Je vais maintenant vous parler des streamers dits réguliers. Par streamer régulier, j’entends les streamers qui ne font que ça. Ainsi Llewellys, YoGo ou les joueurs des Line-Up qui streament par exemple ne sont pas pris en compte. Je pense ici plutôt à des gens comme Lege, Tweekz ou Zerator.
Quelle est la particularité de ces streamers ? L’irrégularité. Ainsi en période creuse Lege et Tweekz auront leurs émissions normales avec un horaire fixe. Mais il y aura des périodes, notamment les splits LCS, les tournois comme le championnat francophone et autres, où les charges de travail pourront augmenter en flèche. Ainsi, les geeks de LoL se souviendront des bug chez ESL durant les Up and Down pour les LCS Summers qui ont forcé nos animateurs à travailler bien plus que prévu et à exploser leurs fourchettes horaires. Ce n'est pas grave me direz-vous, on peut s’arranger pour qu’ils soient payés plus, etc. C’est vrai, vous auriez raison de me faire cette remarque. Mais puisqu’aujourd’hui nous essayons de réfléchir à un modèle précis et transparent qui permette à chacun d’avoir un revenu fixe et des accords clairs et précis, on peut essayer de trouver un modèle plus stable et fiable, ne pensez-vous pas ?
Pour nos chers streamers réguliers, je pense que nous pouvons de nouveau opter pour le statut d’intermittent du spectacle. Il faut savoir que pour les intermittents ainsi que d’autres branches, il existe un contrat de travail nommé le CDI, le contrat à durée indéterminée intermittent. L’idée de ce contrat est d’offrir à des branches où la charge de travail n’est pas régulière un contrat sur le long terme prévoyant des périodes où les charges de travail fluctuent. Dans ces contrats, les horaires de travail et le salaire ne sont pas conçus ni sur la base des 35 heures hebdomadaires, ni sur une base mensuelle, mais sur une base annuelle.
À la signature de contrat, le salarié et le patron se mettent d’accord sur un nombre d’heures et une rémunération annuelle. À noter que la rémunération est versée de façon équitable sur les 12 mois de l’année. Les deux parties se mettent d’accord sur des périodes de travail. L’idée est de dire : « tu streameras 8 heures par semaine toute l’année, mais pendant les périodes LCS je serai en droit de te demander de streamer 6 heures le samedi et le dimanche pour commenter les matchs ». La seule condition est que lorsque le patron a besoin du salarié, il sera obligé de le prévenir 7 jours en avance. La loi prévoit également que des heures sup’ puissent être accomplies. L’idée deviendra donc « tu streameras 8 heures par semaine toute l’année, mais sur les périodes LCS tu streameras 6 heures le samedi et le dimanche. Mais je te préviens il sera possible que tu doives passer plus de temps que cela ». Un patron peut demander à son salarié de travailler 1 tiers du temps en plus (si par exemple il a un contrat de 1200 heures annuelles, il peut avoir 400 heures supplémentaires à faire, au-delà il faut qu’un accord soit trouvé entre le salarié et le patron).
Étant donné que ce statut est flexible, qu’il est payé avec au minimum le SMIC horaire brut, il convient déjà à deux des 4 critères que j’ai fixés. Et pour finir de vous convaincre, je vais vous préciser qu’aux yeux des caisses de cotisations sociales, le CDII est égal au CDI. Les cotisations et les droits qu’il ouvre sont les mêmes que pour un contrat classique. Avec en plus l’avantage pour nos streamers de bénéficier du statut d’intermittent du spectacle et de ses avantages énoncés à la page précédente.
Vient maintenant les principaux concernés par le monde de l’eSport : les joueurs. Reprenons la base : quel service un joueur fournit-il ? Quand il stream, quand il joue, quand il réalise des interviews, quand il est en tournoi, un joueur représente une équipe et ses sponsors. Il fournit donc un espace publicitaire. Quelle est la contrepartie à la publicité qu’il fait ? Il est payé et ses déplacements en tournois sont financés par la structure qu’il représente. De plus un joueur, durant sa carrière, est employé par plusieurs structures. Il faut donc trouver un modèle avantageux pour qu’il puisse gagner de l’argent en jouant. Pour moi le modèle intéressant est l'auto-entrepreneuriat. Pour vous expliquer comment je conçois la chose, je vais vous donner un exemple précis.
Dayshi est joueur de StarCraft II. Il veut vivre de sa passion. Il va devenir auto-entrepreneur, avec comme intitulé de l’activité « Régie publicitaire de médias ». Une fois cela fait, il signe un contrat avec une entreprise : au hasard… Millenium. Son contrat qui dure un an par exemple prévoit qu’il fournisse un espace publicitaire sur son t-shirt en tournois, sur son stream, lors de ses parties, etc. En échange de quoi Millenium paye la publicité qu’il réalise. Ce modèle a des charges fiscales plus qu’avantageuses et en plus de cela, les revenus des gains en tournois n’entrent pas en ligne de compte dans le chiffre d’affaires de sa micro entreprise.