Prenez votre respiration avant de vous plonger dans cette interview-fleuve passionnante et passionnée de MoMaN qui nous fait découvrir d'autres facettes de sa personnalité et de son double métier de joueur/commentateur.
- Partie n°1 - Allo MoMaN : son caractère, sa famille, sa babou
- Partie n°2 - MoMaN et l’eSport : analyse, parcours, souvenirs et nation wars
- Partie n°3 - MoMaN d’anthologie : ElkY, ToD, Stephano et Millenium
- Partie n°4 - Inside MoMaN : Team LDLC.com, ASUS ROG, Pomf & Thud
- Partie n°5 - L’actu du MoMaN : StarCraft 2, ShootMania, France-Espagne
[M] BigCrook : Salut MoMaN ! Je te propose un peu de littérature pour commencer cette interview. Penses-tu que l’expression « Wouallez ! » figurera dans la prochaine édition du Petit Larousse ?
[LDLC/ROG] MoMaN : [rires] Je ne sais même pas quoi dire : la question de littérature, la question qui tue ! Ce serait énorme mais non loin de là ! Et puis ce serait mieux qu’elle reste cachée dans un coin, derrière des arbres pour qu’à tout moment, on puisse surgir et hurler « Wouallez ! »
On ne te présente plus et j’invite nos lecteurs à lire ta fiche de présentation s’ils veulent connaître ta bio en détails. Mais je voulais tout de même avoir ton autocritique sur ton caractère. Quelles sont tes principales qualités ? Tes plus gros défauts ?
Alors déjà niveau défaut, mon français reste… euh… laisse à désirer ! Et puis pour le shoutcast, il faut aussi que je travaille ma diction. Pour ce qui est des qualités, je dirais ma motivation, ma volonté et ma bonne humeur… et « toujours à l’heure » !
Sportif et eSportif de haut niveau, tu as la compétition dans les gènes. Le goût de se dépasser pour être le meilleur est-il héréditaire dans la famille Marquez ?
Non, je suis l’exception qui confirme la règle ! Mes parents et ma famille ne sont pas du tout des compétiteurs mais ils sont toujours là pour me soutenir et je dirais que c’est grâce à eux si je suis arrivé à percer dans le sport et dans l’eSport. D’ailleurs, pour la petite histoire, à la base j’étais sportif à fond, j’ai eu des problèmes avec mon genou et j’ai été arrêté un an. J’allais au collège Henri IV à pieds et je passais tous les jours par le même chemin pour y aller. Un jour, je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête mais j'ai pris un autre chemin où il y avait un cyber café. J’ai vu de la lumière alors je suis entré… et c’est là que j’ai découvert l’univers des jeux vidéo sur PC. A partir de là, j’y suis revenu et je me suis mis à jouer vraiment à fond avec des mecs qui étaient super bons. Direct, je suis rentré dans le bain de la compétition d’abord sur Duke Nukem. J’ai rencontré des personnes vraiment sympas et je me suis fait vraiment fait plaisir.
Tu as donc fait le choix et tu as la chance de pouvoir vivre à 100% de ta passion des jeux vidéo puisque, depuis deux ans, c’est devenu ton métier. Sur StarCraft II, tu as d’ailleurs été le premier joueur français à passer professionnel à temps complet. Quelle a été la réaction de ta famille et de tes proches quand tu leur as fait part de l’orientation que tu donnais à ta vie professionnelle ?
Au début, ils étaient réalistes et ils avaient peur que je fonce droit dans un mur. Ils avaient raison car l’eSport, c’est très dur dans le sens où tu ne peux pas en vivre facilement. Ils m’engueulaient souvent parce que je jouais trop et c’était logique. Mais après, quand j’ai commencé à me faire connaître et à rentrer de l’argent, ils ont changé d’avis. Ils m’ont aidé en m’encourageant avant même que je signe mon premier contrat pro chez Cyber Nation. En voyant mes interviews à la télé, ils ont compris que c’était ma passion. En même temps, j’allais en cours et je travaillais. Car s’ils étaient ok sur le fait que je me consacre à ma passion, ils ne voulaient pas que je mette mes études de côté, ce qui est normal car tu ne peux pas tout miser sur l’eSport et il te faut une autre branche à laquelle te raccrocher au cas où ça tombe à l’eau. Donc tout au début, ils étaient vraiment contre car il faut le dire, je jouais beaucoup trop. Et de fil en aiguille, ça s’est bien passé, j’ai fait la part des choses et mes parents aussi.
Dans une interview accordée à Henri Rouillier pour le Nouvel Obs, tu expliques que malgré toute la passion dévorante que tu as pour les jeux vidéo, je te cite : « il faut éviter de s’enfermer, c’est primordial » car « ça permet de maintenir un certain équilibre entre les choses ». N’est-ce pas là aussi une de tes clés pour expliquer ta longévité dans l’eSport ?
Oui, je ne pense pas être le seul à faire ça mais c’est un point important de savoir sortir de ta bulle devant ton PC. Sortir pour aller voir ses amis, faire du sport, prendre du temps pour soi et avoir du recul sur soi, tout ça, c’est vraiment important. Les évènements aussi, ce sont des moments importants où les gens peuvent nous voir et c’est important d’aller vers le public. Je suis quelqu’un de très sociable, je m’intéresse aux gens et je n’ai pas ma langue dans ma poche donc je vais les voir, je leur parle, je mets la bonne ambiance et on se tape des bons trips. Effectivement, c’est peut-être ça aussi qui fait ma longévité. Car ces derniers mois, pour être honnête, je ne suis pas au niveau que j’ai pu avoir au début sur StarCraft II. J’ai perdu mon niveau parce que j’ai beaucoup de projets en parallèle mais c’est aussi grâce à ça que je peux continuer à vivre de ma passion.
Je suis joueur professionnel de StarCraft II mais je joue aussi à d’autres jeux pour couper un peu car quand tu joue plusieurs heures de suite à SC2, il y a un moment où tu tiltes et il ne vaut mieux pas que tu continues car tu joueras pour rien. En ce moment par exemple, quand je tilte, je m’amuse un peu à ShootMania, à Defiance et un peu à Ragnarok, juste une heure de temps. Sinon on sort et on va faire un petit tour avec babou pour se faire un ciné ou un resto pour se changer les idées. Si je restais H24 devant mon ordi, je pèterais un câble et j’exploserais, surtout à 30 ans.
IRL, tu vis le grand amour avec babou. Dans une interview accordée à Roxy pour MadmoiZerg, elle raconte que tes premiers mots à son égard ne laissaient pourtant pas présager une aussi belle histoire, je la cite : « Eh j’ai entendu dire que vous avez recruté une nouvelle p*** chez Millenium ? ». Quel séducteur ! As-tu pris des cours de Shrek ?
[rires] Alors, la première fois que je l’ai connue, j’étais chez ZeratoR de chez Millenium. Il m’avait invité chez lui à Montpellier à l’époque, je ne me rappelle plus pour quelle occasion. Je jouais avec lui et quelqu’un d’autre de chez Millenium à SC2 qui nous dit qu’il y a une certaine babou qui bosse chez nous. Ca m’a fait bizarre car quand je fais partie d’une structure, j’aime bien connaître tous les gens qui y sont, que ce soient les joueurs, les shoutcasteurs, les rédacteurs, les gens des autres sections car pour moi, une équipe c’est une famille et tout le monde doit se serrer les coudes. Comme je ne connaissais pas babou, j’ai effectivement lâché cette phrase sur le ton de la déconne et direct l’autre est allé lui raconter que je l’avais traitée. A partir de là, j’avoue que ce n’était pas les Feux de l’Amour. Même pour rigoler, ce n’était pas bien d’avoir dit ça. Quand babou a su ce que j’avais dit à son sujet, elle est venue directement me voir pour m’engueuler et pour que je lui présente mes excuses, ce que j’ai fait. Je lui ai expliqué que j’étais désolé car des fois, je dépasse les bornes à force de trop parler. Suite à ça, on ne s’est pas adressé la parole pendant toute une période. Après, on s’est revus lors d’événements et on a appris à se connaître en tant que « potes ». Puis de fil en aiguille, on est devenus amis et quelques mois plus tard, on a eu le déclic et ça dure depuis deux ans et quatre mois. Aujourd’hui, on habite ensemble et si un jour, on a des enfants, j’imagine mon petit me dire : « Hé papa, comment t’as connu maman ? » et moi de lui répondre : « Tout simplement, je l’ai traitée de p*** et voilà ! » xD
Blague à part, tu œuvres pas mal pour aider les filles à se faire une place au soleil de l’eSport en soutenant à fond la communauté MadmoiZerg et les line-up 100% féminines SC2 et ShootMania de Team LDLC.com. Mar_Lard, gameuse et féministe, a rédigé tout un dossier pour dénoncer le sexisme chez les geeks. Quel est ton point de vue sur ce sujet délicat ?
C’est vrai que c’est un sujet délicat. Personnellement, j’ai toujours voulu voir des femmes dans l’eSport et quand je dis ça, je ne parle pas des babes mais de joueuses qui défient les mecs et de spectatrices dans le public. C’est très important pour promouvoir l’image de l’eSport. D’ailleurs quand les caméras sont là, elles sont braquées sur les 6 demoiselles présentes à l’événement alors qu’il y a 200 mecs à côtés, joueurs pros et autres, ce qui est normal car elles sont en minorité. C’est un débat qui peut aller très loin, je suis loin d’être sexiste ou macho, je milite pour que la place accordée aux femmes dans l’eSport soit plus grande. Après dans ce monde-là, les gens derrière des PC qui parlent des femmes sont pour la plupart assez primaires. Il n’y a qu’à voir sur un stream dès qu’une femme est montrée à l’écran, on peut lire des commentaires du style « t’es trop bonne », « j’te baise » ou autres. C’est très dur pour les filles et d’un point de vue extérieur, on peut dire que c’est sexiste mais il y a une évolution qui va dans le bon sens. Avant, il y a 15 ans, il n’y avait presque pas de filles et aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses, donc ça avance, pas très vite mais ça avance dans la bonne direction.
Image de Une de l’émission MoMaN’s GirlZ
