Cette première petite illustration était, comme vous vous en doutez, le moyen pour moi d'introduire mon prochain sujet d'étude, à savoir Kassadin. Les représentations de ce champion, comme de celui à suivre, sont excessivement nombreuses, et de qualités et styles divers. Il m'a donc de nouveau fallu faire un choix de l'ordre de la tyrannie, ce dont je vous prie de m'excuser par avance. J'ai bien entendu essayé de varier les approches, mais mes goûts personnels et moi même ne sommes hélas pas toujours infaillibles.
Faisons tout d'abord un petit tour du côté de chez cylithera, artiste que l'on peut retrouver sur Deviantart, s'intéressant principalement au rendu 3D de portraits, et qui nous propose donc sa vision du champion, somme toute relativement classique.
Celui-ci se présente à nous en contexte, à priori en lane aux vues du sol craquelé et des bushs derrière lui et, pour la petite information, sur la Terre maudite de Morgana. Mais notre champion, qui ressort particulièrement d'un fond plutôt flou (je ne saurais pour ma part identifier la forme à l'arrière plan, qui semble par ailleurs masquée - et je ne m'y risquerais pas après mon triste échec, fort gentiment relevé par certains d'entre vous, sur un certain mannequin en bois), par un jeu de lumière qui permet de définir très précisément chaque élément de sa tenue et de son masque, au point de lui trouver un certain caractère réaliste, ne semble guère perturbé par l'attaque de l'ange déchu, et poursuit ses attaques. Celles-ci contrastent par ailleurs de manière intéressante avec le pseudo-réalisme dont je faisais état précédemment, puisque la consistance de l'énergie du vide qu'il utilise contre un ennemi ici non identifié est très particulière. Quelque peu vaporeuse, elle s'oppose elle-même aux effets plus numériques du déplacement du champion, caractérisé par ces petites croix que l'on peut voir s'afficher sur le sol de la Faille in-game, et ici flottant autour du champion.
Si League of Legends devait devenir une licence cinématographique, cette illustration pourrait en être un des posters publicitaires. Bien que manquant de ce petit caractère photographique, notamment par les traces de brosse ou de pinceau numérique qui trahit la nature même de dessin (ou de peinture numérique) de l'œuvre, le jeu de lumière nous dépeint ici un Kassadin des plus honnêtes, jeu de lumière d'autant plus important que nous avons ici un portrait en noir et blanc, avec pour seule autre vraie touche de couleur du violet. C'est cette couleur, qui oscille entre chaud et froid, qui attire notre regard, au centre (approximatif) de l'image, sur la Lame de Kassadin, et qui nous entraîne ensuite vers la partie supérieure du dessin, plus claire, mais aussi plus contrastée. Le visage globalement sombre du champion, surtout mis en rapport avec le fond brumeux blanc, avec l'impression qu'un rayon de lumière descend spécifiquement sur notre chasseur, est relevé d'une trace de violet, au niveau des yeux. Plus l'on descend notre regard vers le bas du dessin, plus l'on se plonge dans le noir, et peut-être le Néant. C'est en tout cas sur ce fond noir, où le costume de Kassadin se dissout en une masse indéfinie, que le nom du jeu est fièrement inscrit, d'un blanc d'autant plus pur que le contraste est grand.
On aime : la sincérité des coups de brosse, qui souligne cependant l'habileté de l'artiste (prénommé wacalac et que l'on peut notamment retrouver sur Deviantart dans une série complète du même genre) sur une œuvre relativement simple du point de vue de la composition ; le minimalisme dans les couleurs, qui met particulièrement en valeur la Lame et les yeux de notre champion ; l'efficacité de l'ensemble, qui souligne le caractère imposant du personnage, et la peur qu'il nourrit en nous.
Je m'attarderai quelques instants de plus sur les interprétations en nuances de gris de notre champion pour me tourner vers kleptoman9012, qui exploite souvent cette gamme chromatique dans ces portraits et études de personnages.
L'œuvre se concentre exclusivement sur le visage - ou ce qu'on en devine - de Kassadin ainsi que sur sa Lame, ici mise en valeur non pas par une pointe de couleur, mais par son extrême blancheur. Cette lame est particulièrement brumeuse et inconsistante, et laisse voir au travers la main de Kassadin. Le masque semble particulièrement sinistre, les yeux n'étant désormais que deux globes blancs qui semblent nous fixer, le reste du champion se fondant dans le noir du décor. Le champion perd ici le peu d'humanité que l'on pouvait encore lui accorder - à l'exception de cette main - puisqu'il n'est désormais que tuyaux et armures. À ne pas croiser au détour d'un buisson tard le soir.
Eh bien non, je n'en ai hélas pour vous par encore fini avec le gris et tous ses dégradés, puisque je tenais à m'arrêter un peu sur cette image que nous propose Original-fyah-pen sur Deviantart (et dont la recherche en termes de contraste est le prétexte à quelques chouettes illustrations de champions de LoL).
Là encore, je tenterai d'être relativement brève en soulignant le fort contraste dont Kassadin fait ici l'objet, complètement noir, à l'exception de ses yeux et de quelques détails de son attirail, sur un fond gris qui n'est par ailleurs pas uni, et qui n'est pas sans rappeler le motif, simplifié, de la Voie lactée. Le contraste est d'autant plus fort que les contours du champion semblent bien définis, et que sa Lame, particulièrement blanche, et beaucoup plus irrégulière, nous amène à un fond indéfini, et à cet orbe, blanc, si lumineux. La zone noire d'où semble venir Kassadin n'est pas sans rappeler son ultime mais aussi les trous noirs (d'où le nom de l'œuvre), synonyme du néant tel que nous le connaissons (ou pas, justement) dans notre univers. Le champion n'est peut-être pas aussi effrayant que dans d'autres mises en scène, mais celle-ci me semble plutôt intéressante.
Et pour en terminer avec Kassadin, et cette spirale infernale du noir et du blanc, je voulais simplement vous soumettre cette petite illustration, que l'on doit à SHininMysticice, dont la page Deviantart regorge d'interprétations intéressantes de champions et héros de différents univers.
Jouant sur la vision partagée avec d'autres artistes d'une ressemblance entre Kassadin et Dark Vador, il nous est proposé ici une révélation qui va en choquer plus d'un. On aime : l'humour de la chose, mais aussi la qualité du dessin, puisque Kassadin est ici tout à fait convainquant (quoique pas effrayant pour un sou) et que le coup de crayon blanc, qui nous offre ces contours parfois flous, et ces contrastes de lumière et d'ombre, est particulièrement habile est intelligent. Un peu de rouge, bien que diffus, vient rehausser le tout, pour un dessin qui fait sourire.