Millenium.org : Salut ! Tu as récemment changé d'équipe, tes premiers pas avec tes nouvelles coéquipières se passent-ils bien ?
Mathilde "Sephi" Koenig : Mes premiers pas se passent très bien. Ce sont des joueuses que je connais et avec qui j'avais eu l'occasion de jouer à plusieurs reprises. Elles m'ont chaleureusement accueillie et, même si intégrer une équipe déjà en place est délicat, elles m'ont de suite mise à l'aise, aussi bien in-game qu'en dehors du jeu.
Tu as intégré une formation étrangère, y a-t-il eu des difficultés entre vous en raison de vos différentes cultures ? Est-ce difficile de s'impliquer sur CS:GO en conciliant quatre nationalités ?
Il n'y a eu aucun souci. Ca fait maintenant presque un an que je joue dans des formations internationales, je commence donc à être habituée. Je pense qu'il est presque plus facile de s'impliquer dans une équipe où justement, toutes les joueuses ont une nationalité différente, à partir du moment où tout le monde est apte à communiquer en anglais bien sûr. Ça permet de ne mettre personne à l'écart, contrairement à ce qui se passe lorsque 3 voire 4 joueuses viennent d'un même pays et communiquent entre elles dans leur langue natale pendant que les deux autres n'y comprennent rien et regardent le plafond.
Tu as choisi une équipe composée de joueuses de plusieurs nationalités, qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce choix ? Quels en sont les avantages ?
Je n'ai pas choisi cette équipe parce qu'il y a plusieurs nationalités. Je l'ai choisi car je connais les joueuses qui la composent et je sais qu'avec du travail, on peut aller loin. J'ai juste l'avantage de savoir parler assez bien anglais, donc ça me donne un peu plus d'opportunités que si je voulais rester avec une équipe 100% française. Hormis ce point-là, il y a, à mes yeux, plus d'inconvénients à avoir une équipe internationale : notre budget lan est bien plus conséquent, on a plus d'écart de ping, l'anglais n'est la langue natale d'aucune d'entre nous donc il arrive parfois qu'on ait du mal à se comprendre, etc.
Auparavant tu as joué avec des Françaises, le style de jeu varie-t-il en fonction des pays ? Il y a deux Suédoises dans ton équipe, connais-tu désormais le secret de la réussite de leur pays sur Counter-Strike ?
Il m'est difficile de comparer mes expériences en France et à l'international. J'ai passé 5 ans dans la même équipe sur Counter-Strike:Source où il n'y avait pas beaucoup de compétitions et on jouait plus pour le plaisir, avec beaucoup moins de sérieux tandis que je suis passée à une team inter à la sortie de Global Offensive dans le but de remporter l'ESWC. Les enjeux n'étaient pas les mêmes, donc forcément, l'entrainement et le style non plus. Après, pour associer un style à un pays, c'est également chose délicate, car il n'y a pas assez d'équipes pour pouvoir généraliser.
Concernant la Suède, je ne pense pas qu'il y ai de secret spécifique à leur pays. Ils ont juste la chance de regrouper les meilleurs joueurs mondiaux, mais je ne pense pas que ce soit directement lié à leur pays.
Tu participes régulièrement aux tournois onlines comme les tournois féminins organisés par l'ESL, cette compétition est-elle une réussite ou est-elle délaissée ? A ton avis, quelles en sont les raisons ?
Je ne considère pas les compétitions organisées par ESL comme des compétitions phares, pour la simple et bonne raison que très peu de teams y participent. En général, ce sont plutôt des mixs qui se créaient pour jouer le temps d'une après-midi et de s'amuser. Ces cups sont sans enjeu, c'est sans doute pourquoi peu d'équipes sacrifient leur dimanche après-midi pour les jouer. Dès lors qu'il y a des lots à gagner, même minimes, les filles sont tout de suite plus motivées pour participer avec leurs équipes et répondent généralement présentes comme lors de la cup Sennheiser organisée par la CPH Games qui avait alors regroupé toutes les meilleures équipes européennes.
Tu as débuté ta carrière sur Counter-Strike : Source, quelle comparaison ferais-tu entre sa scène féminine et celle de Global Offensive ? Quel chemin lui reste-t-il à parcourir sur le nouvel opus de VALVE ?
Comme je l'ai dit un peu plus haut, les enjeux n'étaient pas les mêmes sur Source qu'ils le sont désormais sur Global Offensive. Sur Source, il y avait 2-3 équipes qui rivalisaient pour être considérées comme la meilleure de France, mais on n'avait aucune compétition nous permettant d'obtenir « officiellement » ce statut. On a juste eu le droit, sur la fin, à un championnat d'Europe qui permettait aux sélections nationales de s'affronter, mais rien de plus.
A l'heure actuelle, la scène féminine est beaucoup plus sérieuse et impliquée, mais également beaucoup plus tournée vers l'international qu'elle ne l'était avant. On a plus d'opportunités de s'affronter et de remporter des titres. L'avantage de ce développement, c'est aussi que ça force les filles à surveiller leur image et j'ai l'impression que les gens nous prennent un peu plus au sérieux qu'avant.
La scène féminine et celle masculine sont très séparées, penses-tu qu'il y ait des différences en termes de stratégies entre les formations féminines et masculines ?
Je ne pense pas qu'il y ait de grosses différences. Evidemment il y en a, mais elles sont minimes et principalement lié au comportement : les hommes ont tendance à foncer dans le tas et surprendre, alors que les filles ont tendance à plus prendre leur temps, quitte à réfléchir un peu trop. Ce que je viens de dire ne s'applique bien évidemment pas à tout le monde, mais c'est l'impression que j'ai.
J'imagine que tu regardes avec tes coéquipières des replays ou des matchs, est-ce que vous vous inspirez d'une équipe en particulier pour développer votre jeu ? Ou préférez-vous créer votre propre identité de jeu ?
Chaque joueuse est différente et a sa propre façon de jouer. Il est donc difficile de calquer notre jeu sur une équipe spécifique, mais ça ne nous empêche pas de récupérer des idées à droite à gauche et de les adapter à notre style.
Tu as fait tes preuves en France, puis tu t'es dirigée vers la scène allemande et maintenant tu t'orientes vers le Nord-Est de l'Europe. Penses-tu que la France fait figure d'un ovni féministe par rapport aux autres pays ?
La France n'est pas le seul pays à s'investir dans l'eSport féminin. On a juste la chance d'avoir pas mal d'équipes, ce qui aide énormément, mais c'est également le cas outre-Rhin où plusieurs tournois sont régulièrement organisés.
Avec tes nouvelles coéquipières, vous êtes en tête de l'Arena-League, vous préparez vous à participer à la compétition organisée par Playing Ducks ? Pensez-vous vous inscrire à une compétition mixte comme l'ESEA Open ou les A-Series sur l'ESL ?
Nous avons déjà participé à la première cup de qualification Playing Ducks que nous avons remporté, on a donc une place pour la phase finale. On participera tout de même à la seconde qualification dimanche prochain pour nous entrainer. Concernant l'ESEA, nous nous inscrirons la saison prochaine et pour les A-Series, nous n'avons pas encore décidé.
Tu m'avais dit que vous projetiez de participer à la DreamHack Summer, ce projet a-t-il avancé ?
Ce projet a bien avancé oui puisque je serai dans un avion lundi prochain pour me rendre en Suède. J'y retrouverai mes coéquipières et, après un bootcamp de 4 jours, nous nous rendrons à la DreamHack pour participer au tournoi mixte.
Tu as participé à l'Online Series #1 des Masters avec l'équipe de Marie « Chelxie » Gomez. Est-ce que tu participeras à la phase finale si vous y obtenez une place ?
Je n'ai participé à l'Online Series qu'en tant que last afin de dépanner l'équipe de Marie. Si pour d'autres évènements elle a besoin d'une last, je la dépannerais sans soucis mais je lui souhaite bien évidemment de trouver des coéquipières d'ici là.
Counter-Strike : Global Offensive fait régulièrement l'objet de mise à jour, que penses-tu des dernières et notamment de la mise en place de l'Overwatch ? Quelles modifications attends-tu ?
Les mises à jour régulières sont une très bonne chose. Ça montre que le jeu n'est pas abandonné par ses développeurs et qu'ils sont à l'écoute de la communauté. Pour moi, le jeu est bien comme il est donc je n'attends pas de modifications spécifiques mais je suis toujours contente lorsqu'ils intègrent de nouvelles fonctionnalités, comme par exemple le système d'Overwatch.
Le niveau général de CS:GO a franchi un nouveau cap, plusieurs équipes titillent désormais les Ninjas in Pyjamas. Quelle serait ta DreamTeam à l'heure actuelle (masculine, féminine ou mixte) ?
J'ai beau suivre la scène masculine, je n'ai pas vraiment d'équipes ou de joueurs favoris donc difficile de constituer une DreamTeam. Pour la scène féminine, je crois au potentiel de mon équipe, donc je dirais la line up actuelle de Druidz !
Je te remercie de m'avoir accordé un peu de ton temps et je te laisse le mot de la fin.
Merci à toi pour cette interview. Merci à mes coéquipières pour être géniales avec moi et merci à Team-Druidz et Ozone de nous accorder leur confiance et de nous soutenir. Si vous le souhaitez, vous aurez la possibilité de suivre le déroulement de notre bootcamp et de la DreamHack via la page officielle de l'équipe et via ma page personnelle sur Facebook, ainsi que sur mon twitter.
Crédit photo: © www.faculty.de / Oliver Wagner & Druidz.se
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