Eté 2014 : l'histoire se répète - CLG, un an de paris ratés

Nien démissionnaire, il faut donc trouver un nouveau toplaner. Un temps annoncé après un nouvel échec des NiP aux qualifications LCS, Zorozero préfère privilégier ses études et ne suit pas l’exemple de dexter quelques mois auparavant. Montecristo va donc choisir de recruter Seraph, un inconnu coréen plein de promesses et de potentiel. Avec seulement un match professionnel à son actif et de faibles notions d’anglais, le pari semble risqué mais enthousiasme nombre de fans.

Ses premiers pas en solo queue donnent satisfaction, et tandis que Link brille sous les couleurs des Cloud 9 pendant les All-Stars pour pallier aux problèmes de santé d’Hai, tout semble indiquer que CLG ne reproduira pas l’accident de parcours de l’année passée. Malgré de premières prestations en demi-teinte, le public se montre plein d’indulgence avec le coréen, ne souhaitant pas répéter les erreurs du passées commises avec Nien, au risque de perdre un talent brut. À la moitié du split, les CLG sont toujours à la lutte pour la première place avec les LMQ et Dignitas, et l’effectif semble trouver son équilibre, malgré de nombreuses erreurs ou passages à vide en jeu, passés sous silence sous couvert de communication encore balbutiante. Sous l’impulsion de sa duolane Rush Hour, aisément la plus efficace outre-Atlantique à l’époque, les victoires s’enchaînent.

Alors que celle-ci devait s’améliorer avec le temps, la communication devient le principal problème des CLG. L’ambiance n’est plus au beau fixe dans l’équipe, et des tensions naissent entre dexter et Link. Le documentaire Chasing the Cup réalisé par Machinima est d’ailleurs saisissant, et le conflit entre les deux joueurs inquiète. Pire, les CLG se montrent incapables de remporter le moindre match aux LCS, dexter et Seraph inquiètent, et Link ne parvient plus à trouver le moindre impact en jeu. Les mauvaises sessions de scrims s’enchaînent, et il devient urgent de réagir.

Conscient du passage à vide de son équipe, le management CLG sort alors son arme secrète : le bootcamp en Corée auprès de Kim Monte (le surnom donné par les coréens à Montecristo) pour enfin profiter de lui à plein temps. Quitte à perdre tous les scrims, autant les perdre contre le top 8 coréen, représentant aisément le top 10 mondial et source inépuisable d’expérience. Après des premiers jours difficiles, l’encadrement de l’équipe se montre serein et l’assure : les joueurs sont en net progrès et reviendront en conquérants aux Etats-Unis.

Pendant ce temps aux studios des LCS, HotshotGG et son armée de remplaçants, parmi lesquels le pestiféré Nien, se battent avant tout pour ne pas décevoir les fans, loin de tout espoir de victoire lors de leurs matchs. Les résultats de l’ultime semaine de compétition semblent même sourire aux CLG, leur offrant les Curse comme adversaires pour la première étape des play-offs. Bien qu’en pleine forme après un 4-0 lors de la super week, les coéquipiers de Voyboy sont des victimes idéales, n’ayant jamais remporté le moindre match contre les CLG lors des play-offs.

L’histoire est jouée d’avance, les progrès affichés lors du retour de l’équipe seront saisissants, et la qualification pour les Worlds est plus que jamais d’actualité. Pourtant, la suite de l’histoire n’est pas rose pour les CLG, qui passent totalement à côté de leur Bo5. Au contraire, les Curse continuent sur leur lancée et ne font qu’une bouchée d’une équipe encore plus désorganisée qu’auparavant, alliant gestion inexistante des objectifs et prises de décisions impardonnables à ce niveau de jeu. Dominés à tous les niveaux, les CLG disent adieu à leur rêve de retourner en Corée pour les finales mondiales.

Dès lors, de nombreuses questions se posent. Comment, après près de trois semaines d’entraînement intensif, l’équipe a-t-elle pu afficher un tel visage lors de cette rencontre ? L’apport de Montecristo est d’ailleurs grandement critiqué, par la communauté mais aussi par de nombreux acteurs de la scène professionnelle. Si la connaissance du jeu de l’analyste n’est pas remise en cause, son impact est pointé du doigt. De plus, il apparaît impossible pour une équipe de réellement progresser en ne bénéficiant de son coach que d’une poignée d’heures par semaine. Cloud 9, Curse, LMQ, TSM, toutes ces équipes qualifiées pour la suite des play-offs disposent d’un coach à plein temps et vivant au plus près des joueurs.

Les joueurs sont eux aussi pris pour cible, et seul Aphromoo, irréprochable depuis le début de l’année, est épargné. Le caractère trop effacé de Link en jeu est remis en question, les calls de dexter ou Doublelift sont grandement critiqués. Pire, nombreux sont ceux qui en viennent à regretter Nien après l’échec de l’arrivée de Seraph, qui peine à trouver sa place dans une équipe qui ne sait toujours pas jouer efficacement avec lui.

Alors que l’équipe luttera à la PAX contre Dignitas pour assurer sa place dans les LCS, les interrogations sont nombreuses quant à l’avenir de l’effectif. Si pour certains comme Doublelift, la question est avant tout l’envie de continuer, le niveau affiché par Seraph, dexter et Link force à la reflexion. Dans une équipe qui a perdu son style de jeu tout en contrôle d’objectifs et de décisions toujours meilleures que celles de ses adversaires, ces joueurs ont un impact limité.

Si des changements dans l’effectif sont envisagés, c’est avant tout dans l’évolution de son management que réside le plus grand défi qui attend CLG. À défaut de se reposer sur un coach présent 30 heures par semaine depuis l’autre bout du Monde, l’équipe a besoin d’une présence quotidienne pour l’encadrer et l’aider à trouver son identité. Il est d’ailleurs fort probable de voir l’effectif éclater, pour repartir sur des bases sereines. Mais le risque est grand pour CLG de retomber dans ses erreurs d’antan, et de se laisser aller à des choix qui défient à nouveau la logique. Sous peine de quoi le rêve de retourner un jour aux finales mondiales et de redevenir un acteur majeur de la scène internationale restera un rêve inaccessible.