Les femmes sont mises à mal dans l’eSport depuis de nombreuses années, pour ne pas dire, depuis la création du sport électronique. Rares sont celles parvenant à se hisser dans ce milieu qui reste encore très masculin. Alors, qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, les femmes sont encore délaissées dans ce milieu ? L’égalité des sexes existe-t-elle dans le monde du jeu vidéo ?
Ça sait jouer, une fille ? |
Oui, une fille sait jouer, elle le dit moins, elle le garde pour elle, mais elle joue. Certaines s’élèvent même au rang de joueuses internationales et remportent des compétitions. Elles sont sur des licences bien connues et réalisent des performances tout aussi impressionnantes que leurs homologues masculins. La seule différence est la vision que l’on en a. Pour une fille, jouer aux jeux vidéo est, et restera, quelque chose qui dérange encore maintenant. Non pas parce qu’elles sont moins capables, mais parce qu’encore aujourd’hui, beaucoup estiment que les filles n’ont pas leur place dans ce monde.
Alors d’où vient ce regard ? D’un cliché terrible, bien souvent conditionné et amplifié par certaines licences qui visent à prendre des filles, souvent avec un physique avantageux, et à les exposer lors de showmatchs ou de compétitions. Tout ceci n’est que de la communication, rien de plus, pour autant, ces demoiselles sont tout aussi douées que les hommes. Mais leur apparente superficialité donne l’illusion qu’elles ne sont là que pour faire la promo du jeu.
Mais ce qui crée le plus de fractures entre les hommes et les femmes dans le monde du jeu vidéo, ce sont les tournois dédiés à ces dames. Quelles en sont les raisons ? Seraient-elles moins capables de gagner si elles croisaient des hommes ? Moins fortes psychologiquement pour supporter les railleries de leurs adversaires masculins ?
Alors vous nous direz que les femmes sont présentes dans des tournois mixtes, Riot et Blizzard par exemple, n’opèrent aucune distinction. Pourtant, lorsque l’on parle de gamers, le premier nom qui vous vient en tête est celui d’un homme et non celui d’une femme. Alors certains d’entre vous nous diront que c’est faux, qu’ils ont tout de suite pensé à Maddelisk (entre autres), mais majoritairement, c’est un pseudo masculin qui vous sera venu à l’esprit.
MaddeLisk joueuse Pro SC2 | Stephano joueur Pro SC2 |
Ceci est très certainement dû au fait que la plupart des femmes ne sont visibles sur la scène internationale que lors d’évènements bien précis et sont donc moins présentes le restant de l’année, contrairement à ces messieurs. La faute sans doute aux sites qui diffusent du contenu audiovisuel, les femmes sont-elles suffisamment présentes, leur laisse-t-on toute la place qu’elles mériteraient ? Et celles qui stream le font-elles bien, sans donner une mauvaise image de la « gameuse » ? Nous pensons à ces jeunes femmes qui n’hésitent pas à se promener en tenue légère devant la caméra, à croire que ce n’est pas leur niveau de jeu qui importe, mais leur plastique. Cela aussi contribue à ce que les femmes soient moins représentées, toujours plus caricaturées et sous-estimées, dans le monde du jeu vidéo.
Mais en fait, il s'est passé quoi ? |
Maintenant que le cadre est posé et que vous aurez clairement saisi le sens de ce sujet, parlons un peu de la polémique qui secoue le web depuis quelques jours : le fameux « 6th e-Sports World Championship BAKU 2014 ». Mac Coy nous en parle en détail.
Mac Coy :
Le sport électronique et le sexisme ont régulièrement croisé les mêmes chemins durant les dernières années. Que ce soit au niveau des études sociologiques ou psychologiques qui séparaient hommes et femmes ou, d'une manière bien plus directe, en créant des ligues exclusivement féminines sans qu'une vraie raison sportive ne soit donnée. Car même encore aujourd'hui, et cela se verra une fois de plus pendant l'événement français de l'année l'ESWC 2014, hommes et femmes ne joueront pas ensemble. Pourtant il est désormais clair dans l'esprit de tous que la gent masculine n'a pas plus de prédispositions dans les jeux vidéo que ces dames. Notons toutefois que cette affirmation n'est vraisemblablement pas admise par tous hors de nos frontières car certains pays restent encore assez fermés sur ces sujets. La dernière polémique en date aura toutefois le mérite de nous éveiller une fois de plus au pouvoir des masses et plus particulièrement des sites communautaires tels que Reddit car c'est de là que tout est parti ... En vrille !
La fameuse capture d'écran postée sur Reddit
Un simple poste déposé par un membre de la communauté donc qui constatait que dans le règlement du tournoi HearthStone qui se jouera lors de l'Assembly Summer 2014 fin juillet, les femmes étaient interdites de participer. Immédiatement ce point de détail à pris de l'ampleur car séparer les hommes des femmes c'est une chose, mais interdire totalement à ces dames de participer c'en est une autre. De plus cette règle ne touchait pas uniquement la Finlande, elle s'appliquait également à la quasi totalité des tournois HearthStone qui doivent se jouer cet été. Un scandale venait de naitre et la communauté internationale allait s'en emparer afin que justice soit rendue dans les plus brefs délais. L'information fut ainsi rapidement relayée par différents portails d'information très suivis tels que PCGamer, avec en prime plus de 500 commentaires postés par les membres sur Reddit, où les organisateurs sont sommés de s'expliquer au plus vite au risque de voir leurs sponsors se retirer suite au tsunami médiatique créé par cette simple ligne dans un règlement capturée à la volée par un superhéros d'internet.
Les administrateurs de l'Assembly Summer rejettent la faute sur l'IeSF, le nom du coupable vient d'être dévoilé au grand jour et on comprend mieux pourquoi cette règle s'appliquait dans d'autres événements. Car l'International e-sports Federation est une organisation ayant pour but de promouvoir le sport électronique à travers le monde (bien entendu pas de manière bénévole). Or ces derniers, afin d'atteindre ce but, organisent depuis 2012 une sorte de championnat du monde dont la première édition s'était jouée en Corée du Sud. Cette année c'est l'Azerbaïdjan qui est le pays hôte et vraisemblablement cette petite république bordant la mer Caspienne a donné des ailes aux membres de l'IeSF (qui ne sont pourtant pas sponsorisés par Redbull). Ces derniers ont donc agi selon toute vraisemblance par excès de zèle. Enfin c'est ce que l'on pensait logiquement et pourtant, droits dans leurs bottes, le communiqué officiel diffusé dans les premières heures de la polémique par l'IeSF expliquait ceci :
L'IeSF à propos de la polémique (Traduction - Source)
La décision de séparer les compétitions masculines et féminines a été prise en accord avec les autorités internationales du sport ; elle fait partie de notre effort afin de promouvoir le sport électronique comme des sports légitimes. [...]
L'eSport est largement dominé par les joueurs hommes, et les joueuses font réellement partie du public global. En organisant une compétition uniquement féminine, nous tentons de promouvoir le jeu féminin à l’échelle globale. [...]
L'IeSF est très proche de permettre au sport électronique d'être reconnu comme un vrai sport tel qu'il devrait l'être. Une part de nos efforts s'accomplit auprès des instances internationales. Par exemple, aux échecs il y a aussi une séparation entre hommes et femmes.
Vous vous en doutez suite à la polémique l'IeSF a fait machine arrière et désormais le règlement n'interdit aucun tournoi aux femmes. On aura donc des événements où une partie mixte et une partie 100% féminine seront présents, comme lors d'un ESWC.
Alors quoi, les hommes n’auraient pas le droit de simplement s’affronter entre eux, mais les femmes oui ? Pourquoi ? Si l’on prône la mixité et que l’on décide d’organiser des events juste pour les girls, alors pourquoi pas pour ces messieurs ? Où est le malaise ?
Dans la présentation, le terme « male only » dérange la gent féminine, qui se sent mise à l'écart de ces compétitions, c’est à partir de là que l’on crie au scandale.
Elle : Comment ?! Une compétition que pour les hommes ?
Lui : Et sinon ça ne vous dérange pas une compétition juste pour les femmes ?
Elle : Non, on est bien entre filles !
Lui : Ha et nous, on a pas le droit de faire des tournois entre nous ?
Elle : Ha non ! C’est pas pareil !
Alors avant de crier au scandale d’un tournoi exclusivement réservé aux hommes, réfléchissons à ce qu’implique un tournoi uniquement réservé aux femmes. Cela signifie que la communauté n’est pas dérangée à l’idée de « caser » les femmes dans des tournois sans hommes, mais que les hommes organisent des tournois entre eux, c’est gênant pour la pensée collective, et surtout ça vend moins de rêve. Bref, toujours est-il que les tournois « male only » ont été remplacés par des tournois mixtes, et que tout va bien dans le meilleur des mondes… Mais en vrai, rien ne va plus, ou du moins, rien n’avancera vraiment tant que l’univers du gaming s’encombrera de ces a priori ridicules et sans fondements. Si les tournois réservés aux hommes dérangent, supprimons ceux réservés exclusivement aux femmes. Ne faisons que des tournois mixtes où tous auront leurs chances, ou alors, conservons le système sportif classique. Une équipe femme et une équipe homme. Sans aucune mixité.
Le sport mondial fonctionne ainsi et personne ne crie au scandale de ne pas voir de femmes dans l’équipe nationale. Parallèlement, tout le monde se réjouit des excellents résultats des équipes féminines qui sont, pour autant, bien moins médiatisées que leurs collègues masculins. Seulement, en eSport, il faut que ça buzz et tous les prétextes sont bons. Le sexisme est une excellente façon d’attirer l’attention sur un event, une parmi tant d’autres… mais celle-ci est particulièrement explosive, car les femmes, bien que moins visibles sur la scène internationale, sont tout aussi présentes. Ce qui engendre forcément des réactions, que le web et les réseaux sociaux amplifient à souhait. Le monde du jeu vidéo n’est pas si différent finalement. Une annonce choc, un buzz, un peu de drama et vous avez le cocktail idéal pour attirer l’attention des gamers du monde entier.
Et si on posait la question aux pros ? |
Et les hommes, comment réagissent-ils lorsqu’ils croisent une femme en compétition ? Ont-ils la même attitude que lors de rencontre « just for men » ? Nous avons posé la question à des habitués de la scène eSport.
Pour Yogo « Une équipe est une équipe » nous dit-il et quand on lui demande ce qu’il penserait à l’idée d’avoir des équipes mixtes lors de compétitions, sa réponse assez claire :
Yogo :
Il y en a déjà. Par exemple chez nous (Millenium) il est arrivé que Maddelisk joue en clan wars. C’est loin d’être un cas isolé, j’en connais plusieurs autres sur SC2 ou Shootmania qui jouent dans des équipes principalement composées de garçons. La raison principale pour laquelle elles se retournent vers les équipes de garçons est que ces dernières sont à la base peu nombreuses et donc souvent moins compétitives. Ce qui ne laisse pas trop le choix à la minorité de joueuses voulant s’investir un peu plus sur leur jeu.
Mais le problème n’est pas de savoir si les équipes doivent être mixtes ou non. Mais plutôt ce que l’on veut faire comme type de tournoi et avec quel niveau. Personnellement je considère le sexe comme étant une manière comme une autre de trier les joueurs. De la même façon que peut l’être la nationalité. Malheureusement ce qui arrive dans les disciplines sportives pourrait arriver dans l’eSport aussi. C’est-à-dire se rendre compte qu’effectivement les filles sont moins performantes que les garçons et n’ont donc aucune chance de finir bien placées dans des compétitions mixtes de grande envergure. D’où la séparation systématique obligatoire pour que ces dernières puissent avoir des compétitions intéressantes. Mais encore une fois, dans l’eSport on en est pas encore là !
Nazca, forte de son expérience sur la scène eSport de StarCtaft II en tant que streameuse et responsable du portail SC2 pour Millenium nous parle de sa propre vision de l’eSport au féminin.
Nazca :
Pour être tout à fait honnête, je ne m’étais jamais posé la question de la mixité des équipes dans l’eSport tant cela m’aurait choquée qu’on soulève un tel point. Quelle différence le sexe peut-il faire dans l’action d’appuyer sur les touches d’un clavier et de cliquer sur une souris ?
Donc non, naturellement je ne serais pas choquée que les équipes professionnelles incluent des filles. Si une fille est meilleure que des garçons, les managers d’équipes devraient avoir envie de l’avoir dans leur team, à l’instar d’une Kayane sur les jeux de baston qui est devenue l’ambassadrice internationale de ce type de jeux.
Et lorsqu’on lui demande s’il y a une différence à faire entre les hommes et les femmes sa réaction ne fait pas attendre :
Nazca :
En termes de skill, il n’y a strictement aucune différence, théoriquement, entre hommes et femmes au niveau du progaming. Cela étant dit, la pression culturelle est forte et ne sera pas balayée en un jour, quand bien même l’intégralité de la population changerait d’attitude dès demain. Les filles qui ont une vingtaine d’années à l’heure actuelle ont certes grandi avec les jeux vidéo, mais leurs parents ne les ont pas nécessairement encouragées ou soutenues à jouer à CS ou à Super Street Fighter. Le fait est que ces jeunes filles ont pour la plupart été encouragées à jouer aux Sims tandis que leur frère se lâchait sur les jeux de baston/de voiture/les FPS. Les jouets ont évolué (avant c’était Barbie d’un côté et GI Joe de l’autre) beaucoup plus vite que les mentalités. C’est très cliché de présenter les choses comme cela, mais je pense que c’est une réalité. Or les jeux eSportifs à l’heure actuelle sont ces jeux qui comptent plus de garçons que de filles comme joueurs, à la seule exception (je crois) de League of Legends.
De son côté, Llewellys, directeur eSport et directeur WebTV de Millenium semble en accord avec ses collaborateurs, notamment sur la question d’affronter une équipe 100 % féminine et sur celles, plus épineuse, de la mixité, à la première il nous dit :
Llewellys :
Cela me ferait plaisir et me renverrait une image d’un eSport qui évolue en se démocratisant.
Puis, comme Nazca et Yogo, il fait la parallèle avec Maddlisk, joueuse Pro SC2, sur la question des équipes mixtes :
Llewellys :
Dans 95 % des tournois, les équipes sont mixtes, après ce n’est pas un secret que dans leur plus grande majorité, elles sont composées quasiment que d’hommes, mais prenons le roster SC2, MaddeLisK fait partie de l’équipe au même titre que ses homologues masculins, participe à des tournois (Dreamhack) ou même à l’ATC.
Concernant le sujet très délicat visant à différencier le niveau des hommes et des femmes, Llewellys rejoint l’avis de Nazca.
Llewellys :
Aujourd'hui, l'écart de niveau entre la scène féminine et la masculine est important, ce qui implique qu'une fille, pour être "gamer pro", se doit d'être au top féminin et y associer une dimension marketing importante (Cf. MaddeLisK ou Kayane).
Yogo y va également de son commentaire, rejoignant en partie l’avis du directeur eSport :
Yogo :
Comme pour presque toutes disciplines, en performance globale pure, les hommes sont un peu au-dessus des femmes. C’est comme ça. Après l’activité étant moins physique, en théorie elles sont sensées pouvoir être au même niveau que des hommes. Alors après pourquoi il n’y en a presque aucune qui rivalise ? Tout simplement, car elles sont peu nombreuses à jouer a la base. Donc peu de chance d’en avoir une qui sorte du lot. Question de probabilité.
La dernière question posée à été celle de la présence des femmes sur les WebTV et dans l’eSport en général. Les réponses divergent, chacun ayant sa propre vision.
Llewellys :
Je pense qu’aujourd’hui, elles sont surreprésentées médiatiquement par rapport à leur niveau eSport réel, mais même si conceptuellement la discrimination positive peut déranger, l’histoire nous prouve que c’est parfois le seul moyen d’accélérer la diversité.
Donc j’espère qu’on aura dans un jour proche, une fille en LCS et que dans 5 ans, on ne sera plus obligé de passer par des tournois 100 % féminins (comme l’IESF) pour voir des filles à haut niveau.
Yogo :
Elles sont moins représentées que les hommes. Mais elles sont aussi bien moins nombreuses. Donc au final, elles sont plutôt bien exposées pour le nombre qu’elles sont à jouer.
Nazca :
Les femmes sont rares dans l’eSport en général et sur les WebTV en particulier. Mais encore une fois c’est une question de culture. Si les filles sont moins nombreuses à jouer aux jeux eSport que les garçons, elles sont également amenées à être moins nombreuses sur le devant de la scène, que ce soit à un très haut niveau de jeu, comme commentatrices ou comme présentatrices. Cependant, je remarque qu’elles acquièrent sans difficulté leur place si elles montrent qu’elles ont le niveau. Tous les exemples qui me viennent à l’esprit (MaddeLisk, Kayane, Sjokz, Seltzer, Smix) vont dans ce sens. Cela prouve selon moi que le monde de l’eSport n’est pas du tout — bien au contraire — fermé aux femmes, mais que c’est simplement que pour cette génération et probablement encore la suivante, les femmes sont moins nombreuses dès la ligne de départ. Elles sont donc fatalement exponentiellement moins nombreuses sur la ligne d’arrivée. Patience, on y viendra un jour.
Et pour ceux qui ne le savaient pas, MaddeLisk est ce que l'on pourrait appeler une ambassadrice. Casteuse et joueuse pro Millenium, elle tient à merveille tous ces rôles et s'exprime régulièrement sur son blog. Nous avons recueilli quelques unes de ses réactions sur l'eSport au féminin. Vous pourrez bien entendu retrouver l'ensemble de ses articles sur son blog.
MaddeLisk - source
Je pense que les tournois à destination de communautés plus réduites sont très importants. [...] Le fait que des pays comme la Suède ou la France aient des championnats nationaux aide. Je les apprécie à la fois en tant que joueur et spectateur. Les joueurs sont plus motivés et peuvent se fixer des buts plus facilement atteignables. Obtenir un top 8 dans son pays est un but beaucoup plus facile à atteindre en premier lieu que de tenter de se qualifier aux WCS. En tant que spectateur, il est amusant de voir les meilleurs joueurs de son pays s'affronter. Cela permet également de développer la visibilité de la scène nationale auprès des spectateurs. Les tournois nationaux, les tournois pour étudiants d'université ou les tournois féminins sont tous des tournois n'autorisant que certaines catégories de joueurs à participer. Cela en fait d'excellent complément aux gros tournois comme les WCS où tout le monde est autorisé à participer. De ce fait, je pense que les tournois féminins sont un bon complément, sans pour autant souhaiter que les gros tournois soient l'objet d'une division entre hommes et femmes.
Sansa avec Mac Coy, Llewellys, Yogo, Nazca et Hidden