Les shoutcasters chez Riot, qui sont-ils ?
De débutant à professionnel
Reddit sur AMA avec les shoutcasters (Traduction - Source)
Quel a été votre tout premier job ?
qu1ksh0t : Mon premier boulot, quand j'avais 15 ans, a été en tant qu'assistant dans une pharmacie locale, là où j'habitais. C'était à temps partiel, et c'était génial.
qvDeman : Mon premier boulot à temps complet était comme ingénieur hardware pour une compagnie informatique. J'ai voyagé à travers tout le Royaume-Uni pour réparer des ordinateurs. Je faisais environ 130 000 km par an, beaucoup de conduite et des journées très longues. Et ça ne me manque absolument pas :)
rivingtonthe3rd : Caissier à Wegmans.
Phreak : J'ai eu un boulot à temps partiel à la fac où je devais remplir des fiches de patients pour une pharmacie. J'ai été bénévole pour le plus gros fansite anglais sur Warcraft 3 pendant quelques années également, ce qui a été ma seule expérience réelle avant Riot. Actuellement, c'est mon premier boulot à plein temps.
Sjokz : McDonalds. EST-CE QUE JE PEUX PRENDRE VOTRE COMMANDE ?
Que faisiez-vous chez Riot avant de devenir shoutcasters ?qu1ksh0t : Je travaillais comme shoutcaster en freelance avant d'être recruté. Mais avant cela, j'avais deux emplois à plein temps, en tant que player support et dans le community management à Berlin, et encore avant, je travaillais en Afrique du Sud comme manager de commerce au détail pour une grande entreprise d'informatique. Mais quel que soit le moment, avec des emplois à plein temps ou pendant les études, j'ai eu la possibilité de prendre part à des évènements compétitifs, et j'ai évidemment regardé toutes les grosses LAN.
Jatt : Mon parcours a été tellement étrange, honnêtement, que je ne sais pas trop comment j'ai atterri ici. L'été 2011, je travaillais en tant que technicien électronique pour une radio, et je jouais à niveau semi-pro avec la team Rock Solid (qui par la suite est devenue Dignitas). Je n'aimais pas tellement mon boulot, donc lorsque les évènements live sont apparus avec la Saison 2 et qu'ils gagnaient en succès, j'ai décidé de quitter mon travail et de me plonger un peu dans le pro-gaming pendant un certain temps. Nous avons eu quelques victoires, gagné l'IPL3, et nous nous sommes placé 3ème au MLG Providence. Au fur et à mesure, je me suis rendu compte que ma vraie passion serait sans doute de travailler directement pour Riot, donc j'ai essayé de rejoindre le réseau pour voir s'il était possible d'obtenir un boulot en faisant des QA pour l'équipe de live-design de Riot. Pendant les Championnats du Monde 2011, Deman avait également besoin d'un co-commentateur pour les matchs de 3ème place, et m'a demandé par hasard de commenter avec lui (c'était d'ailleurs la première fois que nous avons commenté ensemble). Mais c'est à cause de cet évènement que j'ai quitté Dignitas fin 2011, parce que j'allais continuer un chemin différent avec Riot et qu'il n'était pas juste pour l'équipe que je ne sois qu'à moitié impliqué dedans. Heureusement pour moi, j'ai obtenu un poste chez Riot en février 2012 et j'ai commencé à travailler là-bas à ce moment-là. J'ai passé 6-9 mois dans l'équipe de live design et j'ai contribué à de nombreux rééquilibrages de champions ainsi qu'au « live signoff » pour de nombreux champions. C'était une expérience exceptionnelle. Mais une fois de plus, l'eSport était en pleine explosion et j'avais besoin de trouver quelque chose dans lequel je pouvais m'impliquer totalement, c'est pourquoi j'ai choisi d'être commentateur. Je suis shoutcaster à temps plein depuis novembre 2012, et c'est vraiment génial.
Sjokz : Après l'université -- j'ai un master en histoire et journalisme -- je voulais devenir reporter, essentiellement dans le sport, mais après avoir obtenu mon diplôme je me suis vraiment intéressée à l'aspect compétitif de LoL. J'ai commencé à écrire pour SK Gaming avant de faire des interviews pour eux et pour Cybersportsnetwork pendant un an, jusqu'à ce que je sois recrutée pour la Saison 3.
Pourquoi êtes-vous devenus commentateurs ? Et pourquoi pour League of Legends ?Phreak : J'ai commencé à commenter quand j'avais 15 ans. Je trouvais différents enregistrements, et je m'écriais « wow, c'est génial ! ». Comme Jatt l'a dit dans un autre message, c'est quelque chose qu'il faut faire. Sans demander la permission. On ne peut pas demander « comment on commence ? ». Donc j'ai simplement commencé, parce que c'est quelque chose qui m'avait vraiment parlé. Et je fais ça pour League of Legends parce que c'est mon jeu préféré. J'ai commencé à jouer à l'été 2009 en me disant « mec, ce jeu est génial ! ». Cela m'a semblé comme une transition naturelle. J'ajouterais que c'est comme ça que ça se passe en général. Commenter, c'est un travail d'amour, et pour le faire vous devez aimer à la fois le jeu et le fait de commenter.
rivingtonthe3rd : En 2003, on m'avait demandé de commenter quelques vidéos pour Counter Strike 1.6. Après avoir entendu les résultats et les commentaires, j'ai été attiré par le fait que je pouvais faire quelque chose qui plairait aux gens. Ma passion du shoutcasting a largement évolué en même temps que l'eSport depuis 2003 ! Pourquoi pour LoL ? La League et Riot ont joué un rôle important dans ma vie avant même que je ne devienne un Rioter. Mes amis étaient employés chez Riot et j'ai été entraîné dans le jeu neuf mois avant que je ne devienne shoutcaster.
Pourquoi choisir de devenir plutôt un shoutcaster play-by-play, ou plutôt technique ?Jatt : Le technique évoque tellement plus de choses pour moi. Quand tu écoutes des commentateurs sportifs, tu te rends vite compte que ceux qui analysent le plus le jeu sont d'anciens coachs ou d'anciens joueurs. Cela me semblait naturel, d'autant que j'adore expliquer les choses, et que j'avais envie d'apprendre le jeu aux joueurs. Mais être joueur professionnel ne vous oblige pas du tout à devenir commentateur technique, l'un des plus grands duos de commentateurs était celui de Pat Summerall et John Madden, et Summerall était un ancien joueur mais ne faisait que des commentaires play-by-play pour le football. L'analyse me permet d'être moi-même, et cela correspond bien mieux à ma personnalité que si je devais faire du play-by-play.
Joe Miller : J'ai toujours été play-by-play. J'ai toujours aimé écouter les commentateurs qui criaient lorsque je regardais du sport étant plus jeune. J'adore la sensation que j'ai lors d'un énorme teamfight, comme si ma tête allait exploser. La meilleure partie est de voir que VOUS aussi, vous aimez ça. C'est ma récompense !
qvDeman : Quand j'ai commencé avec Joe avant la Saison 1, nous avions décidé de nous entraîner puisque nous étions tous les deux des shoutcasters play-by-play de jeux de FPS. En général, les meilleurs commentateurs techniques sont d'anciens pros, et à cette époque, nous n'avions rien de pros !
Avez-vous un 'rituel' avant de commenter une game ? Quelque chose qui vous permet de vous détendre et de vous sentir prêts.Sjokz : J'ai comme une sorte de TOC, et j'ai besoin de tourner mon micro deux ou quatre fois et de vérifier plusieurs fois le niveau de la batterie avant de me lancer.
Phreak : En général, je commence à sourire béatement puis à dire à quel point mon boulot est génial. Puis je m'assure que je sais ce que je suis supposé dire en relisant mes notes, afin de pouvoir me focaliser sur l'interaction avec mes co-commentateurs au lieu de lire. A l'occasion, j'aime bien troll les joueurs dans le lobby, ce qui se termine souvent par un jeu de mots pourri.
rivingtonthe3rd : J'aime bien prendre cinq ou dix minutes pour écouter de la musique avant de me lancer sur le live, souvent de l'instrumental.
qvDeman : La seule chose que je fais, ce qui n'est pas vraiment un rituel, c'est d'enlever tout ce que j'ai dans mes poches pour me sentir plus à l'aise.
Jatt : Je fais en sorte d'être le plus détendu possible. Je remplis mon cerveau d'informations cohérentes au dernier moment, pour être sûr de m'en souvenir à un moment clé.
qu1ksh0t : Personnellement, je saute partout, j'étire mes bras, mes jambes font des sauts de star du ballet, puis je secoue mes bras, mes joues et mon visage. J'ai tendance à faire une sorte de combat physique avant de commencer à commenter une game. J'enlève également tout de mes poches pour être plus confortable sur ma chaise.
Est-ce qu'on vous reconnaît parfois en public ? Est-ce que ça vous plaît ?Phreak : Pas des tonnes en dehors des conventions. C'est déjà arrivé plusieurs fois en me promenant dans Seattle à la période de la PAX, mais il fallait s'y attendre. Je suppose que ça arrive plus souvent que ce que je crois, mais que les gens sont trop timides. J'adore parler à mes fans, même en dehors des évènements. Si je dois aller quelque part, je m'excuserai, mais je suis vraiment heureux de discuter avec des gens s'ils viennent me voir IRL.
qu1ksh0t : C'est arrivé quelques fois, pas énormément encore, j'ai déjà été reconnu dans un aéroport en Suède, dans le train à Cologne, en mangeant une glace à Dublin, et même en achetant de la viande dans un supermarché. Je trouve toujours incroyable que les gens veuillent prendre des photos avec moi et avoir des autographes, et j'aime vraiment parler avec les gens qui aiment League of Legends et l'eSport.
Deman
Deman, tu es souvent considéré comme le meilleur shoutcaster play-by-play. Penses-tu que cela a un rapport avec le fait que tu as commenté des FPS, dont le rythme est bien plus rapide que dans une partie de LoL ?
qvDeman : C'est marrant que tu dises cela parce que moi-même, Joe et Riv sommes tous des commentateurs FPS, et je pense que ça nous a beaucoup aidé pour réussir à suivre les teamfights dans LoL. Pour ces Championnats, j'ai hâte de voir les équipes internationales s'affronter, et je pense que le tournoi est encore largement ouvert et que n'importe laquelle des différentes équipes peut arriver jusqu'en finale. Lorsque les Championnats se termineront, j'essayerai d'aider des commentateurs débutants afin qu'ils s'améliorent.
Jatt
Jatt, est-ce que parfois la compétition te manque ?
Jatt : Je suis parfois nostalgique de ne plus être joueur professionnel, mais j'adore vraiment ce que je fais maintenant en tant que shoutcaster pour Riot à plein temps. En tant que joueur, j'étais toujours stressé par le fait d'être le meilleur, et sincèrement j'étais assez mauvais perdant. En tant que shoutcaster, je peux librement apprendre le jeu aux gens et aider l'eSport à se développer comme un tout, ce que je n'étais pas vraiment capable de faire en tant que joueur, et c'est vraiment ma passion. Être un joueur est super, mais le shoutcasting me convient bien mieux.
Comment as-tu fait pour t'améliorer au fil des années, Jatt ?
Jatt : J'ai fait un énorme travail de réflexion personnelle. Si je devais dire les problèmes que j'avais lorsque j'ai commencé à commenter, je dirais que je me suis amélioré sur :
- L'écoute et la réponse à mon co-commentateur. Lorsque j'ai commencé à commenter, je pensais uniquement à la prochaine chose que j'allais dire, au lieu de créer un combo ou de continuer dans la lancée de mon co-commentateur.
- Le rythme. Vous devez être capable de ralentir lorsque la game ralentit, d'accélérer lorsque la game est rapide et de rester dans la bonne dose d'énergie pour transmettre l'énergie de la partie. Je ne rendais pas bien cela lorsque j'ai commencé.
Quelles sont les recherches que vous devez faire chaque semaine avant les matchs ?Jatt : Chaque shoutcaster fait des recherches un peu différentes, donc je vais me concentrer sur ce que j'ai fait pour préparer un évènement. Je vais utiliser la Gamescom et les playoffs des LCS EU comme exemple et je vais vous expliquer comment je m'y suis préparé.
- D'abord, le 'temps de préparation' entre la superweek des LCS NA et mon voyage en Allemagne, j'avais un jour de temps libre, donc je savais qu'il fallait que ma préparation commence avant même le début de la superweek. Je parle toujours à de nombreuses personnes ainsi qu'aux pros pour obtenir un aperçu général de leurs impressions sur les forces des différentes équipes, afin de les comparer à mes propres observations lorsque je regarde les games.
- Un exemple datant du Spring Split, lorsque je parlais avec Snoopeh et Krepo, ils me disaient que les Fnatic avaient un mode de jeu à "forte récompense pour un risque moyen". Lorsqu'ils font des actions, ils ne se mettent pas en grand danger, mais si l'équipe ennemie veut les contrer, ils risquent gros. Ils ont également mentionné que Fnatic a tendance à sous warder, et que par conséquent nRated finissait toujours la game avec plus d'objets que le support adverse.
- Avec ce genre d'informations, cela me permet de regarder les games de manière plus efficace, car je peux me faire de vraies idées à propos des équipes sans pour autant devoir les regarder jouer pendant des heures et des heures, d'autant qu'il n'y aurait pas assez d'heures dans une journée pour regarder toutes les pro leagues qui existent aujourd'hui.
- Donc pour les playoffs EU, j'avais quelques suppositions concernant les teams lorsque j'ai regardé le dernier jour de la superweek en EU. Cela a été très bénéfique pour moi qu'il y ait eu autant de playoffs, car cela m'a permis de voir les équipes dans un environnement soumis à une forte pression, où elles sont plus susceptibles de revenir à leurs stratégies principales.
- De même, l'analyse des bans est assez forte, et également assez simple pour moi. Nhat Nguyen, Riot Jayway et Riot Chopper nous aident tous les trois à regrouper et analyser les statistiques, ce qui nous permet de remarquer également des modes qui, à leur tour, me permettent de faire des observations lorsque je regarde les games. Pour la plupart des games dans les playoffs EU, j'avais des feuilles sur lesquelles étaient marqués les champions les plus picks et les plus bans ainsi que leur ratios de W/L pour chaque joueur des différentes équipes, de même que certains faits intéressants (comme le fait qu'Alex a joué 16 champions différents au mid lors du split), et c'est grâce aux données de Riot Chopper que j'ai pu réaliser ces fiches.
- Et la Gamescom n'était pas comme les LCS EU. Nous avions un second tournoi, le Wildcard Tourney, comportant cinq équipes supplémentaires, tout en n'ayant que peu d'informations. Je n'avais pas le temps de faire les recherches sur toutes les équipes. Heureusement, ClakeyD a fait des recherches sur toutes les teams afin que l'on en sache plus sur eux. Avec cela, nous avons au moins pu commencer avec quelques connaissances, et nous en avons appris un peu plus lorsque le tournoi a commencé.
Donc oui... Beaucoup de préparation.
Sjokz
Sjokz, quelles sont les principales expériences positives et négatives que tu as vécues, surtout en étant une présentatrice féminine dans l'eSport ?
Sjokz : Hum, je dirais que certaines personnes ont tendance à penser que tu n'es là que parce que tu es une femme ou que tu as un joli visage, et estiment que tu ne connais rien au jeu et que tu ne fais aucun effort pour cela. Mais au bout d'un moment, peu importe qui tu es, si tu te montres assez dévoué et investi dans la League, les gens t'accepteront !
Quelle genre de préparations fais-tu pour chacune de tes interviews ?
Sjokz : Se préparer pour une interview consiste essentiellement à noter les picks et les bans ainsi que les moments importants de la partie, et évidemment tirer son inspiration de l'actualité de la League pour en venir aux matchs ! J'écris beaucoup sur des feuilles, mais finalement je ne les utilise pas tellement par la suite, c'est surtout une histoire de confort.
Sjokz, pour une interview, comment arrives-tu à faire en sorte qu'un joueur particulièrement timide exprime ses pensées devant la caméra ?Sjokz : J'aime bien prendre du temps pour discuter avec le joueur avant l'interview. En général je fais six questions, tout en sachant que je n'en poserai que quatre, et j'en discute avec le joueur. Je lui demande de me dire s'il y a des questions pour lesquelles ils n'a vraiment aucune réponse, ou s'il y a quelque chose dont il veut vraiment parler. Lorsque le joueur est vraiment timide, il aime en général penser à la réponse dans son intégralité avant. Et comme ça, on peut voir avec quelles questions il est vraiment à l'aise. J'ai aussi tendance à dire que je suis tout aussi nerveuse et qu'il s'en sortira très bien.
Phreak
Phreak, est-ce que tu écris tes blagues et tes jeux de mots à l'avance, ou est-ce que tu les inventes au fur et à mesure ?
Phreak : Un peu des deux. Parfois, ça me vient en tête au milieu de la journée et je me dis, "Oh ! J'ai trouvé quelque chose !", et parfois je l'écris pour m'en souvenir. Et des fois, ça m'arrive au milieu d'une game, comme la blague sur "The Police". En général, il vaut quand même mieux se focaliser sur la partie, répondre à son co-commentateur, au lieu d'essayer de trouver des blagues.
Questions diverses
Comment avez-vous vécu ces 6-7 mois passés en Allemagne ?
qvDeman : En fait, j'apprécie réellement vivre à Cologne, il y a beaucoup d'endroits pour sortir le soir et les habitants sortent très souvent, ce qui donne un sentiment d'endroit vivant, mais pas surencombré. Je me sens plus chez moi là-bas que dans mon appartement en Angleterre, à vrai dire.
qu1ksh0t : Ce n'est pas un énorme choc pour moi, j'ai vécu pendant deux ans à Berlin avant d'être engagé à Cologne, donc ça fait presque trois ans d'Allemagne pour moi. Il faut quand même que j'apprenne à parler allemand, j'ai été un peu flemmard et je pense que je pourrais l'apprendre si je prenais le temps de le faire ! J'aime l'Allemagne, et surtout les villes allemandes.
Pourquoi est-ce que vous vous levez lorsque vous commentez ?qu1ksh0t : Il y a de nombreuses raisons et cela varie toujours légèrement pour chacun d'entre nous. Mais cela peut être en rapport avec le confort, la projection de la voix, l'excitation, ou comme un moyen de nous exprimer. Je sais que j'aime bien sauter partout, agiter mes mains pour me sentir vraiment dedans.. Jatt quant à lui a une fausse jambe.
Gardez-vous des statistiques de games en commun, ou chacun a-t-il ses propres informations ?Phreak : Nous avons effectivement des données partagées, avec de l'aide de lolesports.com, de Nhat, et de quelques outils de statistiques internes, ce qui nous permet de recueillir les informations sur les picks et les bans, d'avoir des captures d'écran des statistiques à la fin des games, etc. ce qui est très utile. Toutefois, il y a aussi beaucoup de travail individuel. Riv a par exemple fait des statistiques customisées, en taggant chaque champion, et par exemple, Saint a joué Nautilus trois fois, alors qu'il ne l'avait pas joué les 2-3 premières semaines du split, donc nous savions qu'il ne fallait pas considérer ce choix comme une évidence pour lui.
Est-ce que vous vous sentez stressés par le fait que vos réactions lors d'une game, en tant que commentateurs, puissent être à jamais gravées dans l'histoire ?qvDeman : Ce n'est pas quelque chose qui m'inquiète sur le moment, parce que je suis en général un peu perdu. Je ne réalise ce genre de choses que par la suite, en visionnant l'enregistrement, et que je me rend compte si ce que j'ai dit est bien et correspond à ce que l'on attend.
Joe Miller : C'est très important pour nous, qui commentons en play-by-play, d'être prêts lorsque ce genre de moments arrive. La fin d'une partie, surtout lorsqu'il s'agit de gros matchs de playoffs, peut créer des séquences vidéos que l'on retrouvera par la suite en production ou dans d'autres choses. Je me focalise vraiment sur ces grandes phrases lors des moments cruciaux parce qu'elles sont, comme vous le dites, celles qui resteront dans l'histoire !
Phreak : C'est justement de ce genre d'éléments que je tire mon style de commentaires. J'ai regardé beaucoup de "Frag videos" et j'ai écouté beaucoup d'enregistrements de Joe Miller, et j'ai essayé d'injecter ce genre d'anticipations dès que cela peut être pertinent. Mais je n'y pense jamais vraiment sur le moment, "est-ce que ça va être à moi de briller ?". Je souhaite juste commenter les games du mieux que je peux.
qu1ksh0t : Pendant les préparations pour un show, je me sens parfois un peu mal en pensant au nombre de personnes qui vont le regarder, et les attentes de l'audience. J'ai récemment commenté en NA pour la première fois, et j'ai ouvert le show dans des studios bien plus grands et devant une audience qui ne m'avait pas vu faire du play-by-play tout au long de l'année. J'étais tellement nerveux que je pouvais sentir mon coeur marteler dans ma poitrine, mais dès que j'ai commencé à parler et à rentrer dans l'ambiance, que j'adore, j'ai arrêté d'être nerveux et de trembler. Le fait que des choses géniales puissent se passer par la suite ne sont qu'un bonus, ce n'est pas une chose à laquelle je pense personnellement ou pour laquelle je m'inquiète lorsque je commente une game. J'essaye juste de faire de mon mieux pour chaque game en espérant pouvoir capturer un peu de l'incroyable spectacle auquel on assiste.
rivingtonthe3rd : Pour moi, cela crée un petit espace dans ma tête qui tient compte des remarques et des commentaires. Le 'wololololol' par exemple n'a été utilisé que deux fois pendant le Summer Split. Le jeu lui-même amènera ce genre de moments tôt ou tard. C'est difficile de trouver quelque chose d'exceptionnel juste comme ça, mais c'est comme si votre cerveau était capable de sortir le "commentaire d'or" si vous le vouliez vraiment.
L'un de vous avait-il déjà imaginé que commentateur eSport pourrait être un choix de carrière viable ?Sjokz : Certainement pas ma mère ! Non, mais sérieusement : je pense que convaincre mes parents et mes amis que la carrière que j'avais actuellement était une véritable carrière a été une des choses les plus difficiles à faire. Je jouais à Unreal Tournament 99' dès que je pouvais quand j'étais jeune, et mes parents pensaient que je deviendrais juste une addict de League of Legends, et que toutes ces 'histoires d'interviews' ne valaient rien. Après être allée en Corée, aux Etats-Unis, etc. j'ai obtenu plus de soutien, et j'ai pu convaincre ma famille de visiter les studios LCS pendant la Saison d'Eté, et c'est finalement là qu'ils ont été convaincus !
qvDeman : Personnellement, cela fait dix ans que je commente mais je ne m'y attendais pas, j'en rêvais depuis longtemps mais je n'y croyais pas. De nombreuses choses se sont améliorées grâce à l'amélioration du streaming, aux games beaucoup plus en rapport avec l'eSport et aux spectateurs plus intéressés. Je n'aurais jamais pensé changer de boulot -- que je faisais depuis 12 ans -- pour devenir commentateur d'un jeu auquel j'adore jouer. J'aime ma vie actuellement.
Est-ce que l'accent vous a posé des problèmes aux Etats-Unis ?Joe Miller : Lorsque j'ai commencé pour les TsN en 2005, on me disait que mon accent était difficile à comprendre pour beaucoup de personnes. Je viens du nord de l'Angleterre où l'accent est assez dur. J'ai beaucoup travaillé là-dessus afin d'obtenir un accent beaucoup plus neutre, et ça m'a pris des années pour arriver à un niveau qui ne lui fasse pas perdre son charme, mais qui le rende beaucoup moins fort qu'auparavant.