Édito : Plus loin, plus vite
L’édito est toujours un exercice compliqué. Votre supérieur a toujours le don de vous le confier en vous coinçant dans le coin d’une pièce, sans que vous puissiez vous échapper, ou bien en mettant 40 personnes en copie de son mail, y compris votre grand patron (celui dont le visage est dissimulé par la fumée de son cigare et les gaz d’échappement de sa Ferrari). Comme tous les journalistes de la presse jeu vidéo, j’ai donc la joie indicible et le plaisir inavouable d’avoir à me livrer une nouvelle fois à cet exercice, après une très longue pause, qui ma foi me parait soudainement trop courte. Pour cet éditorial j’ai choisi un sujet de société brulant qui déchaîne les passions : l’accélération de la sortie du contenu sur World of Warcraft.
À une époque lointaine dans les univers virtuels, et pas si lointaine dans le monde réel, j’étais encore un étudiant jeune et insouciant qui pouvait jouer à WoW plusieurs heures par jour. Un temps d’activité plus important que celui de mes compagnons de guilde dont beaucoup n’étaient là que le soir, devant faire acte de présence familiale, s’occuper de femme et enfant au lieu de plonger à corps perdu dans le monde de Warcraft. Évidemment, en ayant le luxe de pouvoir jouer autant, je ne passais pas mon temps à faire le tour d’Ironforge ou de Dalaran en monture, mais je profitais du jeu avec les moyens à ma disposition. Une fois exploré tout le contenu possible avec mon personnage, je passais inévitablement par la case reroll, puisque j’avais du temps et que World of Warcraft offrait des possibilités d’amusement déjà importantes en ce temps-là (« Le monde de Warcraft à la Vanille », « Le monde de Warcraft : La croisade qui brûle » ou « Le monde de Warcraft : le pétage de câble du Roi-Liche »).
La croisade qui brûle, première extension de WoW, sortie près de deux ans après Vanilla
Puis, comme le disaient si bien les Inconnus : « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se pourfend ». Le contenu était nettoyé, séché, vidé, ratissé, raclé et à part monter de nouveaux personnages, ou, suprême horreur, faire du PvP, il ne me restait rien à faire sur Azeroth. D’autant qu’à l’époque la possibilité de tout faire facilement n’était pas la même qu’aujourd’hui : pas de Raid finder, pas de recherche de groupe, pas de zones bas niveau refaites, il y avait moins de quêtes journalières intéressantes ou de choses amusantes à faire. Le rythme de sortie des patchs était assez variable et on pouvait rester de longs mois avant de pouvoir profiter de nouveau contenu.
Mais tout cela c’était avant ! Le monde de Warcraft a beaucoup changé avec le Cataclysme et les abonnés qu’il a fait perdre. Aujourd’hui, Blizzard a enfermé des dizaines de nouveaux développeurs dans son atelier de confection de MMO, dans le troisième sous-sol de son usine secrète souterraine à Irvine. Le studio arrive à tenir des délais de publication de patch régulier, puisque pour Mists of Pandaria les choses semblent parties pour des dates de sorties prévisibles et raisonnables, avec une mise à jour de contenu tous les deux à trois mois.
La firme californienne propose donc pléthore de contenu pour tous les types de joueurs : hardcore, casus, fans de PvE ou de PvP, amateurs de hauts faits, de journas, de montures, de mascottes, de discussions olé olé à l’auberge du Goldshire, j’en passe et des meilleures, il y a toujours quelque chose à faire dans WoW. Elle est loin l’époque de Vanilla ou il fallait farmer les furbolgs à Gangrebois et les élites à la main de Tyr dès qu’on avait un peu de temps. Désormais le contenu est riche, accessible et Blizzard a retenu les leçons de Cataclysm.
Cataclysm, l'extension aura laissé plus de mauvaises impressions que les précédentes
On est passé d’une situation à l’autre, et l’Homme étant ce qu’il est, cela ne pouvait évidemment pas faire plaisir à tout le monde. Si les choses étaient considérées comme trop lentes auparavant, elles sont maintenant vues comme étant trop rapides par une frange beaucoup plus minime de joueurs. Le rythme parait en effet rapide, tant on n’avait pas été habitué à une telle rapidité et que ceci arrive après plusieurs mois de désert entre la fin de Cata et le début de MoP. En tant que joueur, c’est une chose que j’apprécie énormément, puisque les longues périodes d’ennui ont laissé la place à un rythme de croisière soutenu, dense, et intéressant. Le contenu n’a jamais autant afflué et pouvoir se connecter en ayant quelque chose à faire quel que soit le temps dont on dispose est un vrai plaisir.
En tant que journaliste, je sauterai moins haut au plafond puisque le portail WoW de Millenium travaille maintenant à un rythme effréné, avec des périodes de « répit » trop courtes entre chaque mise à jour. Sitôt le travail terminé il faut tout recommencer, présenter le nouveau contenu, produire de nouveaux guides sur le contenu, mettre les anciens à jour. Le flux d’informations importantes à gérer est devenu incessant, et le rythme de sortie des patchs sera le même pour les prochains mois. On est passé de mois de calme, à des journées bien remplies, d’autant que Blizzard enrichi sa communication d’année en année et augmente ainsi le flot des données en plus des mises à jour faites les royaumes publics de tests.
Les nouveaux patchs de WoW proposent un rythme de sortie régulier
Pour vous lecteurs, c’est une bonne nouvelle, pour nous, à la rédaction, cela rend le travail plus dense et intéressant, mais ne nous laisse que peu de répit. À tout prendre, je préfère tout de même un WoW plein de vie avec du contenu très régulier que les mois qui ont séparé le patch 4.3 et le début de Mists of Pandaria, comme tous les lecteurs et comme tous les rédacteurs du portail WoW, je reste avant tout un joueur. Et vous, appréciez-vous ce changement ? Trouvez-vous cela trop rapide ? Ou bien y apporteriez-vous juste quelques changements ?