Dans la rédaction de Millenium, on sait qu'il y a des choses qu'il faut éviter. Entre autre, me laisser jouer à Hearthstone dans les bureaux. En effet, je fais partie d'une catégorie de gens qui a besoin de partager de façon expressive le fait qu'il n'a pas aimé perdre. Au début, je pensais que j'étais un cas isolé et que des années à prendre des bad beats au poker (même si je sais que ce n'était pas la faute de Winamax ou des croupiers) m'avaient définitivement abimé, que j'avais perdu toute objectivité, que j'avais sombré dans le côté obscur de la force. La peur mène à la colère, la colère mène à la haine et la haine... ben, ça n'a jamais mené aux légendaires !... en tout cas chez Blizzard.
Et puis à force d'échanger avec les autres joueurs de la GH, débutants ou pas, petit à petit tous ont admis que ce jeu avait vraiment quelque chose capable de rendre fou très rapidement. Oui, Hearthstone est énervant, frustrant, horripilant, écœurant... et pourtant, dès que je perds, je relance en me disant "quel jeu de m..., codé avec les pieds par des paltoquets qui n'ont aucune notion de hasard ou d'équilibrage", ... mais au final, je relance une partie. Et de me demander quelle est cette force qui nous pousse à recliquer sur "jouer" après avoir été déçu par le jeu au point de laisser échapper des cris gutturaux primaires ou de parler en mal des mamans des gens qui ont programmés le tirage des cartes.
C'est d'autant plus surprenant qu'en tant que joueur de poker, j'ai l'habitude de cacher mes émotions (la fameuse poker face) et de ne surtout pas m’énerver et "tilter", c'est à dire perdre mes moyens suite à un mauvais coup. J'ai donc cherché à voir qui était comme moi et comment exploiter cela.
Pas plus tard que hier, un ami m'a avoué avoir hésité à désinstaller Hearthstone suite à une série de défaite sur le jeu. Je l'ai immédiatement félicité d'avoir ainsi cédé au côté obscur et proposé de le prendre en tant qu'apprenti pour que lui aussi puisse exprimer sa haine, sa rage et ainsi devenir plus fort. Enfin, c'est ce que j'essaye de croire. Je sais que Torlk marche comme ça, et au final, ça n'a pas l'air si mal.
C'est une question récurrente qui arrive ici : un jeu qui frustre est il un bon jeu ? Sans oublier ce qui en découle : doit-on interdire aux gens qui ont cédé au côté obscur de jouer en communauté ? Je suis allé voir Yoda et je lui ai posé cette question pleine de pertinence : pourquoi tout le monde a des légendaires sauf moi ? Je ne vous cache pas que sa réponse m'a semblé pleine de mystères.
Bref, la frustration crée-t-elle quelque part le plaisir ? Notez que j'ai employé le mot frustration et non pas difficulté. Car jouer à un jeu difficile et le gagner est très valorisant, alors que réfléchir avec concentration à un deck, évaluer les courbes de mana, les cas de figures sur lesquels on peut tomber car à la mode ou dangereux et finalement perdre contre un deck pourri juste parce qu'on s'est fait troll par un tirage irréel des cartes (genre vous re-piochez immédiatement les cartes que vous aviez changé en début de partie), et bien c'est frustrant !
Plutôt que d'essayer maladroitement de justifier mes défaites, je vous propose plutôt un classement personnel des choses sur hearthstone qui font basculer dans le côté obscur. Si vous aussi, vous sentez que ces évènements vous marquent et que vous êtes à 2 doigts de jeter votre souris contre le mur quand ça arrive, je vous invite à vous manifester et à me rejoindre dans l'empire du côté obscur, et ensemble nous régnerons sur la galaxie !
1.- tomber contre un deck de joueur sans âme type demo murloc et se faire souiller... encore une fois.
2.- faire un draft arène moche et se prendre un 0-3 ou 1-3
3.- recevoir 3 cartes de bases au cout en mana élevé, les changer et en repiocher du même acabit soit en remplacement, soit tout de suite après (tours 1-2)
4.- jouer en non classée avec le deck du pauvre et tomber sur le joueur qui joue une légendaire (que vous rêveriez d'avoir) à chaque tour.
5.- ouvrir un booster et trouver 4 normales, 1 rare, toutes à désenchanter.... encore une fois
6.- drafter une carte de folie, genre une légendaire, et perdre avant même d'avoir pu la jouer une fois.
7.- piocher vos 2 exemplaires de la carte de votre deck spécialement pas bonne contre un type d'adversaire, et la partie suivante où vous en auriez eu besoin, ne jamais en voir une.
8.- se faire top decker la tête alias, votre adversaire n'a plus une seule carte et pioche LA carte qui le fait gagner, et il vous lance un "bien joué" des bois.
9.- voir ses amis obtenir des (bonnes) légendaires et ne rien avoir.
10.- tomber contre un adversaire qui attend la fin du chrono à chaque tour, même au tour 1.
Et vous, avez-vous cédé au côté obscur ? Quelles sont les choses qui vous rendent fous dans ce jeu?