Nous sommes dans l'Angleterre victorienne du XIXeme siècle, et pour une fois, le travail des enfants et les épidémies de Cholera ne sont pas les principaux problèmes. Un froid mortel s'est abattu sur la planète, partout les grandes cités du globe disparaissent sous la glace alors que le monde s'enfonce doucement dans une nouvelle ère glacière.
Mais un minuscule éclat d'espoir n'a pas encore été enseveli sous la neige : un générateur, se trouve perdu quelque part dans les grandes étendues gelées qui composaient autrefois la campagne anglaise. Celui-ci serait capable de générer suffisamment de chaleur pour chauffer une ville : le dernier abri de l'humanité.
Vous incarnez le chef de ce qui est peut-être le dernier groupe de survivants sur terre, votre équipe vient juste de trouver le fameux générateur, mais hommes, femmes et enfants sont exténués, affamés et frigorifiés, votre course contre la montre pour la survie débute.
L'enfant de la gestion et de la survie
11 bit est très clair sur ses intentions : faire un survival, mais pas en vous donnant les contrôles d'un seul personnage, cette fois, c'est d'un groupe de plusieurs centaines de personnes dont vous aurez la charge.
Le résultat est un jeu de gestion au rythme rapide et à l'exigence relevée. Limité au cratère dans lequel se trouve le générateur, il vous faudra progresser tout en gérant de façon quasi permanente, l'avalanche de problèmes qui s'amassent sur un groupe tentant de vivre par -30 degrés.
Une aire de jeu réduite, c'est un accès aux ressources de bases (bois, charbon, métal) limité et donc une épée de Damocles qui tangue nonchalamment au dessus de la nuque du joueur. Pour chaque minute de fonctionnement, le générateur consomme du charbon et la quantité trouvable dans le cratère n'est pas infinie, la ville est donc condamnée à s'éteindre ou à réussir rapidement le mystérieux objectif final du scénario.
L'espace aussi est un problème. Un bâtiment ne pourra être posé que dans une zone suffisamment chaude pour être vivable. Donc soit près du générateur, sois près d'un distributeur de vapeur relié à ce dernier. Mais installer ces distributeurs coûte chère, l'espace est donc une denrée précieuse. L'installation d'un nouveau bâtiment risque donc de souvent passer par la destruction d'un autre.
Le seul mauvais choix est l'absence de choix
Dans FrostPunk, tout se fait dans l'urgence, la précipitation et parfois la panique. C'est là que son aspect survie se fait réellement sentir. Personne ne vous demande ici de planifier le futur de votre civilisation ou d'entreprendre de grands projets à l'image d'un Anno ou d'un Civilization. Dans Frostpunk, on vient vous voir parce que 10 travailleurs n'ont pas d'abri, et que si ceux-ci ne sont pas construits dans l'heure, il y aura dix carcasses gelées le lendemain matin.
En plus des besoins immédiats de la population, un grand nombre de choix viendront émailler votre partie. Faut-il envoyer les scouts à l'extérieur du cratère alors que la météo s'est détériorée ? Faut-il forcer les travailleurs à travailler cette nuit pour atteindre les quotas ? Il ne s'agit pas là d'être méchant ou gentil, mais de réussir à survivre dans des conditions atroces qui imposent une flopée de choix difficile. Préparez vous à choisir vite et bien, car les difficultés vous recouvriront aussi vite que la neige recouvrira les toits de vos maisons.
Enfin, le système de loi vous permettra de façonner la ville à votre image, voulez-vous d'une société qui survit de justesse mais sans perdre son humanité, ou au contraire d'une organisation pragmatique à l'extrême dans laquelle les corps des morts servent d'engrais et de nourriture ? Voulez-vous un dialogue apaisé avec vos sujets, ou un pouvoir tenu d'une main de fer ? Tout ça est géré par un arbre de lois intelligent qui vous encourage à vous spécialiser, les lois aux effets les plus spectaculaires n'étant débloquables que si vous vous dirigez dans une direction bien précise depuis le début de la partie.
Joli comme un flocon de neige
L'aspect relativement monochrome du titre (la neige est blanche et les bâtiments sont noirs) est rattrapé par des textures soignées, des effets de lumière et de fumée travaillés, ainsi que par des dessins à la main de grande qualité qui viennent illustrer les choix moraux.
FrostPunk réussit à être beau à regarder sans recourir à une large palette de couleurs, on en regretterait presque de ne pas pouvoir zoomer plus près pour pouvoir observer l'usine qui vomit sa fumée ou le quidam qui titube dans la neige.