C'est par le biais d'une enquête réalisée par nos confrères de BFM Business que nous en apprenons plus concernant le montage financier mis en place par Activision Blizzard afin de payer le moins d’impôts possibles. En effet les journalistes sont parvenus à retracer le chemin que prend l'argent du studio Activision Blizzard et le résultat de cette enquête peut sembler assez surprenant, en tout cas très intéressant.
Nous vous parlions déjà il y a quelques jours des deux géants américains, propriété du groupe français Vivendi. Déjà l'histoire entre les deux entreprises semblait assez compliquée, la maison mère souhaitant récupérer une partie du trésor de guerre de sa filiale mais rencontrait beaucoup de difficultés pour y arriver, notamment car une bonne partie des bénéfices étaient placés dans une société écran située dans un paradis fiscal américain : le Delaware.
C'est certainement suite à ce désir de Vivendi de récupérer une part des bénéfices pharamineux engrangés par Activision Blizzard que les journalistes de BFM Business se sont penchés sur le cas de la multinationale. On découvre ainsi que tous les bénéfices hors Amérique du nord partent en direction des Bermudes, un autre paradis fiscal bien connu. Le montage d'optimisation fiscale mis en place permet ainsi de stocker 60% de la trésorerie globale du groupe dans les Antilles soit 2,7 milliards de dollars. Cela permet à la société californienne de ne payer que très peu d’impôts, 38 millions d'euros en 2012 soit seulement 4,8% de ses bénéfices.
Les recettes de l'éditeur à l'internationale (hors Amérique du nord donc) représentent la moitié des revenus du groupe tandis qu'ils ne pèsent que pour 12% dans les impôts de ce dernier. Pour en arriver à ce résultat, Activision Blizzard utilise des filiales aux Bermudes, dans le Delaware mais également aux Pays-Bas en profitant d'une faille dans la fiscalité européenne. Ainsi les filiales les plus rentables se situent dans les pays où les impôts sont les plus faibles, tandis que là où il faudrait s'acquitter d'une trop forte somme elles sont très peu lucratives.
Google et d'autres grands groupes utilisent les mêmes failles en Europe et il est fréquent qu'une multinationale cherche par tous les moyens à payer le moins d'impôts possibles. Ainsi Activision Blizzard possède deux filiales en France mais ces dernières sont très peu rémunératrices. La première, Activision Blizzard France SAS, n'a ainsi payé que 64 609 € d'impôts en 2011 tandis que la seconde (Blizzard Entertainment SAS) a fait encore mieux en ne devant rien au fisc. Si ce montage financier n'existait pas, l'entreprise californienne aurait dû s'acquitter en 2011 de 35 millions d'euros d'impôts en France. L’État français n'est malgré tout pas en reste, on apprend également que des contrôles fiscaux ont déjà été opérés et ils se sont toujours traduits par des redressements ordonnés par l'administration fiscale. Aucun des protagonistes de cette affaire n'a souhaité répondre aux questions des journalistes suite à cette enquête embarrassante.
Pour information ce montage n'a pas eu pour effet de protéger l'emploi en France puisque les deux filiales basées sur notre sol ont toutes les deux connues un plan de réduction des effectifs de moitié, passant ainsi à 557 salariés. Mais une partie du trésor de guerre accumulé par Activision Blizzard pourrait malgré tout servir les intérêts de notre pays si Vivendi parvient à réaliser son opération. Bref rien n'est peut-être totalement perdu ! Et vous qu'en pensez-vous ?