Depuis quelques semaines, le retour imminent des LCS a laissé place à beaucoup de changements sur la scène eSportive de League of Legends : mercato, transhumance d'une équipe européenne vers les États-Unis, mais aussi et surtout des changements de noms de teams amateurs nouvellement arrivées dans le championnat professionnel et même l'arrivée d'une Ligue estampillée du nom de la marque la plus célèbre de cola sans sucre du monde. C'est donc le défilé des marques depuis quelques jours et chacun tente de se faire sa place dans le monde grandissant de l'eSport. Tout tient en un mot : Sponsoring.
Asseyez-vous confortablement, on commence !
C'est quoi que le sponsoring exactement en fait ?
Il s'agit tout simplement d'une entreprise ou d'une marque qui soutient un joueur, une équipe ou un jeu dans le but d'obtenir un retour sur investissement. Cette aide peut se caractériser de différentes façons : matériel, paiements des frais de déplacement, salaires... Il se distingue du mécénat qui lui n'a aucun but lucratif.
Le sponsor, lui, espère en retour des retombées en termes de publicité et de visibilité, afin de se faire connaître du plus grand nombre. Plus l'entité sponsorisée est connue, plus les chances de retours sur investissement sont donc élevées. Et contrairement à ce que certains d'entre vous pourraient penser, ce ne sont pas les sponsors qui se bousculent au portillon des joueurs ou des équipes (sauf bien sûr les équipes LCS et les joueurs ou streamers très mainstreams), mais plutôt une tendance inverse. Les départements « sponsoring » des marques sont en général complètement surchargés de demandes, et les places sont (très) chères.
Et oui, les bureaux s'occupant des sponsorings doivent ressembler à ça parfois
Encore une fois, l'eSport suit le modèle de son papa, le sport « classique » et reproduit les standards que l'on peut voir dans le football (naming, sponsoring de marques d'habillement, de boissons énergisantes...). Il se pourrait qu'il subisse dans les mois qui viennent les mêmes dérives : hausse des contrats à des prix exorbitants, dépendance vis-à-vis des commanditaires, surpublicité... Certains sports comme le football américain en NFL et le basket (NBA) ont même été jusqu'à changer les règles du sport afin de pouvoir envoyer plus de spots de publicité. Les jeux olympiques eux-mêmes, financés en grande partie par des marques, sont le théâtre de nombreuses infamies : pendant les jeux de Londres, un spectateur portant un t-shirt Pepsi se serait vu refuser l'entrée de l'enceinte. La raison : le partenaire officiel était Coca-Cola.
Riot and co
La transition est toute faite ! Vous ne l'avez certainement pas manqué, car vous êtes avides de news et de lecture, mais la Ligue Challenger de League of Legends, sorte de « Division 2 » européenne et américaine des LCS, a été officiellement créée et nommée Coke Challenger League, nom anglais de la marque plus connue sous le nom Coca-Cola dans nos frigos français. Riot Games s'est même félicité du fait que ce soit la marque qui soit venue vers eux pour devenir partenaire. C'est ce qu'on appelle un contrat de « naming », courant dans le marché du sport pour nommer des compétitions ou des stades avec le nom de la marque commanditaire. Le nouveau stade de football du Mans, financé en partie par MMA, s'est vu donné son nom : la MMArena.
La MMArena, nouveau stade de football du Mans
Coke Zero n'est d'ailleurs pas le seul sponsor officiel de Riot Games sur League of Legends : l'éditeur américain peut aussi compter sur les soutiens financiers et matériels d'American Express, Nissan, Samsung et d'une marque de pizzas américaine, Papa John's. Beaucoup de sponsors prestigieux qui ont donc frappé à la porte du géant actuel de l'eSport, attirés par la manne énorme de publicité possible. Pour rappel, la finale du championnat du monde de la saison 3 entre SK Telecom T1 et Royal Club a rassemblé 8,5 millions de spectateurs en instantané au plus fort de la finale et 32 millions sur toute la soirée. De quoi faire saliver n'importe quelle enseigne en mal de visibilité ou en quête d'encore plus de célébrité.
L'année passée, il ne semble pas que le spectateur ou le viewer lambda (pas le psycho-rigide publicitophobe) ait été ennuyé par un souci quelconque de l'une des dérives citées un peu plus haut, mais cela sera-t-il de même en 2014 ? Riot n'obligera-t-il pas un jour les deux équipes à s'interrompre pendant une game à la 20e minute pour passer un spot pour la boisson énergétique Monster Pink Lemonade ?
Miam
Sponsorisetateam.com
Les derniers jours avant les LCS on vu deux équipes changer de noms. Kiedyś Miałem Team est devenue Roccat et les joueurs d'Alternate, lâchés par leur sponsor, ont établi un partenariat avec Millenium. Sans révéler les termes des deux contrats, le tout venant peut largement imaginer que le sponsor échange des appuis financiers (salaire, paiement des frais de déplacement...) contre une visibilité énorme dans le plus grand championnat professionnel eSport de son continent. En plus de l'apport pécuniaire, Roccat et Millenium apportent leur savoir-faire dans leurs domaines respectifs : si Roccat fournit du matériel pour en faire la promotion, Millenium cherche à accompagner et à encadrer une équipe professionnelle eSportive déjà formée auparavant et leur offre une couverture médiatique supplémentaire.
Pour l'heure, ces sponsorings se sont révélés plus ou moins fructueux et respectueux des joueurs, et chaque marque a sa manière de fonctionner et de raisonner. Mais quelques sports sont dominés, voire pollués par le naming et le sponsoring d'équipes. Le premier venant à l'esprit sera pour beaucoup la Formule 1, l'un des sports automobiles les plus suivis du monde. Ici, la nationalité compte bien peu, c'est bien les écuries, sponsorisées par des marques (automobiles ou non) qui retirent les bénéfices des victoires. Le modèle de naming sur League of Legends y ressemble un peu dans l'esprit, dans une version un peu moins stable et forcément avec des enjeux financiers bien moindres. Les revenus des pilotes de Formule 1 n'ont en effet rien à voir avec ceux de nos prolétaires de joueurs professionnels de League of Legends. La NASCAR ressemble aussi à ce modèle, avec ses pilotes bariolés et recouverts de marques d'huile de vidange ou de pneu de la tête au pied. Je sais ce que vous allez me dire : les maillots actuels des joueurs LoL comportent pas mal de marques ! Mais ce n'est rien à côté d'un pilote NASCAR, je vous l'assure. Mais si une marque décide de se retirer par manque de gains, le pilote est au chômage...
Riot PLZ
Voici ce qui pourrait attendre League of Legends en 2014 si l'on ne fait pas attention. La renommée de l'eSport explose et les grandes marques flairent la bonne affaire, espérons que Riot et les autres éditeurs ne reproduiront pas les modèles de leurs aînés pour garder le cap sans subir les dérives actuelles connues dans le sport.
Allez, petit fun fact pour terminer... Devinez du tac au tac combien de sponsors ont les Fnatic à l'heure actuelle ? Allez maintenant regarder sur Wikipedia et comparez avec vos prédictions. Alors, surpris ?
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