Chaque semaine, vous trouverez ici une fanfiction qui vous permettra d'en apprendre plus sur les aventures des champions de la League of Legends. Cette semaine, place au quatrième chapitre de notre nouvelle saga.
Le piège qui s'était refermé sur la troupe de Jarvan semblait inéluctable.
Les soldats étaient maintenant en proie aux morsures incessantes de centaines d'arachnides, véloces et voraces. Alors qu'elle recouvrait ses esprits, Shyvana sentit rutiler autour d'elle quelques flammes vaporeuses qui vinrent bientôt consumer le cocon dont elle était prisonnière. Après s'être débattue habilement, la jeune femme se dirigea avec prudence vers Jarvan, tout en prenant soin d'observer la scène qui se déroulait derrière elle.
Les cris des soldats formaient un tumulte assourdissant, tandis qu'ils succombaient un par un aux assauts des créatures. La grotte se transforma peu à peu en un tombeau de supplice, fait d'un amas d'os et de sang. Une odeur capiteuse se dégageait de là, comme un subtil mélange de terreur et de puanteur éventée.
Shyvana balaya à plusieurs reprises du revers de sa main les araignées sur sa route, tout en libérant le prince. Une fois cela fait, Jarvan se précipita vers les quelques soldats encore prisonniers à ses côtés. Shyvana s'essoufflait et elle supplia bientôt Jarvan de fuir, tant qu'ils le pouvaient encore. Les hurlements des hommes se distillaient au fur et à mesure que ces derniers mourraient, et c'est alors qu'Elise tourna la tête vers eux. Sa bouche entrouverte laissa transparaître de fins filets de sang, et la démence s'invita dans son regard. Alors que Shyvana, Jarvan et trois de ses hommes se précipitaient vers la sortie de la grotte, Elise leur lança un ultime cri, déchirant, lancinant, et pendant quelques secondes, Jarvan crut distinguer un sourire sur le visage de la créature.
C'était un sourire mécanique et sournois, annonciateur des peurs et des douleurs à venir, comme un avertissement sans appel.
Les comparses coururent durant de longues minutes, jusqu'à perdre haleine.
En sortant de la grotte, ils n'avaient pu que constater avec terreur que le chemin qui les avait menés jusqu'ici s'était refermé derrière eux. Ils étaient maintenant dominés par leurs instincts les plus rudimentaires, comme une course effrénée qui les guidait malgré eux au travers de la forêt. Tout était menace et danger ; l'obscurité la plus sombre s'abattit rapidement sur les fugitifs, comme une nuit sans étoiles, comme les instants les plus sombres avant que l'aube ne se lève. Il n'y avait rien d'autre que des souffles haletants et paniqués, hurlant à la vie et s'y accrochant comme à une relique inestimable. Au fur et à mesure que la nuit se clairsemait, les rayons lunaires vinrent éclairer avec douceur et complicité les dernières secondes de leur fuite. Les trois soldats s'écroulèrent au sol, inspirant l'air glacial par de grandes bouffées affolées tandis que Jarvan et Shyvana s'étaient adossés au tronc d'un arbre centenaire, immense et majestueux.
Leurs corps étaient encore endoloris par l'effort et par les multiples morsures d'araignée, mais au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient, ils pouvaient sentir que les toxines perdaient de leur emprise, et que les effets du poison s'estompaient peu à peu. L'ivresse de la course les avait épuisés et alors qu'une clarté crépusculaire irradiait au travers des branches, les cinq rescapés succombèrent aux foudres lentes du sommeil.
À leur réveil, Jarvan constata avec soulagement que son état s'était considérablement amélioré. Il n'y avait plus maintenant que la légère douleur des plaies frottant contre le tissu ; rien d'irrémédiable. En regardant autour de lui, il constata que tous les autres rescapés s'étaient également réveillés et que le sommeil avait eu les mêmes bienfaits sur eux.
Tous, sauf pour un des leurs, encore allongé sur son tapis de verdure.
Jarvan s'agenouilla près de lui et après l'avoir secoué avec force, il soupira en le voyant rouvrir les yeux. Cet instant de joie fut cependant de courte durée, car en y regardant de plus près, quelque chose avait changé ; des éléments différents, subtils et délicats, comme une chose que l'on ne peut nommer, de peur d'en réaliser la véracité.
Zillah était un homme grand et mince, à l'allure délicate, sans pour autant manquer d'un certain charisme. Mais maintenant, alors qu'il recouvrait péniblement ses esprits, sa peau s'était teintée de reflets cendrés, ses lèvres s'étaient assombries et son souffle court dégageait quelque chose d'inquiétant. Il semblait en proie à une fièvre des plus virulentes et quelques gouttes glacées de sueur parsemaient sa peau marbrée et cristalline. Le poison ne semblait pas avoir disparu, bien au contraire. Zillah était recroquevillé, et lorsque Jarvan posa la main sur lui, il convulsa violemment. Alors que leurs regards se croisaient, Jarvan fut à la fois fasciné et terrifié de voir l'éclat argenté qui voilait le regard du jeune homme. Zillah cédait peu à peu au mal qui rongeait son humanité ; il avait l'air irréel et corrompu, oscillant entre l'effroi et la magnificence.
Zillah entendit murmurer ses compagnons, et certains mots parvinrent à ses oreilles, jusqu'à former des bribes de phrases qu'il tentait de comprendre. Il entendait le rythme rapide dans le discours de Jarvan, le caractère implacable dans la voix de Shyvana, et au détour de tout cela, Zillah comprit qu'il leur fallait regagner le navire au plus vite, afin de quitter cet endroit à la hauteur de toute l'horreur qu'on leur en avait décrite. Jarvan et Shyvana relevèrent alors Zillah, et l'épaulèrent solidement avant d'entamer leur route. Il n'avait qu'à regarder le sol se dérouler sous ses pas chancelants, sans presque porter son propre poids.
Quelques heures plus tard, alors que les cinq survivants poursuivaient tant bien que mal leur chemin, ils arrivèrent au devant d'un lac immense, dont se dégageait une certaine poésie. Tout en ce lieu répondait à des nuances bleutées, et des myriades de lumières vacillaient dans l'air, flottant au gré du vent. L'ambiance irréelle et singulière du lieu semblait absorber toute forme de volonté chez chacun d'entre eux, et c'est bien contre leur gré qu'ils sentirent petit à petit leurs pas se diriger plus profondément dans l'alcôve paisible que formait le lac avec l'orée du bois.
Ils avançaient, malgré eux, dans un mouvement mécanique, comme un vestige de leur individualité passée, et bientôt, en arrivant au bord de l'eau, ils virent une silhouette se dessiner devant eux, évanescente et délicate. La jeune femme marchait aux abords du lac et ne semblait pas avoir conscience de la présence des demaciens auprès d'elle. Tous étaient fascinés par la beauté angélique de l'apparition, flottant presque au dessus de l'eau.
Une telle créature semblait irréelle sur un territoire aussi hostile que celui-ci, et pourtant c'est bien volontiers que Jarvan, Shyvana et leurs comparses s'émerveillèrent face à la magie et à la beauté de l'instant. Était-ce un rêve ? Ils n'auraient pu le dire, à l'exception de Zillah qui, lui, voyait la scène d'un tout autre regard.
La créature apparut à ses yeux comme redoutable et dangereuse. C'était une monstruosité si terrifiante et abjecte que le jeune homme en eut le souffle coupé. Elle l'observait, d'un regard fixe et voilé, tandis qu'un sourire carnassier s'élargissait sur son visage. Un frisson innommable parcourut alors le corps du jeune homme. Mais ce n'était pas de la peur...
Zillah semblait être le seul à pouvoir voir la créature telle qu'elle était réellement, et alors qu'il la défiait du regard, le jeune homme sentit peu à peu les toxines du poison quitter son corps, pour laisser place à une force sans égale.
Il se sentait plus vivant qu'il ne l'avait jamais été, et alors qu'il observait avec quelle facilité la créature avait envoûté ses camarades, Zillah se mit à songer qu'il n'était peut-être pas là par hasard.
Il lui sembla alors que l'île toute entière le réclamait, comme une évidence.
L'appel était assourdissant à ses seules oreilles, et c'était là que Zillah allait renaître.