Depuis quelques semaines les lans s'enchaînent, et ne se ressemblent pas. D'après leurs résultats on pourrait dessiner une hiérarchie au sein de la communauté Decerto française. Si nous nous garderons bien de le faire, chez les joueurs on ne joue pas la même musique. Un vrai rapport de force s'installe en amont des matchs eux même, selon les performances de chacun durant les compétitions précédentes. Ce rapport de force est propice à un phénomène courant dans la communauté Call of duty : le « chambrage ». Et nos joueurs français ne sont pas en reste, oui certains sont de véritables chambreurs, quelques-uns sont même experts en la matière.
Une réelle guerre psychologique se met en place pendant les matchs. Notamment aux travers du Trash-talking (le « parler poubelle »). Anglicisme qui désigne l'action de parler mal à un joueur afin de le sortir de son match en le déconcentrant. Ainsi il n'est pas rare en compétition d'entendre les insultes fuser, certains élèvent la moquerie au rang de poésie. Ce sont de véritables Comedy Club auxquels peuvent assister les spectateurs. Car si le but est de déstabiliser l'adversaire, l'objectif secondaire est de faire rire. Le pouvoir comique, et les punch-lines bien senties participent à la popularité des joueurs auprès du public, mais aussi au sein de la communauté en elle-même. Car le jeu est dangereux à pratiquer, en effet, un mauvais trash-talker se verra alors à son tour moqué.
Le trash-talking devient donc une arme, et une composante essentielle de la compétition sur laquelle parfois les coachs s'appuient afin de remotiver leurs équipes. Comment parler de motivation sans parler de Surion, membre de l'équipe Millenium, qui a bien des occasions a fait usage de ses cordes vocales afin de tirer ses joueurs vers le haut. Pourtant considéré comme quelqu'un de posé et respectueux au quotidien David n'hésite pas à arborer un langage fleuri si celui-ci peut lui faire gagner un match. On pourrait presque parler d'état second, dans lequel l'intensité de la compétition galvanise les acteurs de la compétition.
La motivation n'est pas le seul résultat recherché par les adeptes du trash-talking. La déconcentration rentre alors en jeu. Et l'un des meilleurs dans ce domaine est sans doute Kevin « Broken » Georges, ancien membre du roster Millenium, actuellement chez aAa. On se remémorera ses joutes verbales avec les Fariko lors de la Reflex GT9 ou de ses envolées lyriques pendant le match de qualification au Cod XP à Cologne face aux Supremacy de Lowan, Agonie, ZylewR et Getsom.
La technique est simple, hurler sur l'adversaire afin de l'énerver au maximum, dans le but de lui faire perdre tous ses moyens. Cependant le trash-talking peut alors montrer ses limites, car seuls les joueurs les plus jeunes, et ceux ayant un mental défaillant sont sensibles à ce genre de pratiques. Pour les autres il s'agit seulement d'un regain d'intensité, voire de motivation. Le trash-talking se révèle alors être une arme à double tranchant.
Il faut dédramatiser l'usage du trash-talking, on ne peut le considérer comme une réelle nuisance au jeu et à la compétition. Il s'agit plus de folklore et de théâtralisation de l'évènement. Il s'avère même que joueurs et spectateurs se révèlent friands de ces échanges verbaux musclés. Si motivation et déconcentration sont les maîtres mots il ne faut pas oublier le respect que les joueurs manifestent les uns envers les autres. Chaque match se termine par un serrage de mains voir des embrassades. Si ils ne sont pas tous amis, il ne faut pas perdre de vue que les joueurs compétitifs se considèrent les uns les autres.
D'ailleurs le « chambrage » se poursuit de manière amicale parfois bien après la compétition, sur les réseaux sociaux, où certains joueurs ou membres de la communauté font office de véritables animateurs. On citera notamment Nani de Gamoniac, ZylewR de PlayHard, Elsi, ou encore le jeune Wiizr de chez Avenger. La communauté française renvoie une image saine et de camaraderie qui rend tous ces joueurs sympathiques aux yeux du public. On espère que cela continuera d'aller en ce sens, sans quoi l'adhésion du plus grand nombre à la sphère compétitive sera plus laborieuse.
Maru Nara