Ni Xel’Naga, ni Maître
La force des bonnes oeuvres de fiction, c’est d’imbriquer la grande et la petite histoire, c’est-à-dire de raconter au travers du destin d’un individu des enjeux plus universels.
HotS c’est Sarah Kerrigan mais pas seulement. Le sort de la belle est lié à celui de l’Essaim zerg et même de l’univers tout entier. Et rappelons-le, Starcraft est une histoire d’émancipation, de dépassement. La nouvelle Reine des Lames n’est pas l’ancienne : elle redevient certes un « monstre », mais elle cherche à insuffler de l’humanité dans le Swarm, mettant de côté le plus possible ses anciennes volontés génocidaires. Elle se montre sans pitié, mais pas sans morale, jusqu’à laisser Valérian évacuer la ville pour le combat final ou à freiner les expériences les plus sordides de son scientifique tordu (mais qu’on garde quand même pour qu’il nous fournisse des unités de plus en plus pétées).
On le savait depuis Wings of Liberty: Kerrigan est appelée à sauver la galaxie en libérant les Zergs de l’influence des Xel’Nagas. Ici, ce n’est pas juste par « gentillesse » qu’elle change l’Essaim, c’est aussi poussée par la nécessité de contrer Amon, entité ancestrale revenue pour tout défoncer (en gros). On peut noter que les créatifs de Blizzard se renouvellent moyennement sur leurs thématiques ou en tout cas semblent avoir quelques obsessions. La Kerrigan repartant de zéro et devenant ce qu’elle combat ressemble trait pour trait à la campagne mort-vivant de Warcraft III avec Arthas ; la volonté d’émancipation d’une influence supérieure néfaste ressemble à celle des Orques.
Bref : Amon/Archimonde, même combat.
Il est étonnant de constater que les dieux n’ont pas la cote dans les jeux récents : ils sont en général montrés comme des puissances oppressives à qui il faut aller péter les dents pour s’en libérer. Mass Effect, God of War, Warcraft, Starcraft : les divinités ressemblent aux grands anciens de Lovecraft, des monstres ancestraux dangereux... sauf que là, on peut leur taper dessus dans la joie et la bonne humeur.
Pour conclure, on peut dire que les figures de Starcraft, Jim Raynor comme Zeratul ou Kerrigan, cherchent à transformer leurs peuples respectifs et à s’unir. Ils le font à la manière de leurs races : par une bonne vieille révolution pour les Terrans, une prophétie mystique pour les Protoss et en assimilant un peu d’humanité pour les Zergs.
Il faudra attendre Legacy of the Void pour avoir le fin mot de cette grande histoire, c’est à dire... Qu’on peut attendre un moment.
Après un bon FFA, go 3v1 les Xel’Nagas.