Vous l'aurez donc compris, la magie de Noël nous berce maintenant depuis quelques jours, et si le père Noël (ou le père Gragas, en fonction des croyances) est déjà passé, il n'est pas trop tard pour partager de doux moments autour du feu. Période de nostalgie et de commémorations, si certains préfèrent se narrer encore et encore la venue au monde d'un petit enfant finalement si semblable aux autres, d'autres préféreront se partager d'ancestrales légendes que la communauté aurait vite fait d'oublier. Et comme je me sens moi aussi d'humeur nostalgique et commémorative, je vous conterai aujourd'hui cette histoire qui marqua mon entrée dans la League. Je vais donc extérioriser mes démons, comme les hommes médiévaux le firent, puisqu'on les retrouve désormais sous la forme de gargouilles à l'extérieur des cathédrales. Cela tombe bien, mon histoire est justement celle d'une gargouille.
Galio, une « statu quo » - par LuluDubYou
La légende veut qu'un ange gardien veille constamment sur vous. Ce serait lui que vous nourririez lorsque vous lancez du sel au dessus de votre épaule gauche, pour les plus superstitieux d'entre vous (et pourquoi pas des croquettes pour furet, pendant qu'on y est !). Ne vous étonnez donc pas, lorsque vous déambulerez dans les rues de Demacia, de sentir sur vous le regard du protecteur derrière le moindre de vos pas. Ses êtres qui ne connaissent jamais le repos ne veulent que votre bien, et la vie leur a été offerte à ce prix. Et c'est bien de sa vie que le créateur de ces gardiens de l'ombre va payer la défense de sa cité.
Un artisan s'était en effet fait connaître, sans doute un peu trop, pour ses avancées dans le domaine de la vie artificielle. Comme tout être de ce monde, Durand, tel était son nom, convoitait le pouvoir de don de la vie, et ses créatures étaient réputées pour ce souffle vital qu'avait su distiller en elles notre mage. La noblesse d'esprit n'étant malheureusement pas une qualité assurant une bonne survie dans un monde en guerre, Noxus n'apprécia guère ces recherches destinées à protéger la cité-État de Démacia de ses attaques. Durand créa donc d'un souffle deux camps opposés : des alliés en la nature de ses golems, et des ennemis, qu'il n'allait pas tarder à connaître.
Parmi les nombreuses créations pour lesquelles Demacia devait se montrer reconnaissante envers Durand, il en était une que jamais celui-ci se refusa à laisser partir au nom de sa patrie. Ce golem, du doux nom de Galio, il la garda auprès de lui, pour assurer une protection plus que nécessaire en des heures troubles, plus qu'il ne l'imaginait. Dans l'obscurité de son atelier (ou que sais-je, dans la lumière stérile et éblouissante de celui-ci), il mit en œuvre ce talent qui lui valait une renommée fatale pour créer SON protecteur personnel, celui qui donnerait sa vie pour défendre la sienne. De pierre et de fer, il forgea ce qui reste encore de nos jours sa plus belle œuvre, et donna vie à une gargouille aussi fidèle qu'effrayante, aussi bienveillante que létale.
Il faut reconnaître que Durand avait su atteindre le summum de son talent par cette création qu'il avait réfléchie dans les moindres détails. Par l'alliance du minéral et du métal, l'artisan octroya une résistance hors du commun à sa gargouille, dont la Peau runique assure la solidité. Cette résistance à l'épreuve de la magie, fort courante en ce temps là, en l'absence de toute régulation, était aussi source de puissance pour notre monstre. Mais la fonction principale et la raison d'exister et de l'existence de Galio reste la protection de l'autre : Durand lui accorda donc cette capacité via un Pavois, permettant à son golem d'offrir davantage de protection à l'individu qu'il accompagne, par l'augmentation de son armure et de sa résistance magique, et dont les dégâts absorbés servaient à régénérer Galio. Mais la meilleure défense reste l'attaque, et Galio ne pouvait donc se contenter de protéger passivement son élu. Durand pourvut donc à cet effet son golem d'outils lui permettant de combattre efficacement tout ennemi. Par le souffle qui lui avait été vital, notre gargouille pourrait désormais blesser l'ennemi. Cette rafale dévastatrice viendrait par ailleurs aider les alliés de Demacia en leur permettant de le suivre plus rapidement pour mieux s'en prendre à l'attaquant. Mais l'artisan accorda aussi une valeur inestimable à sa créature, à savoir la détermination, qui se révéla être une de ses forces les plus destructrices. Par son regard, Galio pouvait blesser et ralentir l'ennemi dans sa fuite. Cette Frappe résolue, des plus explosives, venait compléter la dernière, et sans doute la caractéristique majeure de notre gargouille : sa fidélité. L'idolâtrie de Galio à l'égard de son créateur était telle qu'il pouvait subir les attaques des ennemis lorsqu'il prenait la forme d'une statue, et libérer l'énergie emmagasinée par ses différentes attaques pour blesser voire tuer les ennemis qui n'auraient pas su ou eu la bonne idée de fuir.
Ainsi fut né le plus grand défenseur dont pouvait rêver Durand. Mais nul n'est invulnérable, et bien que proche de la perfection, sa créature ne put vaincre tous les démons que rencontra le créateur. L'histoire le démontrera, et Durant l'apprit au prix de sa vie, puisque Galio ne parvint pas à le défendre. Bien que supérieure à d'autres, notre gargouille ne sera pas de poids face à l'assaut des assassins toxines qui attendront Durand au détour d'un bosquet des Marais hurlants. Ni sa Peau, ni sa résolution ni son idolâtrie ne permettront au golem de venir à bout des agresseurs, ceux-ci repartant trop vite, ne laissant que le corps sans vie de l'artisan et le golem sans raison d'être. Celui-ci, pétrifié, ne put se résoudre à quitter les restes de son maître, et telle la statue qu'il avait appris à être, il demeura impassible au temps et aux saisons. Ne lui parlez pas de cerises ou d'arbres en fleurs. Tout comme le corps de son maître, la nature périt et pourrit avant de renaître, et si la blancheur des os de Durand, que la nature a pris soin de nettoyer au fil des années, ont remplacé l'image de l'artisan dans son établi, l'odeur de pourriture persiste au gré de sa longue pénitence. Mais son regard, tantôt meurtrier, désormais vide, se détourna un jour du souvenir de son créateur pour se poser sur le visage tout aussi marqué par un passé trop lourd d'une Yordle, dont il ne découvrira qu'elle porte le nom de Poppy que plus tard. Cet instant si infime dans son égarement intemporel le sortit de sa torpeur, et ce fut donc pour la League qu'il se donnait désormais corps et âme.
Galiollipoppy - par kukon
