Vraisemblablement la polémique qui était née il y a seulement quelques semaines après la chronique diffusée dans l'émission Le Grand Journal de Canal+ n'avait pas fait suffisamment de bruit, pourtant les joueurs offensés avaient été des dizaines de milliers à réagir, parfois d'une manière assez agressive il faut bien l'avouer, ce qui avait d'ailleurs poussé Antoine de Caunes à présenter ses excuses auprès de la communauté. Une pétition en ligne avait même été publiée et elle avait rassemblé plus de 70 000 signatures en seulement quelques jours.
Cette fois-ci c'est la radio publique France Inter qui s'est penchée sur le sujet lors de l'émission de Nagui, « La bande originale », diffusée jeudi matin entre 11h et 12h30. Encore une fois Twitch et plus précisément le streaming était au centre des critiques, mais s'était ajouté cette fois-ci le fait tout simplement de jouer d'une manière compétitive. Cela semblait par exemple totalement incompréhensible pour l'animateur, un de ses chroniqueurs et l'invitée du jour, l'ancienne nageuse médaillée olympique Laure Manaudou.
Laure Manaudou au Grand Journal qui parle de jeux vidéo : le prochain combo ?
Dans une chronique de l'émission de fin matinée donc, la journaliste Leïla Kaddour-Boudadi se lance dans une présentation succincte du sport électronique. Elle parle plus particulièrement du jeu numéro 1 ces dernières années League of Legends et met en avant le fait que l'on puisse vivre de sa passion pour ce jeu vidéo, mais également être boursier à l'université aux États-Unis tout comme n'importe quel athlète. Effectivement cette information peut paraitre incroyable pour toute personne ne suivant pas la scène en général et n'ayant pas assisté à la montée en puissance de la communauté, pourtant c'est bel et bien le cas aujourd'hui. Tout comme la Corée du Sud, les États-Unis ont accordé un statut spécifique aux joueurs de jeux vidéo leur permettant d'être d’égal à égal avec leurs camarades pratiquant une autre activité sportive à haut niveau. Le présentateur Nagui y va de quelques blagues, ironisant sur les joueurs : « c’est la tristesse de ne rien faire » ou encore « c’est la revanche des poignées d’amour ». L'animateur minimise également l'impact que peuvent avoir les jeux vidéo, prenant même le public présent lors de son émission à témoin en réalisant un sondage express bien entendu sans aucune valeur. Forcément c'est difficile à croire qu'aujourd'hui plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde peuvent se rassembler via les plateformes de streaming ou bien que des stades entiers se remplissent de fans de jeux vidéo et pourtant, c'est bel et bien la réalité.
Si Nagui tente toutefois en fin de chronique d'atténuer ses propos, son invitée en revanche persiste dans la position qu'on lui connaissait déjà : « pour moi c’est s’abrutir devant un ordinateur, alors qu’il y a autre chose à côté, des gens à qui parler » ou bien « les geeks préfèrent pas faire une partie de basket pour transpirer vraiment plutôt que de se mettre devant la télé ? ». Laure Manaudou n'a jamais porté les jeux vidéo dans son cœur et c'est de notoriété publique, elle considère même cela comme un mal pour la société. Déjà par le passé elle avait créé la polémique après les tueries de Toulouse en 2012 en pointant du doigt les jeux vidéo comme coupables des dérives d'un homme solitaire en l’occurrence Mohammed Merah. Pourtant il n'en était rien et elle avait fini par supprimer son message, sans toutefois présenter d'excuses. Aujourd'hui elle confirme tout simplement ses idées et cela tranche justement avec son frère, lui aussi champion olympique et du monde de natation Florent Manaudou. Ce dernier a toujours été un défenseur des jeux vidéo, il avoue d'ailleurs y passer beaucoup de temps et s'est même pris au jeu en participant à quelques événements promotionnels notamment sur son titre phare FIFA.
Chargé de relancer la case divertissement il n'aura pas séduit les gamers
Que faut-il retenir de tout cela ? Le positif est que l'on parle désormais du sport électronique dans des émissions où on ne l'attendrait pas forcément. L'audience de France Inter n'est pas spécialement au fait de cette évolution, mais elle est composée en grande partie de parents ou de grands-parents qui découvrent ainsi grâce à cette petite chronique un aspect de la vie des plus jeunes. Car si la communauté évoluant autour du sport électronique a vieilli depuis quelques années et que sa moyenne d'âge se situe entre 25 et 30 ans, il n'en demeure pas moins qu'elle n'est pas la priorité des médias et cela en toute logique, car ce n'est pas une grande consommatrice de télévision ou de presse écrite. Qu'à cela ne tienne, les préjugés finiront par sauter et nul doute que Nagui et Laure Manaudou ont déjà reçu des messages de joueurs mécontents.
L'important dans tout cela c'est que sur France Inter, contrairement à Canal+, la journaliste avait au moins le mérite d'avoir travaillé un minimum sur sa chronique. C'est par de petites actions telles que celles-ci, même si nous n'en sortons pas vainqueurs, que le sport électronique parviendra à se faire sa place au soleil dans l'hexagone. Pourquoi pas espérer ici également un statut similaire à celui existant désormais aux États-Unis et en Corée ? Pour conclure, quittons-nous encore une fois sur une chronique de France Inter, cette fois il s'agit de la chanteuse Juliette qui, le même jour que chez Nagui, est intervenue dans la matinale de Patrick Cohen et a assuré un excellent plaidoyer en faveur des jeux vidéo !