concepteur Online pour le matériel informatique.
La ville de Rennes est surtout connue dans le monde du sport électronique pour son INSALAN qui connaît un grand succès depuis de nombreuses années, est-ce que cette activité sur place vous a motivé à vous installer là-bas ou bien cela n'est pas entré en ligne de compte ?
Il y a l'INSALAN en effet qui est très connue. Cela a forcément influencé nos choix, surtout au niveau du fait qu'il y a un public sur Rennes. Sans compter le Stunfest qui fait des émules chaque année. Nous avons fait trois études de marchés pour nous assurer qu'il y a une attente sur Rennes. Nous en sommes convaincus ne serait-ce que pour l’engouement de notre page Facebook qui compte plus de 1 900 fans alors que nous ne sommes pas encore ouverts.
Les bars eSport connaissent un succès grandissant en France actuellement, comment comptez-vous vous démarquer des autres et quel sera par exemple l'agenda type du WarpZone ?
Tout d'abord le WarpZone ne sera pas une « cave à geek ». C’est plus un pub irlandais où l'on se sent bien, mais truffé de nouvelles technologies. Nous avons pour volonté de ne pas repousser les amis des amis qui viendraient et qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Nous aurons aussi un beau parc de consoles, avec des bornes d'arcade renouvelées régulièrement. Il y aura aussi de nombreuses conférences sur le monde du jeu, de la réalité augmentée, des nouvelles applications, de la prévention sur les PEGI.
En dehors des ces activités nous suivront bien évidement l'actualité eSport en retransmettant des matchs eSport et en organisant des matchs inter-bar. Nous avons d'autres idées que nous ne pouvons dévoiler actuellement.
À toi le dernier mot !
Un mot ? Merci au nom de toute l'équipe WarpZone de nous avoir accordé cette interview, merci à tous les contributeurs du crowdfunding et longue vie à l'eSport !
L'ouverture d'un bar ce n'est pas non plus qu'un conte de fées, c'est aussi beaucoup de contraintes et en cela intégrer la franchise Meltdown permet de profiter de l'expérience des premiers arrivés. En revanche il semble tout à fait naturel que d'autres aient l'envie de voler de leurs propres ailes sans être contraints de quelque manière que ce soit par des règles extérieures. Ainsi ce développement indépendant devrait permettre d'assister à de nouveaux projets peut-être plus ambitieux ou tout du moins avec un modèle légèrement différent.