Édito : Faut-il imposer un mercato eSport ?
Étant un grand fan de foot et de sport en général, je tends souvent à faire un parallèle entre cet univers et l'eSport. Ces deux domaines ne sont pas identiques loin de là, et nous sommes d'accord en affirmant que le modèle du sport en général n'est pas applicable au sport électronique puisque ce sont deux choses complètement différentes. Toutefois, certaines caractéristiques sont à retenir et à mettre en place pour que l'eSport grandisse, dont, à mon sens, les fameuses périodes de mercato.
Le constat
Je ne vous apprends rien en vous spécifiant que les transferts dans l'eSport, quel que soit le jeu, sont encore au stade embryonnaire. Combien de fois des transferts ont-ils été des sujets de polémiques, voire de tension entre différentes parties, essentiellement car aucune règle ne les régit ? Souvenez-vous du transfert avorté de Stephano chez Complexity ou des polémiques autour de plusieurs autres changements de joueurs pas très clairs comme la saga de Delpan entre Fnatic et SK Gaming sur Counter Strike 1.6.
Une association qui n'a jamais eu lieu
Dans ces deux cas et de manière générale, les problèmes sont relativement similaires et tournent autour de deux axes : le non-respect des contrats en cours et des discussions court-circuitées entre joueur et structure alors que la logique voudrait une discussion d'équipe à équipe. De nombreux exemples existent dans l'eSport et sont symptomatiques de la situation générale qui montre encore une fois le manque de règles et la faible structuration de ce jeune domaine.
Ceci reflète un problème plus profond dû à la diversité des équipes eSport et de leur niveau d'évolution. Très, voire trop souvent, je peux vous assurer que les contrats proposés aux joueurs ne sont pas légitimes et qu'ils ne valent rien, même si les grandes structures ont beaucoup évolué sur le sujet depuis plusieurs années pour proposer quelque chose de solide au joueur professionnel actuel. Cependant, même dans les cas où les contrats sont valides pour deux parties, ils n'ont généralement aucune valeur à l'international. Aujourd'hui, c'est donc à la confiance que marchent la plupart des transferts de joueurs et d'équipes.
Peut-on améliorer la situation ?
Attention, la situation n'est pas catastrophique, loin de là, mais si l'on souhaite que l'eSport grandisse, il va falloir apporter des solutions à des problèmes de ce type pour que les joueurs, comme les structures, aient plus de légitimité vis à vis de leurs confrères.
Soyons clairs, tant qu'aucune entité internationale officielle ne prendra en main le sport électronique comme une autre fédération, les solutions seront ultra limitées, voire inexistantes. L'idéal, à mon sens, serait de calquer l'expérience du football sur les mercatos qui permettent de fixer des limites périodiques afin d'éviter les kicks et changements intempestifs. Le principe est attrayant, mais la pratique bien plus compliquée, ne serait-ce que pour les cycles où les périodes de transferts sont autorisés puisque l'eSport se compte plus en mois qu'en années.
La keSPA, un exemple à suivre
Le seul exemple allant dans ce sens aujourd'hui se retrouve en Corée avec la KeSPA, la fédération historique de l'eSport sur StarCraft. Là-bas, les équipes sous cette juridiction sont au diapason de règles mettant des limites aux transferts, obligées d'attendre les fins de contrats pour récupérer un joueur, ou en choisissant de payer pour un joueur sous contrat, tout comme dans le football. À l'international, et pour toutes les formations eSports, le schéma est sensiblement le même, mais rien ni personne ne fait la loi en marge de transactions pour vérifier que tout se passe dans les règles.
La seule chose qui pourrait améliorer la situation aujourd'hui est clairement un rapprochement des plus grandes entités mondiales pour créer, vulgairement, une police de l'eSport qui aurait assez de légitimité pour juger de la justesse des actions entreprises par les équipes et les joueurs dans leurs engagements mutuels.
L'espoir fait vivre, mais il permet d'avoir des objectifs. Oui, il faut un mercato, ou du moins des lignes de conduite claires et approuvées par tous les acteurs du milieu via une entité mondiale qu'il nous reste à créer, mais cela est une autre histoire. Et vous, quelles sont vos idées concernant ce sujet ?
Nicolas "Spit" SCHMIDT