Afin d'obtenir d'autres réponses à nos questions, mais également de vous permettre de vous forger votre propre opinion, nous sommes allés à la rencontre du responsable communication de l'association Futurolan. Futurolan ce sont les organisateurs de la Gamers Assembly par exemple, mais également plus proche pour nous la GA'lloween qui se jouera début novembre. Romain « makked » Rousseau nous fait partager son expérience dans l'univers du sport électronique qu'il côtoie depuis de nombreuses années et nous parle également plus précisément de la GA en général.
Interview de Romain « makked » Rousseau par Millenium Mac Coy
[M] Mac Coy : La GA'lloween aura lieu une fois encore cette année, l'accent est comme toujours mis sur le côté LAN plus que sur le côté grand tournoi. Pourquoi est-il nécessaire de préciser qu'à cette GA c'est plus l'esprit des LAN à l'ancienne qui est préconisé ?
Romain « makked » Rousseau : Chaque année, et c’est tant mieux, la Gamers Assembly atteint de nouvelles personnes qui entendent parler de notre événement par des moyens de communication plus traditionnels (affiches, journaux, spots, télévision, etc.) et se rendent sur place pour découvrir ce qu’est la Gamers Assembly.
En annonçant la GA’lloween un certain nombre de ces personnes non-habituées ou néophytes en matière de LAN-party peuvent se méprendre sur ce qu’est réellement la GA’lloween avec tous les désagréments que cela peut entrainer : prendre la voiture pour se rendre sur place et découvrir qu’on n’a finalement rien à faire là car ce n’est pas ce que l’on attendait. Nous voulons absolument éviter cela et par conséquent être le plus clair possible sur ce qu’est la GA’lloween et en quoi ça n’a (pratiquement) rien à voir avec la Gamers Assembly.
Quelles sont les plus grandes différences entre une Gamers Assembly classique et une GA'lloween ?
La première différence est celle qui saute aux yeux, c’est-à-dire la taille de l’événement. La GA’lloween n’accueille que 200 à 250 joueurs maximum et cette réduction d’effectif entraine invariablement des réductions de tous ordres :
- Moins de budget (10 000€)
- Moins de staff (environ 30 personnes)
- Moins de matériel
- Moins de frais (logistique, bar, staff, cash, scène, réseau, etc.)
- Pas de salon (même si le hall d’entrée a déjà accueilli quelques consoles en libre accès ou quelques stands)
Toutes les différences majeures entre ces deux manifestations ont été synthétisées dans une infographie accessible à cette adresse : https://presse.futurolan.net/page/infographie
Que pensez-vous chez Futurolan du développement de l'eSport en France et regrettez-vous d'une certaine manière la disparition progressive des LAN comme elles pouvaient exister auparavant ?
Ce n’est pas un scoop, l’eSport se professionnalise depuis des années maintenant (et le rythme semble s’accélérer) et c’est une très bonne chose. À l’avenir de plus en plus de personnes pourront vivre de leur passion et les fans profiteront de ces avantages avec des événements toujours de meilleure qualité.
Bien sûr chez Futurolan, on repensera avec nostalgie aux années 2000 où on faisait des événements pour s’amuser et où les joueurs se déplaçaient en LAN sans autre but que de passer un bon moment, de retrouver ses potes et de s’en faire de nouveaux. Parfois on regrettera cette période en se disant que c’est allé trop vite mais au final il ne pouvait pas en être autrement et on est heureux d’avoir apporté une petite pierre à l’édifice (et de continuer à le faire).
Les joueurs Millenium à la Gamers Assembly 2014
Cette année il y aura trois jeux présents (League of Legends, Shootmania et Team Fortress 2). Pourquoi avoir choisi ces trois titres et comment expliquer l'absence, par exemple, de disciplines plus reconnues sur la scène eSport comme CS:GO ou SC2 ?
Il y a quelques années nous communiquions sur le fait que la GA’lloween était une manifestation qui existait surtout pour jauger les différentes communautés en vue de savoir si certaines communautés étaient assez nombreuses pour se déplacer en masse à la Gamers Assembly. Aujourd’hui ce n’est plus tellement le cas, même si nous ne sommes jamais fermés aux suggestions, la raison en est simple : la « grande GA » dispose désormais de suffisamment d’espace pour accueillir de nombreuses communautés sans avoir besoin de faire une pré-selection sur les disciplines que nous qualifierons d’incertaines.
L’absence de CS:GO est simplement la traduction du fait qu’en 2012 et 2013 nous avions annoncé un tournoi sur ce jeu, mais nous avions dû annuler ces deux années faute de participants. Force est donc de constater que la communauté CS:GO, qui est une communauté que nous apprécions (Counter-Strike a TOUJOURS été présent depuis la première GA), ne s’intéresse que très peu à la GA’lloween. Tant pis, on les retrouvera à la Gamers Assembly 2015 (sourire) !
Concernant Starcraft 2 nous pensons simplement que les joueurs ne sont pas en reste avec les différents tournois qui se déroulent sur le net et par conséquent nous ne voyons pas forcément un grand intérêt de proposer ce jeu. Mais comme je l’ai dit plus haut nous ne sommes jamais fermés aux suggestions et si une quinzaine de joueurs vient nous voir demain en nous demandant d’organiser un tournoi SC2 il n’y a aucune raison pour que nous refusions !
La GA existe depuis maintenant plus de 10 ans et la GA'lloween fait également partie du paysage eSport en France depuis des lustres. Quelles sont les évolutions qu'ont connues ces événements au cours des dernières années ?
La Gamers Assembly a connu de petites évolutions chaque année comme par exemple l’apparition des tournois parrainés en 2011 avec le Trophée MEDION sur Starcraft 2. Mais la plus grande évolution est clairement celle qui s’est produite cette année avec le changement de salle, changement qui a d’ailleurs été un succès et va nous permettre de nous développer encore plus l’année prochaine lors de la GA 2015.
La GA’lloween quant à elle n’a pas connue de réelle évolution, c’est toujours le même principe de la LAN qui n’est rien de plus qu’une LAN. Cela montre bien l’esprit dans lequel nous sommes pour cette manifestation, un esprit que l’on peut surement qualifier « d’old school » en 2014 (même si les puristes soutiendront avec raison que les LAN « old school » sont celles que l’on organise avec 5 copains dans un garage).
La GA’lloween est née en 2003 lorsque la Gamers Assembly s’est déplacée dans le Palais des Congrès du Futuroscope. La ville de Saint-Benoît où se situent les bureaux de l’association est un partenaire de l’association et c’est ainsi que nous avons pu continuer à utiliser la salle de spectacle de la Hune. De 2003 à 2006 c’était la « GA Quake » même s’il y avait d’autres tournois, puis elle a pris le nom de GA’lloween depuis 2007.
La dernière Gamers Assembly au Palais des Congrès du Futuroscope
Comme toutes les compétitions de jeux vidéo en France, vous avez connu par le passé des périodes plus difficiles que d'autres. Comment vous situeriez-vous aujourd'hui et quels sont vos projets d'évolution dans les mois à venir ?
Aujourd’hui je pense qu’on a atteint une certaine stabilité, on a réussi à surmonter les problèmes techniques que l’on a rencontrés par le passé grâce à l’augmentation de la bande passante disponible (on passe de 300MB/s symétriques à 8GB/s symétriques avec le changement de salle de la GA). Concernant la GA’lloween grâce à Orange nous avons amélioré la connexion disponible à la salle de la Hune et nous streamons par satellite pour optimiser la bande passante disponible.
Plus généralement nous avons aussi appris de nos erreurs et avons intégré les nouvelles problématiques des joueurs dans les configurations du matériel réseau. On n’est jamais à l’abri d’un problème comme à la GA 2012 où l’un des « core switch » était défectueux et nous avions dû le remplacer. Mais aujourd’hui je dirais qu’avec l’aide de nos partenaires techniques, nous sommes prêts à faire face à toute éventualité si d’aventure un problème se produisait.
Nous avons réussi le changement de salle avec succès cette année et nous allons tenter, à l’avenir, de renforcer différents points qui nous font défaut :
- Nous allons travailler à améliorer le salon de l’événement. Cette année le freeplay et le test de matériel et/ou de jeu a fait plaisir aux personnes présentes et nous avons l’intention de continuer dans ce sens.- Nous allons également travailler à réduire un maximum les temps-morts qui peuvent exister sur la scène principale de l’événement afin de proposer du contenu en permanence.
- Enfin, sans entrer dans les détails nous allons sans doute accueillir plus de joueurs et de visiteurs que jamais en 2015. Nous avons battu notre record cette année et les discussions que nous avons actuellement avec certains de nos partenaires, si elles se concrétisent, nous permettraient de faire encore mieux l’année qui vient.
La GA'lloween rassemble beaucoup moins de joueurs qu'une GA classique, penses-tu qu'à terme cette situation puisse entrainer sa disparition ?
Rien ne dure éternellement mais je ne pense pas que l’avenir de la GA’lloween soit menacé dans un avenir proche. Même si l’on considère que ce genre de LAN à l’ancienne n’intéressera que peu les nouveaux joueurs à l’avenir il y a toujours des exceptions, d’autant plus que pour l’instant nous n’avons jamais rencontré de problème pour remplir la GA’lloween.
Si tu souhaites ajouter un dernier mot !
Merci à tous les joueurs qui nous font confiance chaque année pour nos événements, c’est grâce à vous que l’association a pu continuer à organiser des LAN et ses membres à exercer leur passion. Et pour ceux qui le souhaitent, rendez-vous à la GA’lloween les 8 et 9 novembre prochains, avant tout pour se retrouver et s’amuser !
Vous l'avez compris la Gamers Assembly a dû évoluer pour poursuivre son ascension mais également continuer à exister. Si aujourd'hui c'est la référence française dans le domaine, cela aura nécessité un travail de tous les instants. Pourtant les organisateurs ne souhaitent pas se détourner totalement de leurs origines et ils utilisent la GA'lloween afin de contenter les joueurs à la recherche de cette ambiance à l'ancienne mais également pour que eux aussi, organisateurs d’événements grandioses, reviennent se ressourcer dans le domaine qui leur aura permis de se lancer il y a plus de dix ans.