Beyond : Two Souls : Le Test
Dernière production du studio français Quantic Dream, Beyond : Two Souls marche sur les traces de son grand frère Heavy Rain, pour le meilleur... Et pour le pire.
Vidéo de la démo du PSN
Genre : film interactif
Date de sortie : 9 octobre 2013
Développeur : Quantic Dream
Editeur : Sony
Prix : entre 55€ et 60€ selon l'édition
Norme PEGI : 16+
Histoire de ...
Après un Fahrenheit teinté de mysticisme et un Heavy Rain à l'ambiance polar du plus bel effet, Quantic Dream nous conte cette fois les aventures de Jodie, une jeune fille pas comme les autres. En effet, cette dernière est constamment liée à Aiden, un esprit dont elle ne connait rien, si ce n'est qu'il la protège envers et contre tous. Nous allons donc suivre la jeune femme à plusieurs moments marquants de sa vie, de sa petite enfance à l'âge de raison.
La narration se veut volontairement assez éclatée, les scènes s'enchaînant dans un ordre pas forcément des plus logiques. Attendez-vous donc à passer régulièrement d'une Jodie adulte et en pleine possession de ses moyens à une enfant frêle et apeurée. Malheureusement, ce procédé a tout de la mauvaise idée car il fait partie des choix de game-design qui nous détachent complètement du personnage de Jodie et nous empêchent toute empathie. Par exemple, la rencontre avec un ami de Jodie qu'elle est censée ne pas avoir vu depuis des lustres perd toute son intensité lorsque l'on a vu ce personnage cinq minutes avant.
Nathan Dawkins alias Willem Dafoe
Principale conséquence de cette prise de recul forcée : le joueur a tout simplement l'impression de regarder un film plus que de participer à une aventure, ce qui fait que lorsque plusieurs choix nous sont proposés, on en vient plus à se demander "qu'est-ce que Jodie aurait fait?" plutôt que "qu'est-ce que je vais faire?". Mais les équipes de David Cage ont tout de même réalisé un remarquable travail de mise en scène et quelques passages du jeu sont tout simplement épiques, cependant tout cela fait encore un peu "fourre-tout" On a l'impression d'assister au défilement d'une nouvelle collection des livres Martine : Jodie va à l'armée, Jodie chez les natifs américains, Jodie SDF...
Le souci, c'est que sans ces arcs narratifs secondaires, la trame principale de Beyond : Two Souls tiendrait sur deux heures, pas plus. Car, inutile de le cacher, ces scénarios voyant Jodie aider plusieurs petits groupes de personnes comme autant de leçons de vie qu'elle en tirera, sont bien loin de faire avancer le Schmilblik sur ce qu'est Aiden et ce pourquoi il est enchaîné à Jodie. Ca ne les empêche toutefois pas d'être intéressantes sur le moment, mais on se rend compte à la fin du jeu que tout ceci a été mis là pour étirer la durée de vie d'un jeu vidéo qui n'en est pas vraiment un. Pourtant convaincant dans la première moitié de l'aventure, le scénario de Beyond : Two Souls se révèlera finalement assez bas de gamme, avec sa fin nanardesque et sa grosse révélation cousue de fil blanc et prévisible à trois kilomètres, dommage !
Mieux vaut ne pas trop taquiner Jodie, sinon c'est Aiden qui s'en charge
Le jeu d'acteur
Mais ne nous étalons pas davantage sur le scénario du jeu, celui-ci étant tout de même soumis à la sensibilité de chacun, il faudra vous faire votre propre idée de la proposition de Quantic Dream. Non par contre, on peut parler un peu plus objectivement du "gameplay" du titre. On se souvient tous que l'on nous avait fait la promesse du retrait des QTE et autres artifices du genre : pas de bol, ils sont toujours là, et en masse. Mais des efforts ont tout de même été faits pour que ceux-ci soient moins envahissants et que le tout soit un peu moins lourd que dans Heavy Rain.
Lorsque Jodie voudra interagir avec un objet (représenté par un point blanc), il vous faudra diriger le stick droit vers cet objet et c'est à peu près pareil pour les combats du jeu : il faudra suivre Jodie dans ses mouvements en poussant le stick droit dans la même direction que l'action, qui passe alors au ralenti pour l'occasion. Pas un mauvais système, même si il arrive parfois que l'on se retrouve perdu et que l'on enchaîne les erreurs. Pas de panique, la mort n'existe pas dans Beyond.
L'entraînement à la CIA sera l'occasion d'en apprendre plus sur les séquences de combat
Chaque séquence d'action ratée vous amènera tout simplement à une autre succession de scènes que vous n'auriez pas vues si vous aviez réussi la séquence précédente et on imagine sans mal le travail dantesque que ces liaisons a dû donner aux équipes de Quantic Dream. Deuxième gros morceau du gameplay de Beyond, Aiden, que vous pourrez contrôler à de nombreux moments du jeu. Véritable star du titre, il promet quelques scènes jouissives lorsqu'il vous faudra jouer les poltergeists et effrayer les gens autour de vous. Mais bien plus que de faire joujou avec de pauvres mortels, les immenses pouvoirs d'Aiden vous permettront de débloquer bien des situations, l'esprit pouvant prendre possession de certains personnages, soigner les blessures, ramasser quelques bonus bien planqués dans les décors, voire tuer... Le contrôle de l'ectoplasme se fait façon "FPS" et pourra même être pris en charge par un second joueur qui connaîtra ainsi les joies du passage à travers les murs.
Le jeu se paye quand même quelques moments plutôt originaux, même si le gameplay reste sensiblement le même tout le long de l'aventure (on pense notammment à toutes les escapades militaires de la jeune femme). Agréable à prendre en main, le jeu souffre tout de même de quelques problèmes assez gênants comme une caméra qui vit un peu sa vie ou des déplacements qui donnent une impression de flottement aux mouvements de Jodie. Enfin, l'impression d'avancer constamment sur un rail délimité par les développeurs devient lourdingue après quelques heures.
Les scènes où Jodie est une enfant sont nombreuses
Huitième art
La claque de Beyond : Two Souls, elle est là, dans son aspect technique. Alors attention, on ne dit pas que tout est parfait, mais de mémoire de joueur, jamais des personnages n'avaient été aussi bien modélisés et animés. Ellen Page est tout simplement bluffante, Willem Dafoe peut-être un peu moins mais reste tout de même excellent et même la galerie de personnages secondaires se révèleront très convaincants dans leur jeu d'acteur et leur représentation à l'écran. Cependant, on sent qu'il manque encore un peu de patate aux équipes de Quantic Dream pour que tout soit parfait, les sourires donnant vraiment des airs de déficients mentaux aux personnages ou les scènes de baiser complètement foirés.
On notera aussi quelques baisses de framerate occasionels, mais ce n'est vraiment qu'un détail comparé à la majestuosité des environnements, d'autant que ces derniers savent se renouveler au cours du scénario. La technique de Beyond : Two Souls assène donc sa petite baffe au joueur et les compositions orchestrales de haut niveau finiront de l'achever. Toujours très bien choisies, les musiques du jeu sont véritablement envoûtantes et participeront sans aucun doute à vous faire lâcher votre petite larme, du grand art !
Certains passages du jeu sont époustouflants de réalisme
En conclusion :
Attention, soyez bien conscient bien que l'appréciation de ce type de jeu dépend très fortement du joueur, cette note n'a qu'une valeur indicative.
Difficile de voir autre chose qu'un film maquillé en jeu vidéo avec Beyond : Two Souls, même si les équipes de Quantic Dream ont fait de sacrés efforts pour éviter cet écueil. D'autant qu'en tant que film, Beyond : Two Souls tient plus du nanard que du chef d'oeuvre, avec sa mise en scène pataude, son scénario téléphoné plombé par une narration maladroite, des arcs annexes inutiles et son final tout simplement aux fraises. Le jeu est de plus entâché de plusieurs problèmes de collisions, de caméras et quelques faux raccords entre les scènes font leur apparition. Mais attention, tout n'est pas à jeter dans Beyond : Two Souls ! Le jeu est vraiment magnifique et certaines scènes sont vraiment bien senties, avec quelques moments de bravoure bien sympathiques. Seulement après Fahrenheit et Heavy Rain, les grosses ficelles des productions Quantic Dream commencent vraiment à trop se voir.
Les plus :
+ Baffe technique
+ Aiden
+ Quelques scènes très réussies
Les moins :
- Scénario bas de gamme
- Faux raccords
- Quelques bugs et soucis de caméra gênants