Endless Space Disharmony - Le Test
Endless Space est un très bon jeu de type 4X (eXploration , eXpansion, eXploitation, eXtermination) vous permettant de bâtir votre empire spatial et de partir à la conquête de l'univers de la façon qui vous plaira, que cela soit militairement, économiquement ou diplomatiquement. Une des particularités notables de ce titre est qu'il est développé par un studio indépendant français : Amplitude Studios. Originellement sorti en juin 2012, le jeu a eu droit à quatre DLC gratuits introduisant une nouvelle race entre autres choses. Un peu plus d'un an après sa sortie, voici sa première extension payante, Disharmony, au prix de 10 euros, qui introduit une nouvelle race (voire deux), et qui a l'ambition d'améliorer ce qui était considéré comme le point faible du titre, c'est-à-dire les batailles spatiales.
Teaser de Endless Space - Disharmony
Genre : 4X, Gestion et stratégie spatiale
Date de sortie : 26 juin 2013
Développeur : Amplitude Studios
Plateformes : PC et Mac (distribué sur Steam)
Prix : 9,99 euros
Nouveautés
Harmonie
La principale nouveauté de cette extension, dont elle tire son nom est la nouvelle faction, l'Harmonie. Un peuple de cristaux vivants allergiques à la Brume (Dust en anglais), c'est-à-dire la monnaie spéciale du jeu, qui est en réalité une sorte de conglomérat de nano-machines ultraperfectionnées. L'objectif de l'Harmonie est de totalement supprimer la Brume de l'univers, ce qui serait une véritable catastrophe pour les autres peuples, qui dépendent lourdement de cette dernière dans tous les aspects de leur vie et de leur économie.
En pratique cela donne donc une nouvelle faction extrêmement exotique par rapport aux autres, et donc de très nombreux mécanismes sont différents, ce qui devrait réjouir les vétérans du jeu à la recherche d'un peu de variété. L'Harmonie n'utilise donc pas de Brume, ce qui veut dire qu'ils ne peuvent pas recruter de héros, ni valider instantanément des constructions ni mettre à jour leurs vaisseaux déjà produits, ce sont de très gros malus. Cependant pour compenser, ils n'ont pas à payer les frais de maintenance de leurs flottes ni celle des améliorations faites aux systèmes, ils grossissent donc lentement, mais sûrement. Pour compenser la différence de puissance brute, leurs flottes disposent aussi de différents bonus de poids sur les modules, ce qui les pousse à spécialiser leurs vaisseaux pour les rendre plus efficaces. Pour couronner le tout, ils profitent aussi de différents bonus accordés par les ressources sur lesquelles ils ont des monopoles. Autant dire que si vous leur en laissez le temps, rien ne les empêchera d'avoir des dizaines de flottes très puissances, et des systèmes tous pleinement améliorés.
Comme d'habitude vous aurez droit à de très beaux écrans de chargement, et à de nouvelles cinématiques pour les nouvelles factions.
La gestion économique de la faction Harmonie est assez simple en théorie, mais il est difficile de bien la prendre en main en pratique. À défaut de Brume il vous faudra vous concentrer sur la science et la nourriture, et le taux d'imposition appliqué à votre empire est remplacé par un taux de conversion entre la nourriture et la science, ainsi vous pouvez transformer votre surplus de nourriture en science pour progresser plus rapidement dans les arbres technologiques, ou alors favoriser la croissance de la population en leur offrant un approvisionnement abondant. Cependant jouer avec cette jauge sera assez difficile puisque tous les systèmes ne sont clairement pas dans la même situation, un nouveau système fraîchement colonisé aura besoin de nourriture, alors qu'un vieux système ayant atteint la population maximale préférera transformer ses surplus. Et sans Brume pour faire des achats directs d'infrastructures de base, les nouvelles colonies mettent un temps ridiculement long avant de devenir efficientes. Il reste à voir si les bons joueurs sauront contourner ce problème structurel propre à l'Harmonie.
Comme mentionné plus haut, vous n'aurez ici pas de taux d'imposition, il est doublement inutile, car l'Harmonie ne possède pas de moral non plus, toutes leurs colonies sont bloquées à 50%, ce qui, il faut le dire facilite pas mal la gestion. Et cela permet d'ignorer joyeusement les types de planètes et les anomalies présentes, ce qui en un sens compense pas mal le très lent démarrage des nouvelles colonies.
Précisons néanmoins que tout n'est pas au beau fixe pour notre peuple de cristaux vivants, puis qu’étant allergique à la Brume, celle produite naturellement sur chaque planète leur infligera de lourds malus sur leurs taux de production. Et leur arbre technologique (qui leur est de fait très spécifique) leur permettra de réduire ce malus, voire de définitivement « purifier » une planète, ce qui la privera à jamais de toute production de la précieuse matière (pour les autres factions).
La diplomatique, le commerce et la recherche de la victoire changent significativement sans Brume en jeu. L'Harmonie sera probablement jouée très souvent de façon très agressive.
Peut être est ce une question de style de jeu, mais je ne suis pas excessivement à l'aise avec cette nouvelle faction, tirant personnellement un grand plaisir à micromanager tous les aspects de mon empire, et en pesant le pour et le contre de chaque colonisation et de chaque construction. Ignorer la moitié des mécanismes de base du jeu est un peu frustrant, du moins en solo. En multijoueurs, les personnes un peu débordées par le fait d'avoir à jouer vite, et qui ne peuvent pas passer 30 minutes par tour à planifier l'ordre de construction optimisé pour chaque système apprécieront probablement l'Harmonie.
Sheredyn
Si vous aviez acheté le pack Empereur de Endless Space (qui coûte cinq euros) vous disposiez d'une seconde « apparence » pour la faction United Empire, nommée Sheredyn, cette faction est une sorte de garde impériale disposant de dorures du plus bel effet sur leurs vaisseaux et leurs armures. Cependant cela s'arrêtait la. Cependant avec Disharmony ils deviennent enfin une faction à part entière, avec leurs propres traits de faction, et leurs propres bonus et malus.
Les Sheredyn s'impose donc à présent comme une faction ultra agressive dont le style de jeu sera forcement la conquête et l'extermination de tous les autres empires. Ces derniers disposent d'un bonus empêchant les flottes adverses de prendre la fuite lors des combats, ce qui force les combats à mort. C'est d'autant plus amusant quand chaque vaisseau ennemi abattu offre une grande quantité de Brume, et que les héros Sheredyn placés dans une flotte pillent automatiquement les systèmes ennemis autour desquels ils sont en orbite, ce qui vous offre 30% de la Brume qu'ils produisent.
Ajoutez à tout cela de très nombreux outils pour engranger toujours plus de Brume (afin de payer les frais de maintenance de toutes vos flottes). Cela vous permettra de rentabiliser au maximum leur second trait de faction divisant par deux le prix des achats directs. Il ne reste plus qu'à ajouter des Dreadnought pouvant passer de 4 à 3 points de commandement dans les flottes, et vous avez la recette idéale pour partir en croisade au nom de l'empereur. Le gameplay est donc ici totalement opposé à celui de l'Harmonie du moins dans ses mécanismes, autant dire que vous le monde devrait y trouver son compte.
Il sera plus important que jamais de savoir quand faire la paix et quand faire la guerre, il est difficile d'affronter sept empires en même temps.
Batailles spatiales, bombardement des populations civiles et dogfight
Comme mentionné précédemment, Endless Space pêchait au niveau des combats. Que cela soit leur variété ou leur profondeur. Accessoirement la guerre était le moyen le plus facile, et de loin, en solo du moins, pour gagner avec beaucoup de factions. Cela ne sera dorénavant plus le cas, puisque la puissance militaire de vos flottes est à présent divisée en deux valeurs distinctes, la première qui utilisera tout l'armement et les défenses conventionnels permettra de résoudre les batailles spatiales, la seconde la puissance d'invasion ne s'appliquera que pour envahir les systèmes. Vous pouvez donc avoir une flotte extrêmement puissante, et être incapable d'envahir un pauvre caillou peuplé par quelques gueux pouilleux à défaut d'avoir de quoi les bombarder et de quoi débarquer des troupes.
Il en résulte donc plusieurs nouvelles difficultés fondamentales, que vous aurez à charge de résoudre. Il est par exemple possible de faire des vaisseaux équilibrés entre les deux rôles, cependant ils risquent alors de perdre contre une flotte optimisée pour les affrontements entre vaisseaux. Il est aussi possible de créer des flottes distinctes uniquement composées de vaisseaux optimisés pour l'invasion en plus des flottes conventionnelles, mais ces dernières seront alors incroyablement vulnérables si elles sont visées par l'ennemi.
L'interface de création de vaisseaux, le nouvel arbre technologique militaire qui a eu droit à une grosse refonte, et la gestion de tous ces vaisseaux spécialisés demanderont beaucoup d'efforts et de planification. Surtout qu'il vous faudra faire un certain nombre de recherches avant d'avoir des outils efficaces pour envahir une planète. Vous aurez même droit à des joyeusetés comme des modules de bombardement destinés à éliminer les populations civiles, d'autres qui seront destinés à éliminer les améliorations construites sur le système, et enfin à des troupes pour éliminer les troupes et les populations au sol.
Les systèmes planétaires ne seront pas non plus en reste, puisqu'ils pourront être équipés de canons défensifs, ou même d'une bombe à plasma géante afin de faire sauter toutes vos installations et votre population avant que l'ennemi ne s'en empare. La technique de la terre brûlée revient à la mode. Il ne sera plus donc plus possible d'entamer l'invasion d'une planète avec une pauvre flotte de base après seulement quelques tours et faire boule de neige, alors qu'une victoire économique, scientifique ou diplomatique est un travail difficile et de longue haleine.
Il vous faudra varier les types de vaisseaux,afin de bien exploiter leurs spécialités pour composer une flotte harmonieuse et efficace. L'interface de gestion des modules a aussi été améliorée et éclaircie.
L'élément le plus démonstratif parmi les additions à votre arsenal est l'ajout de chasseurs et de bombardiers dans vos flottes. Cela se fait de façon relativement simple, puisque c'est un module à ajouter à vos vaisseaux. Les bombardiers sont capables d'infliger de lourds dégâts aux vaisseaux ennemis, et de bombarder les planètes (deux en un) mais ils seront vulnérables face aux chasseurs (qui font les mêmes choses en moins bien). Ils ont aussi le mérite d'ajouter un aspect visuel plus épique aux batailles spatiales, si vous faites partie des joueurs ayant la patience infinie de jouer en mode manuel du moins.
Lesdites batailles ont eu droit à l'ajout de nouvelles options plus que bienvenues. Outre le rééquilibrage des différentes armes (faire une flotte uniquement composée de lasers ne sera plus forcement le choix optimisé), vous pourrez ordonner à votre flotte d'adopter une formation spécifique, ce qui permettra de protéger les vaisseaux les plus faibles comme les vaisseaux d'invasion, ou ceux ayant peu de vie, vous pouvez aussi décider de les sacrifier pour permettre à votre Dreadnought de survivre à cette volée de missiles contre lesquels vous n'aviez pas prévu de Flak. De la même façon, vous pouvez ordonner à votre flotte de répartir ses tirs sur toute la flotte adverse, si vous avez clairement l'avantage et que vous souhaitez l’anéantir directement, mais vous pouvez aussi leur ordonner de concentrer leurs tirs sur le ou les vaisseaux de tête adverse, afin de garantir l'élimination de quelques-uns de vos adversaires au moins.
Ce n'est clairement pas Starcraft 2, mais pour les avoir bien testés, ces différents choix ont un véritable impact. À présent on peut véritablement élaborer une stratégie réfléchie et cohérente de l'équipement de vos vaisseaux, à la composition de vos flottes, jusqu'à la formation, aux ciblages et aux actions de bataille. Il ne vous reste plus qu'à vous prendre pour Reinhard von Lohengramm et à partir à la conquête de l'univers.
Les actions de bataille ont aussi été un peu revues, vous ne pourrez plus directement utiliser en boucle la technique ingénierie qui assurait éternellement la survie de votre flotte de siège.
Divers
Notons pour finir les efforts faits par Amplitude Studios pour améliorer son jeu à chaque patch, cela peut sembler assez accessoire, mais dans un jeu de gestion où il vous faut gérer des dizaines de systèmes planétaires et autant de flottes, chaque amélioration de l'interface est un réel soulagement pour le joueur. Il sera dorénavant possible de programmer l'exploration de l'intégralité des lunes, et la résolution de l'intégralité des anomalies sur les planètes depuis le panneau de gestion de votre empire par exemple. Ou lesdites anomalies, leur nature sera enfin affichée bien en évidence en rouge, en orange ou en vert.
L'IA semble aussi avoir été modifiée, et même en mode Normal elle représentera souvent un challenge bien supérieur à ce quoi on avait été habitué jusqu'alors. Même si au niveau diplomatique elle se comporte parfois très bizarrement. Mais on a aussi droit à des situations plus réalistes et plus intéressantes, comme cette fois où je me suis fait déclarer la guerre par mes sept adversaires IA en deux tours de temps, pour avoir joué trop ouvertement expansionniste en milieu de partie.
On appréciera aussi le fait que le jeu puisse être joué soit en mode classique, avec l'ancien mode de gestion des batailles spatiales et de création des vaisseaux entre autres, si vous les préférez aux nouveautés. Vous ne serez donc pas condamnés à accepter les changements s'ils ne sont pas à vos goûts (de plus le jeu est toujours ouvert aux mods).
Heureusement qu'il sera possible de configurer la formation et le ciblage aussi en mode automatique, il y aurait de quoi devenir fou quand on mène plusieurs centaines de batailles dans la même partie.
Conclusion
Disharmony est un bon DLC valant largement ses dix euros, c'est d'autant plus vrai quand on prend en compte le fait que les précédents DLC étaient gratuits. Les deux nouvelles factions ajoutent des façons innovantes de jouer, et davantage d'adversaires afin d'agrémenter vos parties. Les batailles spatiales et les invasions ont aussi eu droit à de nombreuses améliorations qui raviront probablement les joueurs très expérimentés, mais elles risquent sérieusement de perdre les nouveaux joueurs. Comme souvent, ce DLC s'adresse donc à ceux maîtrisant sur le bout des doigts l'intégralité des mécanismes du jeu de base, et qui en veulent toujours davantage.
Sur une note parallèle, on regrettera cependant que le jeu ne permette toujours que des parties personnalisées en solo ou en multijoueurs, et qu'il n'y ait toujours pas de simili campagnes, de scénarios ou de missions défis, qui mettraient à l'épreuve les joueurs dans des conditions précises et qui aiment les choses un peu plus scénarisées et prévisibles.
