Nidhogg : Le Test
Les yeux alourdis par la fatigue et accessoirement par les sept heures de jeu intensif que votre serviteur vient de passer devant son écran, je n'ai pourtant qu'une seule envie : relancer une partie de Nidhogg et embrocher du pendard !
Genre : Combat / Autres
Développeur : Messhof
Editeur : Messhof
Support : PC
Prix : 13,99€
PEGI : Tout public
Nidhogg : trailer
Rupture d'estoc
Nidhogg fait partie de cette catégorie de jeux très sélect' des « on ne m'a pas vu venir ». En effet, je dois bien avouer qu'avant-hier, l'ignare que je suis n'avait jamais entendu parler de ce titre à l’esthétique peu commune. Puis en farfouillant sur le web, je me suis rendu compte qu'il y avait un véritable engouement autour de ce titre qui avait d'ailleurs reçu plusieurs récompenses lors de salons prestigieux consacrés aux indépendants : prix du meilleur game-design à l'indiecade 2013, plusieurs fois dans les finalistes de l'IGF l GDC... Nidhogg, Tu commences sérieusement à me chatouiller les sens !
Le titre de Messhof est un jeu très orienté multijoueurs, où deux escrimeurs s'affrontent dans des arènes ressemblant à de petits stages de jeux de plateforme. Échaudé par l'originalité du concept et de la hype autour de cet Objet Vidéoludique Non Identifié, me voici face à l'écran-titre d'un jeu qui ne me disait rien une heure auparavant. Petit tour dans la sélection de modes : solo, multijoueurs, tournoi, « How to Play », options... Rien de bien surprenant. Commençons par le commencement et voyons comment se goupille l'escrime virtuelle.
Petite précision avant de commencer : je décrirai ici les commandes d'une manette Xbox 360, le jeu est aussi jouable au clavier, mais ce n'est clairement pas conseillé. Déjà, premier choc : notre personnage court très vite ! Assez surprenant les premières minutes, on s'habitue rapidement à cette course chevronnée et on commence à découvrir les autres commandes : A pour sauter, X pour l'estoc, A + X pour une attaque sautée, se baisser + X pour une balayette, positionnement de la main armée orientable avec le stick gauche ou encore un lancer de fleuret réalisable en poussant le stick vers le haut et X : les actions réalisables sont variées et le tout se prend en main très rapidement.
Cependant, il serait malvenu de considérer le gameplay de Nidhogg comme simpliste puisque des techniques avancées pourraient bien vous sauter à la figure au bout de quelques parties, comme le désarmement ou les pirouettes d'esquive. Une jouabilité précise qui fait plaisir d'autant que les animations de nos bonshommes hauts de dix pixels sont très bien décomposées, rappelant le procédé utilisé pour un certain Prince of Persia.
Attrape-moi si tu peux !
Ragaillardi par la maîtrise de notre personnage dans le mode entrainement, le temps est venu de se lancer dans nos premiers combats dignes des meilleurs films de cape et d'épée, sans la cape. Le mode solo ne propose au départ qu'un mode « Éliminez-les tous » qui vous fera rencontrer une grosse série d'adversaires divisés dans les quatre arènes du jeu. Premier combat : l'intelligence artificielle s'approche fleuret en avant, et lance la première estocade... Je ne m'étais vraisemblablement pas assez entraîné.
Mon cadavre gisant sur le sol, l'adversaire peut alors traverser la salle dans laquelle nous nous battions et ainsi s'approcher de son objectif : la victoire dans Nidhogg s'obtient en atteignant la fin d'un niveau (situé à gauche pour le joueur de droite et inversement pour le joueur de gauche) où les ennemis ne sont autres que des répliques contrôlées par le joueur. Ainsi, chaque victoire permet au vainqueur de fuir, la technique de fourbasse consistant à fuir un maximum de combats en esquivant son adversaire et se précipiter vers l'écran suivant. Les arènes ont toutes leurs spécificités et pièges à éviter ou à tourner à son avantage lors des duels, sans conteste un des gros points forts de Nidhogg.
Seul, le jeu montre vite ses limites, mais en multi... Vous risquez de très vite devenir accro, particulièrement en local où le jeu se révèle tout simplement diabolique, jouable à deux sur le même clavier ou par l'intermédiaire de deux manettes. Là pas de quartier, on oublie toute notion d'amitié, c'est la foire aux coups bas et aux actions désespérées et donc par extension, aux fous rires.
Enchaînant les parties, quelques défauts approchent tout doucement à l'horizon : le jeu ne contient pas assez d'arènes (quatre) et certains écrans gênent la lisibilité de l'action en rendant par exemple votre fleuret invisible à cause d'arrière-plans de la même couleur. Qu'à cela ne tienne, dans la pratique, Nidhogg est un véritable petit bijou d'innovation et de gameplay, pour de bonnes tranches de rigolade entre amis ou contre des inconnus, le jeu étant suffisamment technique pour être joué de manière plus « sérieuse ».
La caution artistique
Le pixel-art est tendance, c'est un fait. Toutefois, cela n'excuse pas tout et il faut bien avouer que malgré son côté décalé, Nidhogg est pas bien jojo... je dirai même plus franchement moche ! Alors certes c'est « arty », ça change, c'est rétro et osé... Mais ça agresse l'oeil aussi.
Encore si c'était rattrapé par une partie sonore de qualité, mais même pas : la bande-son du jeu, évolutive selon les situations présentes à l'écran, enchaîne les mélodies s'oubliant en dix minutes chrono. Dommage, car même si l'on se fiche de la technique d'un jeu, là c'est tellement criard qu'il est usant de voir et revoir des décors à l'aspect « sale », ça ne donne pas envie d'y retourner. Carton noir pour la direction artistique de Nidhogg !
En conclusion
Nidhogg est une de ces petites perles indépendantes qui ne marqueront sans doute pas leur époque, mais qui montrent qu'il reste encore de la place dans le jeu vidéo pour des concepts frais et novateurs. Inutile en solo et exaltant en multi, le jeu de Messhof risque fort de frapper en plein cœur des amateurs de fourberies et autres coups salaces. À se procurer de préférence par pack de deux !
Les plus et les moins | |||
Excellent en multijoueurs |
Chiche en contenu |
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Un gameplay bien huilé | Direction artistique décevante |
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le level design des arènes finement construits | Un peu cher |