Clichés
Je m'abstiendrai de généraliser, cependant on peut remarquer que dans beaucoup de jeux, les pires clichés sont utilisés pour représenter de façon plus ou moins subtile l'homosexualité. La couleur rose et les tenues d'un goût douteux étant généralement utilisés en sur-abondance, afin de pouvoir identifier les personnages homosexuels instantanément et généralement afin d'obtenir un effet humoristique immédiat. Tout au long de cet article les images qui le prouvent ne manquent pas. Notons tout de même que ce n'est pas une règle, des jeux dont je traite aussi ci-dessous l'abordent d'une façon plus sérieuse et mature, afin d'offrir une véritable histoire ou une romance sur ce thème, et pas simplement l'occasion de rire pour le joueur mâle hétérosexuel en incarnant un truc rose bonbon (au hasard un paladin sur World of Warcraft !).
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Le paladin de WoW et Taric de LoL, on ne peut pas vraiment dire que cela soit des images valorisantes au premier abord.
Politique des éditeurs et censure
Les toutes premières apparitions de références à l'homosexualité dans les jeux vidéo remontent aux années 80. Au cours de leur histoire, les jeux vidéo ont été soumis a différentes formes de contrôle et de régulation en fonction des périodes et des pays. Certains lois s'appliquant uniquement au contenu LGBT et pas au contenu de même niveau Hétérosexuel par exemple, cela n'a pas été sans conséquences sur sa diffusion.
Notons que le contenu des jeux est soumis à deux voire trois formes de contrôle : celui de l'éditeur qui peut ordonner à l'équipe de développement de retirer certains éléments, ou ceux des organismes et/ou des autorités de contrôle des différents pays qui vérifient le contenu du jeu avant de lui apposer une certaine classification et d'autoriser sa vente. En France nous avons le PEGI qui est uniquement indicatif, cependant dans certains pays comme aux États-Unis avec l'ESRB ou en Chine c'est une autre paire de manches. On retiendra par exemple l'extension Wrath of The Lich King de WoW qui n'a pu sortir que significativement plus tard en Chine car le contenu n'était pas conforme à leur réglementation (la possibilité de voir des os par exemple). De la même façon des jeux jugés trop violents ont souvent été interdits dans d'autres pays, comme Postal en Australie. Parfois les motifs sont aussi religieux, le jeu Pokemon avait par exemple était interdit en Arabie Saoudite à cause de la présence de motifs jugés religieux (étoile, lune, etc.) Ce ne sont pas des éléments directement liés à notre sujet, cependant cela montre à quel point la censure peut être arbitraire, puissante, et ridicule dans certains cas. Pour reprendre l'exemple de l'ESRB, les références hétérosexuelles et homosexuelles ne sont pas traités sur un pied d'égalité, les références au second faisant directement classer les jeux dans la catégorie M (Mature) ou AO (Adultes Only).
Voici quelques exemples de façons dont les éléments LGBT ont été traités dans différents jeux chez différents éditeurs, et comment parfois la censure est passé derrière. Notez que parmi les plus anciens exemples de présence d'éléments LGBT, il est fort possible que les développeurs ne les aient intégrés que pour leur aspect subversif, afin de faire parler de leur jeu et d'attirer les joueurs pour leur aspect plus "mature".
Commençons par quelques exemples tirés de chez deux dinosaures du jeux vidéo :
Nintendo
Pour qu'un jeu puisse légalement sortir sur une console Nintendo, l'équipe de développement doit faire vérifier son jeu par la célèbre marque. Nintendo se réserve le droit de faire des changements et/ou d'interdire un jeu s'il viole ses règles concernant le contenu des jeux. À l'époque les jeux n'avaient donc pas le droit de montrer ou de faire des références explicites aux drogues, au tabac, à l'alcool, à la violence vis à vis des femmes, pas de sang, d'insultes, de nudité, de symboles religieux ni de contenu sexuel.
- En 1988 un miniboss de Super Marios Bros. 2, portant le nom de Birdo était décrit dans le manuel original comme pensant être une fille, et voulant de fait être appelé "Birdetta". Cet élément a été supprimé lors des apparitions suivantes du personnage par Nintendo of America.
- En 1992, les développeurs de Dragon Warrior III ont dû entre autres retirer un bar Gay du jeu avant de pouvoir le publier.
- le jeu Ultima VII a du être sévèrement modifié afin de supprimer entre autres des sacrifices rituels, ou la possibilité de choisir d'avoir des relations sexuelles avec un homme ou une femme contre rémunération.
En 1999 Nintendo semble cependant avoir abandonné une bonne partie de ses mesures d'auto-censure. Le jeu Banjo-Tooie sur Nintendo 64 contient un barman grenouille gay du nom de Jolly Roger, qui demande au héros de sauver son compagnon, Merry Maggie une grenouille mâle travestie. Le dit Jolly Roger a fait son retour en tant que personnage jouable dans la version Game Boy Advance de Banjo-Pilot.
Sega
Bien que Sega appliquait aussi un certain contrôle sur les jeux sortis pour ses consoles, leur politique était bien plus libérale puisqu'elle autorisait l’apparition de sang, de violence graphique, des ennemis de sexe féminin et des thèmes plus sexuels.
Bien que les thèmes LGBT aient été autorisés, ils ont généralement été atténués ou effacés lors de leur exportation pour le marché américain.
- Dans Phantasy Star II un musicien homosexuel a vu ses dialogues modifiés, au point que le seul élément révélateur restant est l’aveu qu'il faisait payer moins ses cours de musique aux hommes qu'aux femmes.
- En 1992 dans Final Fight et Vendetta des ennemis mineurs de type transsexuels ou homosexuels ont été modifiés.
- Dans Streets of Rage 3 un boss homosexuel portant une tenue de Village People a été supprimé. De la même façon un boss transsexuel a finalement été modifié pour n'être qu'un homme avec de longs cheveux.
Comme souvent dans les jeux vidéo la référence à l'homosexualité est avant tout caricaturale et comique, ici avec la version non censurée du boss
Persona
Persona 2 est un RPG japonais sorti en 1999 sur Playstation 2, développé par Atlus. Il fait directement suite au premier chapitre du jeu. La série des Persona est à présent très connue et appréciée, le troisième et quatrième jeu de la série comptant parmi les meilleurs RPG qui soient pour beaucoup de fans. Cependant lors de sa sortie initiale (une adaptation censurée ayant était faite depuis) le jeu n'est pas sorti en Amérique du nord ni en Europe. Bien que les raisons officielles n'aient jamais été évoquées, les raisons les plus probables semblent être la possibilité d'avoir une relation homosexuelle avec un membre de son groupe, Jun Kurosu, et l'apparition d'Adolphe Hitler.
Cinématique d'introduction de Persona 2 - Innocent Sin
Il est intéressant de noter que Persona 4 offre aussi la possibilité d'avoir des relations homosexuelles, et ces thèmes sont aussi assez ouvertement abordés dans le jeu. Persona 4 allant jusqu'à dédier un chapitre entier du jeu à un personnage refusant d'admettre son homosexualité. Lors des passages du jeu concerné, son ombre (représentant ses désirs cachés et ses incertitudes) est accompagnée par deux autres ombres, l'une étant intitulée "Nice Guy" et la seconde "Tough Guy", elles font possiblement référence aux stéréotypes sur les hommes homosexuels, entre celui très gentil et sympathique et efféminé, et le second très masculin, fort et rude.
Fait rare, le sujet est traité plus sérieusement et avec plus de profondeurs dans les Persona.