Les conventions manga sont devenues au fil des années de grands rendez-vous de la culture geek, pas seulement réservées aux otakus ou autres inconditionnels de la culture du pays du Soleil levant. Vous n’y trouverez donc pas que des gens bizarres qui ont parfois l’air déguisés en drag queens, mais de vrais passionnés de ce que les loisirs mondialisés ont produit de plus addictif ces dernières années. C’est pour cette raison que Millenium avait voulu être présente pour ce premier évènement du genre pour elle : la Japan Expo Sud de Marseille.
Japan Expo Sud 2013 par Olibith
Car Marseille ce n’est pas seulement des tueries à tous les coins de rue, une décharge à ciel ouvert et une criminalité digne du Chicago des années 1930, c’est aussi une des deux capitales européennes de la culture pour 2013, un centre de convention de plus en plus important, et le lieu qui a accueilli la manifestation phare de ce début mars pour l’univers geek français.
Le Parc Chanot où se déroula la Japan Sud était un ancien terrain militaire, il avait donc une vocation toute naturelle à être le lieu de rassemblement pour des cosplayseurs de ninjas tueurs et de soldats en tous genres. D’ailleurs, une vraie convention manga sans ses 150 déguisements de Luffy de One Piece, d’Ichigo de Bleach, et de Tobi de Naruto, ne serait pas une convention manga. Mais, entre ces hordes de fans passionnés, on comptait aussi des loligoths, des emo-ninjas, des emo-samuraïs, des emo-shaolin-gothiques, des jeunes filles en tenues provocantes, des champions de League of Legends ou des Joker façon Heath Ledger. Bref un mélange joyeux et déluré des icônes ludiques de la jeunesse qui vit avec son temps aux côtés des cosplay de Valery Giscard d’Estaing avec son accordéon ou de Mireille Matthieu avec son inimitable coiffure (ou pas).
Du cosplay comme s'il en pleuvait |
Bien sûr une convention manga sans free hugs, ne serait pas non plus une vraie convention manga. En cette période bénie pour les microbes et autres virus, les vendeurs de médicaments se frottent les mains à l’idée que tant de gens réunis en espace confiné aillent en plus s’étreindre chaleureusement pour se communiquer toutes les cochoncetés qu’ils trimballent. Sur un registre moins hypocondriaque, cette mode appréciée dans l’archipel japonais, et qui est venue d’Australie, a eu, comme toujours, son lot d’adeptes. Elle aura également fait son lot de déçus, qui s’étaient imaginé que cette étreinte fugace avec des canons allait vouloir dire bien plus une fois les deux corps séparés. Il n’en serait rien et Luffy n°723 quitterait amèrement PrincessLeia n°140, le cœur brisé, laissé seul dans une allée déserte où ne résonneraient plus que le bruit du vent et celui de la solitude.
Au stand Millenium aussi on était loin du calme |
La solitude et les grands espaces sont d’ailleurs plutôt rares, puisque même les jours creux, la Japan Sud avait ses allées remplies de badauds, cosplayeurs, fans et curieux en tous genres, venus déambuler à la recherche d’un éventuel coup de cœur ou en quête d’un produit bien précis de merchandising. Les vendeurs en tous genres ont d’ailleurs tendance à vider leurs stocks de porte-clefs Sakura, de coque iPhone Krillin ou de leurs pendentifs Final Fantasy VII, en profitant du salon. On peut même parfois tomber sur de bonnes affaires les derniers jours, quand les exposants bradent ou soldent leurs produits, afin d’éliminer le maximum de stocks avant de repartir. Une chance d’obtenir à prix modique, qui sait, le tee-shirt « Darth Vader fart on your face » dont vous rêviez depuis si longtemps. Les nombreuses « promotions salon » sont d’ailleurs là pour vous y inciter tout comme le fait que l’objet qui vous aura fait de l’œil ait été « le dernier » aux côtés de ses petits camarades identiques stockés dans la réserve.
Chez Millenium on vendait de la sape vachement classe |
Les conventions du genre, ce sont aussi des régals assurés pour vos oreilles, avec des stands qui poussent la sono à qui mieux mieux pour se faire entendre par le plus de monde. Les vendeurs de sonotones viennent d’ailleurs en repérage de leurs futurs clients, distribuant généreusement leurs cartes aux exposants qui finiront sourds à 27 ans, après avoir écumé les rendez-vous du genre. Les simples visiteurs ressortiront, eux, avec la tête comme un melon, les jambes en compote en étant à deux doigts de tomber dans les pommes (surtout après s’être mangé une prune pour s’être garés en double file).
Les conventions manga ce sont aussi les fins mets de la cuisine japonaise comme le bol de riz en sauce à 15 euros, les arts martiaux japonais que personne de connais pratiqués par les 65 ans et plus, les concours de karaokés qui assassinent la langue de Goldorak, des battles de majong, ou encore des heures de queues pour jouer à un jeu qui sortira dans un mois. Mais les conventions mangas ce sont surtout des endroits super sympas où l’on aime se (re)trouver, où l’on peut se lâcher car l’on est au milieu de gens partageant les mêmes passions. Et juste pour ça, ça n’a pas de prix.