Pas n'importe quelle France, celle de Mitterrand
Mais qu’est-ce que le jeu vidéo français ? Au gré des différentes recherches, on est surpris par les noms qui défilent. Le plus connu, c’est évidemment Rayman, créé dans les locaux d’Ubisoft à Montpellier sous la tutelle de Michel Ancel de 1993 à 1995, le jeu au héros sans bras ni jambes fait son petit succès sur Jaguar, Playstation et PC. Celui-ci est récompensé pour ses musiques (R.I.P Rémi Gazel), ses animations et son level design aux petits oignons qui n’ont pas à rougir devant des jeux comme Mario, Sonic et autre Donkey Kong. C’est sûrement le plus reconnu, mais pas le plus marquant, Rayman n’étant qu’une digestion (positive) des précédents jeux de plateformes, bien qu’il inspirera bon nombre d’autres par la suite.
En revanche, quand on parle de Dune, on est dans un tout autre registre. Développé par Cryo Interactive, la société française s’était lancé dans un paris fou en août 1990, celui d’adapter l’œuvre de Frank Herbert sur micro-ordinateur. L’histoire du développement de Dune est digne des plus sombres téléfilms allemands, alternant entre magouilles, mésententes et catastrophes. Pour autant, Philipe Ulrich, alors à la tête du projet, avec son équipe, n’ont rien lâché et ont pu, in extremis, sortir leur jeu, qui allie assez bien l’aventure, la gestion et la stratégie. Bien que la même année sortira Dune II par Westwood Studio, qui sera le premier vrai modèle de la stratégie en temps réel (STR) tel qu’on le connaît aujourd’hui, le premier Dune se voudra, lui, bien plus polyvalent. Il sera fortement acclamé par la critique pour son avant-gardisme sur la stratégie, son immersion, ses graphismes et surtout sa musique, composée par Stéphane Picq et aidé d'Ulrich. À une époque où les compositeurs de jeux vidéos se cachaient encore derrière un pseudonyme (le métier n’était pas très bien vu), la bande originale de Dune sera éditée en CD audio, et même jouée en concert jusqu’au Japon.
Vous vous doutez bien qu’on ne pourra raconter le développement de tous les jeux vidéos français, cela prendrait des pages entières. Cependant, il reste difficile de ne pas citer des monuments évidents dans différents genres, à commencer par Another World. Deux ans après un certain Prince of Persia (pas celui d'Ubisoft, l'autre avant), qui se voulait être un jeu de plateforme réaliste, Éric Chahi s’en inspire et décide d’utiliser la même technique de rotoscopie pour créer un jeu narratif et interactif sur Micro-ordinateur, édité par Delphine Software. Le titre deviendra culte grâce à ses animations immersives et son originalité et est classé dans plusieurs Top 3 dans les années 90 (et même encore aujourd’hui).
On reste dans le début des années 1990, époque incroyable pour le jeu vidéo français, puisque Infogrames sort Alone in the Dark. Quatre ans avant Resident Evil, Frédérick Raynal, fraîchement embauché auprès du studio français, donne vie à ce qu’on considère encore comme le premier vrai Survival Horror en 3D. Avec 2,5 millions d’exemplaires vendus dans le monde (chiffre arrêté en janvier 2000), Alone in the Dark a eu le droit à son lot de tirades dithyrambiques dans les différents magazines de jeux vidéos, que ce soit pour son moteur 3D révolutionnaire, son ambiance « Lovecraftienne » réussie, ses sons effrayants, son histoire passionnante etc. En 1998, le magazine PC Gamer le qualifiera même de 22e meilleur jeu vidéo mondial dans son magazine, en le qualifiant de « point culminant de la série, grâce à son scénario époustouflant et ses monstres effrayants ». Chapeau, Frédérick.