Ragequit, phrases assassines, insultes, arguments de tous types censés justifier l'infériorité de l'adversaire... Loin devant le syndrôme du canal carpien, la rage est le fléau le plus répandu dans la communauté.
Si la rage de "certains" (pro, Zerg, américain, ex-Evil Geniuses) fait rire la plupart des spectateurs, elle en agace bien d'autres voire les plonge dans le désespoir. Dans un récent post, on peut lire la détresse d'un joueur particulièrement rageux. On aurait pu penser que l'auteur n'était autre que "certains", pourtant il n'en est rien, il s'agit d'un joueur lambda.
Une chose est donc sûre : nous avons tous, viewers ou progamers, ligue bronze ou grandmaster, fille ou garçon, ragé à un moment donné de nos sessions ladder. Alors pourquoi rage-t-on ?
Rage, cheese et badmanner
La partie se lance. Vous découvrez la race de votre adversaire ainsi que la map sur laquelle vous allez l'affronter. Vous mettez en place votre stratégie, vous mentalisez au Build Order que vous allez utiliser, au Timing auquel vous attaquerez. Vous en ratez les deux Gates en train de morpher dans votre base principale. Les trois premiers Zélotes de votre adversaire arrivent dans votre ligne de minerai. Vous paniquez. Il vous écrit "gtfo", "l2p noob", "lol ur so bad", "gg". Votre sang ne fait qu'un tour. Vous avez envie d'entrer dans votre écran, ressortir de son côté du monde et le tuer, littéralement.
Le badmannerisme est la première cause de rage, le cheese la seconde. Couplez les deux, votre cerveau explose. Pourtant, ce n'est pas une partie de jeu vidéo que votre adversaire vient de gagner, c'est la guerre psychologique. Yoda (le petit bonhomme vert, pas le joueur LG-IM) vous le dira mieux que moi : la colère mène à la souffrance.
La solution ? Calmez-vous et retenez la leçon : à partir de maintenant, vous scouterez votre base principale. L'humilité est l'unique moyen de vaincre cette rage, car ce faisant vous transformez une émotion négative en quelque chose de constructif qui vous servira dans l'avenir. Bien sûr, c'est plus facile à dire qu'à faire. Pourtant vous seriez surpris du résultat.
Déséquilib-rage
Sous la pression de la défaite, la plupart des rageux invoquent l'imbalance du jeu. Imaginons que le jeu soit réellement déséquilibré, et par là j'entends : votre adversaire est armé d'une mitraillette et d'une infinité de munitions tandis que vous n'avez qu'un cure-dent et une petite cuillère. Comment se fait-il alors qu'il existe des rageux dans chaque race, et qu'ils ragent contre toutes les autres races ?
L'imbalance du jeu n'est qu'une des excuses que le rageux se cherche pour justifier sa défaite. Il se sent démuni de n'avoir pas su défendre un cheese ou de n'avoir pas suffisamment bien micro ses unités. Aussi la rage n'est-elle que l'expression de la frustration. Rarement verrez-vous un progamer rager lorsqu'il a joué à son meilleur niveau et que son opposant a tout simplement été meilleur que lui. La frustration naît d'une unique raison : lorsque le joueur s'est déçu lui-même et qu'il n'arrive pas à évacuer sa déception.
Il existe des joueurs très manner et humbles dans chaque race, citons notamment Grubby, Polt ou Dimaga. Ces joueurs streament régulièrement sur leur chaîne Twitch.tv. Allez y faire un tour et regardez-les progresser dans leur ladder. Vous n'y verrez pas seulement du beau jeu mais un comportement général face à la défaite, et cela vous guidera.
Il fait trop chaud
Une autre des excuses souvent invoquées lors des défaites en LANs se situe au niveau des conditions de jeu. Récemment un joueur se plaignait de la qualité des ordinateurs. On a aussi entendu des joueurs se plaindre de la chaleur en LAN. Il est vrai que certains sont plus sensibles que d'autres aux changements par rapport à leurs conditions habituelles de jeu.
Mais là encore, certains ont trouvé la parade. Par exemple, Flash est connu pour emporter une règle avec lui dans les événements offlines. Il dispose ainsi son clavier à l'emplacement exact pour reproduire les mêmes conditions que chez lui. Dans son Daily #100, Day9 décrit comment Fr0z s'entraînait dans toutes les conditions. Il jouait en anorak, montait ou baissait sa chaise, jouait sans chauffage en hiver pour pouvoir s'adapter à n'importe quel environnement.
Un vrai sport
Quand on est passionné par quelque chose, on y met du coeur. La rage est parfaitement naturelle et n'est en aucun cas liée à la violence présumée inhérente aux jeux vidéos. Les joueurs d'échec ragent aussi.
C'est l'équivalent virtuel du coup de boule de Zidane. Mesquine, sûrement. Peu glorieuse, certes. Mais la rage n'est en pas moins l'une des nombreuses preuves que l'eSport est un sport à part entière. Notre sport.
Crédit vidéo : Zidwait