Salutations, invocateurs ! Bienvenue dans le quinzième numéro des Chroniques de Runeterra. Chaque semaine, vous trouverez ici une fanfiction qui vous permettra d'en apprendre plus sur les aventures des champions de la League of legends. Cette semaine, place au second chapitre de la nouvelle saga.
Tout au long de sa vie, Lucian connut deux journées qui marquèrent profondément son existence. Celle où il rencontra Senna fut la première d'entre elles.
Hiver
Lucian arpentait le long corridor qui menait jusqu'à la bibliothèque. L'air y était glacial et piquant, une matinée d'hiver des plus ordinaires en somme. Le jeune homme n'avait que peu dormi cette nuit-là, il se sentait épuisé et irascible. Il se fraya un chemin entre les passants, dans le tumulte des bavardages environnant, pressant le pas, et refermant sa veste. Au fur et à mesure qu'il approchait de la bibliothèque, il constata avec bonheur qu'il n'y avait plus grand monde autour de lui, et savoura avec délice le calme à venir.
« Ce sera toujours ça de gagné, se dit-il. »
Ce que Lucian ignorait encore, c'est que cette matinée allait bientôt bouleverser à jamais son existence : dans quelques heures, rien ne sera plus comme avant. Il y était presque, sans le savoir, à quelques pas de ce changement majeur, à l'orée du réel commencement de sa vie.
Avant de pousser la porte de la bibliothèque, Lucian sentit un besoin irrépressible de regarder à sa gauche, par la fenêtre. Il s'arrêta net, coupé dans son élan, la main toujours posée sur la poignée. Dans la vaste cour située au-dehors se tenait une femme, assise sur un banc aux planches moisies et rongées par l'humidité. Elle était assez petite, habillée d'une longue jupe noire et d'une veste de cuir. Ses cheveux étaient d'une couleur flamboyante, flottant au gré du vent, tandis que la neige tombait à gros flocons, glissant le long de sa peau diaphane. Elle était occupée à lire, protégeant du mieux qu'elle pouvait l'ouvrage au creux de ses mains. Lucian était comme fasciné par cette beauté, venue de nulle part, et lorsque la neige commença à s'abattre davantage, il la vit courir vers le corridor, dans le but, sans doute, d'y trouver refuge. Le jeune homme s'éloigna de la bibliothèque, calquant ses pas sur la course de l'inconnue, et se précipitant pour lui ouvrir la porte. En se retrouvant face à lui, la jeune femme releva la tête et plongea son regard dans celui de Lucian. Il y eut un silence gêné, tandis qu'au loin résonnait une mélodie au piano ; cette valse triste qui est à ce jour devenue la leur, celle de leur premier baiser et de leur amour naissant.
Printemps
Lucian avait bandé les yeux de Senna, et il guidait ses pas, lentement et avec tendresse, jusqu'à ce qu'elle arrive près de la table. La jeune femme tâtonna l'espace devant elle jusqu'à heurter l'obstacle qui s'y trouvait. Un sourire se dessina sur leurs deux visages, l'un trépignait d'impatience, tandis que l'autre était imprégné de curiosité. Lorsque la vue lui fut rendue, Senna découvrit un boîtier de cuir, qu'elle ouvrit avec le plus grand soin, et c'est avec émoi qu'elle découvrit le revolver logé dans son écrin de soie pourpre. Elle glissa longuement son doigt sur l'initiale gravée sur le châssis de l'arme.
« Maintenant, nous ne formons plus qu'un, lui murmura Lucian en l'enlaçant tendrement. »
Senna prit l'arme entre ses mains, la retournant délicatement afin d'en observer chaque détail. La crosse était sculptée subtilement, et lorsque la jeune femme y aperçut son reflet, cela lui renvoya l'image idyllique d'un couple parfait, plus solide que jamais.
Elle saisit alors le pistolet de manière ferme et décidée, et le braqua devant elle, comme si elle tenait une cible en ligne de mire.
« Ce soir, nous irons patrouiller, annonça-t-elle. »
Été
Lucian et Senna étaient un de ces couples que chacun enviait. Ils faisaient tout ensemble, se connaissaient parfaitement l'un et l'autre, et malgré cela, jamais la lassitude n'était venue troubler leur cœur. Ils étaient complémentaires et c'était là leur plus grande force. Ce soir encore, Lucian et Senna étaient partis chasser quelques démons, afin de libérer les pauvres âmes captives et tourmentées par ces monstres cruels. Ils arpentèrent la forêt, dans la moiteur oppressante qui régnait là, tandis qu'une fine pluie venait agiter les lieux. Ils marchèrent doucement, prêts à dégainer leurs armes et à en découdre avec leurs ennemis. Soudain, Senna tressaillit et fit signe à Lucian de ne plus bouger, car la jeune femme avait cette capacité rare et précieuse de pressentir le danger, où qu'il se trouve. C'était un atout majeur qui les aidait considérablement au quotidien. Les deux justiciers étaient aux aguets, le souffle court et angoissé, quand Senna tressaillit une seconde fois.
« Maintenant ! Ordonna-t-elle. »
À la seconde près où ces mots avaient été prononcés, Senna et Lucian tourbillonnèrent jusqu'à se retrouver dos à dos, les revolvers braqués devant eux, à l'affût de la moindre menace. Lucian était calé contre elle, et lui offrait tout son soutien, ainsi qu'une stabilité sans faille. Il sentait Senna respirer profondément, et il calqua son souffle sur le sien, jusqu'à ce que la symbiose opère, et que la sécurité devienne comme une évidence.
C'était un soir comme tant d'autres soirs pour eux, et ils rentreraient de ce nouveau périple, endoloris, mais un peu plus accomplis que la veille. Le soir qui verrait leur duo échouer n'était pas encore venu, et c'est ainsi qu'ils rentreraient chez eux, flirtant avec les premiers rayons de l'aube, s'enlaçant jusqu'au matin.
Automne
Un soir, alors qu'ils étaient rentrés plus tôt que d'ordinaire de leur patrouille, Lucian et Senna se laissèrent aller à la charmante idée de passer la soirée ensemble. Une soirée normale, sans traque ni coups de feu, juste une simple soirée, blottis dans les bras l'un de l'autre, réunis dans une étreinte sensuelle et complice. Quelques heures plus tard, Lucian regarda les yeux de Senna se fermer petit à petit, au fur et à mesure que sa respiration ralentissait. Les boucles de ses cheveux venaient brouiller son visage ici et là, et en l'observant ainsi, le jeune homme souhaita voir le temps s'arrêter, pour immortaliser cet instant de perfection, avant de pouvoir le rendre à l'éphémère. Il s'endormit sur ces pensées, et plongea dans un repos calme et bienveillant.
Senna, elle, en dépit des apparences, dormait d'un sommeil agité. Elle se sentait comme prisonnière de ses propres songes, alors qu'un malaise grandissant commençait à l'envahir petit à petit.
Au pied du lit vinrent alors danser quelques mystérieuses lueurs, et lentement, un visage spectral se détacha de l'obscurité. Il arborait un sourire effrayant et cruel qui se fit presque carnassier au fur et à mesure qu'il s'élargissait. Il s'avança doucement, tandis qu'une odeur de rouille et de chair putréfiée envahissait la pièce. La chose souligna la silhouette de Senna du bout des doigts, laissant un frisson innommable parcourir son corps. Il murmura son nom, et laissa s'échapper une plainte grave, rauque et caverneuse. Thresh la regarda dormir ainsi de longues heures durant, s'invitant sournoisement dans ses cauchemars les plus intimes.
Cette âme était si belle, et il la voulait sienne au plus vite.
Tout au long de sa vie, Lucian connut deux journées qui marquèrent profondément son existence. Celle qui marquerait la mort de Senna serait la seconde, et elle arriverait, bientôt.
« The chain warden » by usarei