Dans cette nouvelle chronique, Millenium vous propose de vous attarder sur la face cachée des champions. Aujourd'hui, examinons Diana et voyons d'où vient son nom, d'où sort le personnage en lui-même.
Diana, fière combattante de la Lune, ne tient pas son nom de la princesse de Galles, à qui la route de nuit n'a pas vraiment porté chance. Diane (ou Diana si vous parlez latin) est la déesse chasseresse associée à la lune et à son homologue grecque Artémis.
Car si pour les athées sceptiques la lune n'est qu'un satellite (ou éventuellement un futur quartier où les milliardaires pourront profiter de leurs vacances d'été), elle trouve en revanche dans beaucoup de religions des dieux pour représenter son pouvoir. Des dieux dis-je ? Plutôt des déesses en réalité, car la lune est généralement associée au féminin. J'ai même ouï-dire que le terme « lunatique », qui désigne un caractère changeant et versatile, proviendrait, tenez-vous bien, du cycle menstruel de la femme, supposé calé sur le mouvement de la lune. Mais, n'utilisons pas ces inepties étymologiques pour expliquer la colère de Diana. Son histoire est plus tragique que cela, m'enfin ! Car si représenter la lune est souvent une affaire de femme, c'est aussi une affaire de famille et de résistance.
La lune n'a pas attendu League of Legends pour se faire prier : la Diana que l'on rencontre dans la faille de l'invocateur trouve pas mal de points communs avec la Diane chasseresse. Bien sûr, Diana est un champion, et non une divinité. Mais comme l'ex-Solari, la Diane antique est décrite comme une reine de la nuit, fière, un poil orgueilleuse, et arborant sur le front la marque d'un croissant de lune. Diane est la sœur jumelle d'Apollon, un dieu associé à tout un tas de choses, dont parfois le soleil. En fait, pour beaucoup de religions polythéistes, les astres sont une affaire de famille. Dans la mythologie japonaise, le dieu de la lune Tsukuyomi (une fois n'est pas coutume, c'est un garçon !) est le frère de la déesse du soleil Amaterasu. Pour une bête histoire de meurtre, sa sœur se fâche et s'en va bouder dans une autre région du ciel : ceci expliquerait l'alternance du jour et de la nuit. Charles Trenet s'est trompé : c'est la lune qui a rendez-vous avec le soleil et qui se fait poser un lapin. Une bonne raison pour venger l'astre nocturne.
Détail du tableau de François Boucher, Diane Sortant du bain. (1852)
Or Diana est surtout remarquable pour son caractère vengeur et belliqueux. D'où cela provient-il ? Peut-être bien d'Amérique du Sud, figurez-vous. Chez les Aztèques, la déesse de la lune s'appelle Coyolxauhqui : non seulement elle a un nom qui ne déconne pas, mais qui en plus est une vénère de la life. Intriguée par l'étrange grossesse de sa mère, elle pousse ses frères et sœurs à la tuer. Au lieu de quoi elle sera elle-même exécutée par le bébé sorti tout en armes du ventre maternel. Ça ne s'invente pas. Cette légende démontre la supériorité du soleil sur la lune. Et ce n'est pas très sympa pour l'astre lunaire qui éclaire lui aussi la terre des hommes. Pas étonnant que Diana l'ait mauvaise.
La pierre de Coyolxauhqui, découverte en 1978. Vestige Aztèque.
En somme, sachez que représenter la lune en choisissant Diana pour combattre vos ennemis n'est pas un geste anodin : vous porterez non seulement un symbole féminin, mais en plus vous défendrez un culte minoritaire et bafoué. Autant dire que vous ne choisissez pas le camp qui part gagnant.
Zag