Halfway : Le Test
Les développeurs de Robotality nous proposent de plonger une nouvelle fois dans l'ambiance oppressante d'un gigantesque vaisseau spatial assailli par des formes de vie hostiles qu'il vous faudra purger à coup d'armes à feu aux commandes d'une escouade de survivants. Les fans de X-Com et d'autres jeux tactiques au tour par tour devraient apprécier Halfway, dont voici notre test.
Trailer de Halfway
Genre : Stratégie au tour par tour/Indé
Développeur : Robotality
Editeur : Chucklefish
Support : PC, Mac, Linux (distribué sur Steam)
Langue : Anglais
Prix : Acheter Halfway au meilleur prix
Les 500 autres passagers
Sortir de cryo-hibernation avant d'être arrivé à destination n'est jamais bon signe, Ripley nous l'avait bien prouvé. Et si en plus vous êtes sur votre dernière mission avant la retraite, vous cumulez les facteurs de risques qui annoncent une catastrophe de grande ampleur. Forcement avec un si mauvais karma, Lannis, un vétéran des forces de sécurité de bord n'y a pas échappé, et il se réveille donc seul à bord du Goliath, un gigantesque vaisseau de colonisation. Il apparait rapidement que la très large majorité de l'équipage a été transformée en monstres cybernétiques hostiles. Il doit donc réunir les rares survivants, puis tenter de reprendre le contrôle du vaisseau en passant son temps à faire des sauts aléatoires en hyperespace, ce qui ne manque pas à chaque fois de faire apparaître de nouveaux envahisseurs venus d’outre-monde. Tout ceci est relativement classique, mais efficace : après tout, du moment que l'on a une excuse pour faire des perforations à la chaîne, on ne va pas s'en plaindre.
Il existe de fortes inimitiés dans le groupe, malheureusement elles n'auront pas d'impact direct en jeu.
Notons cependant que derrière ce scénario relativement convenu, Halfway dispose d'un univers assez profond, et chacun des huit survivants possède sa propre histoire ainsi que son propre caractère. En dehors des batailles, admirer leur environnement de repos fourmillant de détails, même en pixel art, s'avère particulièrement intéressant si vous êtes sensible à ce genre de choses. De la même façon beaucoup d'efforts ont l'air d'avoir été fournis sur le level design, et chaque mission à bord du Goliath est visuellement unique, que ce soient les sombres corridors, la cantine dévastée, les appartements de luxe ou le réacteur de bord, on ne peut pas nier le fait que chacun dispose d'une ambiance propre.
Mission commando dans l'appartement d'un nerd, la vaisselle sale dans l'éviter n'est pas la seule surprise qui vous attend.
Enemy within
Les bases du gameplay partagent beaucoup de points communs avec le célèbre X-Com Enemy Unknown comme dit précédemment : globalement les fans du genre ne devraient pas être perdus. Ce serait cependant ne pas faire justice à Halfway que de dire qu'il ne s'agit que d'une vulgaire copie. Il s'en démarque significativement sur certains éléments.
Pour commencer, chaque membre de votre escouade possède sa propre identité et des pouvoirs fixes, vous n'aurez donc malheureusement pas le loisir de créer un commando sur mesure. Chacun dispose d'un pouvoir passif et d'un pouvoir actif, d'une quantité précise de points de vie, d'un niveau d'agilité précis, qui déterminera la distance qu'il peut parcourir avec chacune de ses deux actions par tour ainsi que ses chances d'éviter les tirs ennemis, et pour finir la précision, qui détermine les chances de toucher et d'effectuer un coup critique.
Comme à chaque mission, vous avez en général un à quatre membres du groupe dont la sélection est imposée en fonction du contexte (vous avez besoin du scientifique dans le laboratoire) : vous ne pourrez en négliger aucun et ils auront tous l'occasion de briller. Ces derniers ne gagnent pas d'expérience au combat, cependant l'attribution de l'équipement et surtout des stimpacks sera déterminante sur leurs performances. Ces derniers sont assez rares et permettent d'augmenter une statistique précise de façon permanente. Un même membre de votre équipe ne peut pas en utiliser plus de cinq au cours de sa carrière sans risque d'effets négatifs, il vous faudra donc bien choisir comment les utiliser. D'autant qu'il n'y a ici pas de classe, tout le monde peut utiliser toutes les armes et armures : cependant certains sont clairement plus adaptés pour un style de jeu plutôt que pour un autre. Combiné aux Stimpacks cela permet tout de même d'avoir une approche assez différente du combat avec un même personnage. Par exemple le sympathique professeur Schaffer, adepte de l'expérimentation humaine non volontaire, dispose de boucliers renforcés et d'un sort de téléportation : vous pouvez soit renforcer sa précision pour en faire un tireur à distance capable d'encaisser les tirs et de se téléporter à l’abri au besoin, ou alors vous pouvez lui donner un fusil à pompe et le faire se téléporter dans le dos des ennemis pour les plomber à bout portant par surprise.
Vous avez droit à deux actions par tour, en bleu la zone de déplacement que vous pouvez atteindre avec un point d'action, en jaune celle avec deux points. C'est fort pratique pour atteindre le corps à corps avec un fusil à pompe.
Un autre point commun avec X-Com est ici le système de couvertures. Les personnages peuvent être hors de vue, à découvert, à demi-couvert ou complètement à couvert, en fonction des objets derrière lesquels ils s’abritent. Cela a un fort impact sur les chances d'être touché par des tirs. Il va de soi que les ennemis en useront et en abuseront eux aussi. Ils n'hésiteront d'ailleurs pas durant leur tour de jeu à sortir de leur cachette pour vous tirer dessus avant de disparaître à nouveau, ce qui vous privera de toute chance de les tuer à moins que vous ne veniez les chercher en mêlée, ou que vous ayez placé vos personnages en mode "contre-attaque" qui remplace ici l'habituel et généralement trop puissant "overwatch" trouvé dans d'autres jeux.
Il faudra donc être attaqué directement pour répliquer, ce qui veut dire que simplement se retrancher dans un endroit parfait et laisser venir les ennemis ne sera pas forcément rentable. C'est d'autant plus flagrant avec l'apparition des boucliers sur vos personnages et les ennemis après quelques missions. Ces armures énergétiques absorbent une quantité de dégâts précise, et se rechargent après quelques tours. Il vous faudra donc forcément procéder à des tirs concentrés et réguliers sur un adversaire pour le tuer. Ce que vous allez vraiment souhaiter faire, étant donné que les munitions sont comptées. Par défaut chaque personnage ne peut porter que huit objets, y compris ceux qu'il a d'équipés. Entre le nouveau matériel ramassé, les grenades, les trousses de secours et le reste, il est difficile d'avoir plus de deux ou trois chargeurs sur soi, donc les fusillades prolongées sont hors de question. Cela ajoute vraiment une petite dimension stratégique intéressante avant chaque mission, lorsqu'il faut décider de ce que vous allez donner à chaque soldat.
Grenades, tir normal, tir précis, compétences spéciales, etc. Vous avez suffisamment d'options pour que les combats soient intéressants sans être noyé dans les mécanismes trop complexes.
Ce choix en terme de charge aurait été bien plus douloureux si la mort n'était pas si triviale finalement. Les déplacements se font en temps réel, avec le clic gauche pour déplacer un personnage, et le clic droit pour tous les faire suivre en file indienne, ce qui est un gros gain de confort lorsqu'on visite et fouille le vaisseau, le jeu ne passant en tour par tour que lorsqu'un ennemi est repéré. Si un de vos compagnons tombe à zéro point de vie, il s'évanouit tout simplement, et une fois le combat gagné il se relèvera à un point de vie en même temps que vous repasserez en temps réel. Vous ne pourrez donc perdre que si tous vos personnages sont au sol en même temps. Cela permet aux développeurs de nous envoyer des hordes d'aliens régulièrement, voire d'en téléporter une escouade complète autour de votre groupe sans préavis, puis de les faire attaquer directement sans que vous ayez fait quoi que ce soit, le tout sans que cela rende le jeu trop punitif. Cependant le résultat final demeure un petit peu trop permissif, à part sur les dernières missions qui s'avèrent clairement plus difficiles, mais loin d'être infaisables, ou ne demandera pas une stratégie très élaborée.
Là où le bât blesse finalement avec Halfway, est que les développeurs ont oublié (ou n'ont pas jugé utile) d'ajouter des modes de difficulté ou des raisons de relancer une nouvelle partie tout simplement. Il n'est même pas possible de rejouer une mission déjà terminée ou de lancer une nouvelle campagne sans totalement écraser votre sauvegarde existante. Le jeu n'étant pas un Rogue-Like, la question se pose : pourquoi ? Les joueurs à la recherche de défis auraient sûrement apprécié de pouvoir recommencer l'histoire en faisant face à un challenge bien plus substantiel et/ou en jouant d'une nouvelle façon. Au total en réalisant la grosse vingtaine de missions et les huit missions facultatives, vous devriez en avoir pour une dizaine d'heures en moyenne pour finir le jeu. La progression de l'histoire est intéressante et la courbe de difficulté très régulière, ce qui les rend très agréables, malheureusement il y a très peu de chances que vous soyez tenté de relancer une partie pour le moment.
Certaines missions sont lourdement scriptées (certaines vous feront regretter d'avoir des personnages avec des armes de courte portée).
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Les plus et les moins |
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Bonne courbe de difficulté |
Rejouabilité inexistante | ||||
Riche en détails et en dialogues |
Peu de types d'ennemis | ||||
Gameplay simple, mais efficace |
Personnalisation assez faible |