Chaque semaine, vous trouverez ici une fanfiction qui vous permettra d'en apprendre plus sur les aventures des champions de la League of legends. Cette semaine, place au deuxième chapitre de notre nouvelle saga.
Shyvana The half-dragon Wallpaper par Casuss
Jarvan observait avec insistance la jeune créature agenouillée face à lui. Ils étaient tous assis, Shyvana, lui et ses troupes, autour d'un feu de camp, qui se faisait vif et impétueux lorsque des rafales de vent venaient se mêler aux flammes.
Il regardait Shyvana sans pour autant la voir nettement au travers du brasier, mais l'image qui s'offrait à lui le fascinait. Elle s'était approchée jusqu'à être au plus près de la lumière incandescente, tandis que ses yeux semblaient perdus dans une infinie tristesse.
Lorsque parfois, par-delà les flammes, son regard croisait celui du prince, Shyvana était prise d'une honte soudaine, et elle baissait la tête, sans pouvoir toutefois expliquer le malaise qui gagnait son cœur. Elle remuait alors maladroitement, comme pour tenter de se cacher en suivant le mouvement sauvage et imprévisible du feu. La jeune femme couvrait doucement ses écailles sous une couverture, fuyant le regard du prince, comme elle avait fui toute sa vie le regard horrifié des hommes.
De leur côté, les soldats discutaient entre eux, et leurs voix formaient un léger écho aux oreilles des deux individus. L'un comme l'autre semblaient se découvrir et se deviner par un jeu de regards, oscillant entre gêne et curiosité.
Lorsque Shyvana discerna petit à petit un léger sourire se former sur le visage de Jarvan, elle tressaillit, surprise d'une telle intention à son égard. Elle se releva alors brusquement, sans mot dire, tandis qu'autour d'elle, les soldats s'étaient préparés à s'emparer de leurs armes. Ce revirement soudain avait brisé la quiétude du soir, et un silence lourd et oppressant s'installa subitement. D'un geste sûr et discret, Jarvan signifia à ses hommes de baisser la garde. Il était le seul à n'avoir pas sursauté lorsque Shyvana s'était subitement redressée, et elle constata avec émoi que son regard n'avait changé. Il y avait toujours cette bienveillance et cette confiance rassurante, empreinte de naïveté. La jeune femme se retourna alors, et partit s'isoler à quelques dizaines de mètres du campement.
Shyvana par Amylrun
Il n'avait fallu à Shyvana que quelques heures pour voir sa vie métamorphosée comme jamais. Entre le lever et le coucher du soleil, la jeune créature avait affronté l'exil, la solitude et la mort, et ce soir-là, contre toute attente, subsistait le sourire confiant de Jarvan. Elle ne parvenait pas à déterminer les sentiments qui agitaient son âme, mais ce manège infernal d'émotions combattait avec force en elle.
Shyvana avançait lentement, épuisée, vacillante, et irréelle. Elle sentait le sol se dérouler sous chacun de ses pas et c'est en arrivant auprès d'un arbre immense que Shyvana s'allongea, jusqu'à sentir son corps ne faire qu'un avec le doux tapis de verdure. La terre était froide, et l'humidité perlait dans l'herbe et sur les fleurs environnantes. Lorsque Shyvana sentit ces gouttes tomber de manière éparse sur elle, elle frissonna et se recroquevilla en fermant les yeux, en essayant de se perdre dans la douceur calme et paisible du soir.
Malheureusement pour elle, sa condition particulière faisait qu'elle avait une ouïe des plus fines et malgré la distance, Shyvana pouvait encore entendre les hommes de Jarvan alors qu'ils riaient, buvaient et mangeait. Son absence semblait avoir fait retomber toute tension, et il ne fallut que quelques minutes pour que la conversation des soldats s'oriente sur elle.
Shyvana ne souhaitait pas l'entendre, mais elle semblait incapable de se relever à nouveau pour s'éloigner un peu plus, blottie dans son lit d'herbes, affaiblie et vulnérable. Les mots des soldats vinrent alors se perdre jusqu'à elle, et comme à l'ordinaire, ces paroles étaient faites de crainte et de mépris. Elle entendit qu'on parlait d'elle comme d'une monstruosité, d'une erreur de la nature, tandis que d'autres mettaient en avant le caractère sauvage et dangereux de la jeune femme. Malgré la cruauté de ces propos, Shyvana ne sembla pas troublée, et finalement, elle constata avec froideur que ces mots étaient d'une grande justesse. Rien ne l'empêchait de se relever et d'aller massacrer ces hommes sur le champ, si tel était son désir. Mais Shyvana n'en fit rien, et lorsqu'elle entendit Jarvan répondre inlassablement à chacune de ces attaques, elle se laissa bercer par ses paroles. C'était une mélodie douce et jusqu'alors inconnue qui résonnait à ses oreilles, et en sombrant peu à peu dans les méandres du sommeil, Shyvana se demanda comment elle avait pu inspirer la confiance à un homme de ce rang et de cette condition.
C'est à l'issue de cauchemars terribles et incessants que Shyvana se réveilla, haletante et paniquée. La nuit était encore sombre et alors qu'elle recouvrait ses esprits, elle vit Jarvan, assoupi paisiblement contre un arbre, à quelques mètres d'elle. Elle se releva, et s'approcha alors doucement de lui avec une prudence déconcertante. La terre semblait épouser parfaitement le moindre de ses mouvements, et c'est sans un bruit que la jeune femme s'agenouilla devant Jarvan. En baissant ses yeux vers ses affaires, Shyvana aperçut un carnet posé au sol. Elle s'en empara avec douceur, avant de s'éloigner à nouveau vers l'arbre auprès duquel elle s'était endormie.
La jeune femme passa la main sur la couverture cuivrée du recueil avant de l'ouvrir avec minutie. Au bout de quelques minutes Shyvana se perdit dans la lecture de chacune des pages qui composaient l'ouvrage. Elle détailla avec soin les nombreux croquis qui y étaient dessinés, et elle lu avec avidité chaque témoignage inscrit sur le carnet. Jarvan y parlait de sa terre natale, de sa belle Demacia dont il ne tarissait pas d'éloge. La cité semblait rayonnante et calme, et Shyvana envia un instant la situation du prince. Il était aussi question de voyages et d'explorations et elle se perdit dans les descriptions magnifiques de terres dont elle ignorait, pour certaines, l'existence. Elle répétait doucement chacun des noms de ces territoires, comme pour y pénétrer rien qu'en les prononçant.
« Freljord... Noxus... Shurima... »
Arrivée dans les dernières pages du recueil, Shyvana prit connaissance du but du voyage actuel de Jarvan. Il parlait d'un sombre territoire au delà des mers, et de créatures démoniaques, dont les agissements avaient troublé la quiétude de Demacia. Elle y trouva des missives, des feuillets, ou encore des dessins de personnages abominables. Ce lieu semblait être une énigme pour la cité de Demacia, et les sombres témoignages qui évoquaient cet endroit le rendaient terrifiant et mystérieux.
« Les îles obscures... »
Au fur et à mesure qu'elle dévorait les récits du prince, Shyvana put lire la peur qu'il avait de décevoir les siens, et sa volonté inflexible de vouer sa vie à Demacia et à la dynastie Lighshield. Chaque ligne de texte était empreinte de bravoure et de vertu, et en repensant à son existence misérable, Shyvana resta perplexe quant aux raisons de la sympathie de Jarvan.
Qu'avait-elle de si particulier pour qu'il décide ainsi de la protéger, et de lui proposer de poursuivre sa route avec lui ?
Le prince semblait tellement sûr de lui, et Shyvana se demanda si elle connaîtrait un jour les raisons de ces choix. C'est alors au détour d'une page que la jeune femme découvrit avec stupeur un croquis d'elle-même. Le trait de crayon était fin et léger, mais il détaillait avec grand soin la physionomie de la jeune créature. Elle était représentée assise auprès du feu alors que des flammes brouillaient son visage. Shyvana reconnut la scène du repas, et pour la première fois de sa vie, elle parvint à trouver en ces lignes une certaine forme de beauté. Elle regarda le croquis pendant de longs instants, jusqu'à s'assoupir à nouveau, dans un sommeil cette fois calme et insouciant.