Le Valve Anti-Cheat ou VAC comme on l'appelle communément a fait pas mal parler ces derniers temps sur la scène Counter-Strike : Global Offensive. Lorsque les anciennes versions du FPS le plus célèbre du monde sur PC étaient encore à la une de tous les sites d'actualité, on utilisait régulièrement le VAC pour se moquer de son efficacité, mais il semble qu'aujourd'hui ce ne soit plus le cas. Si autrefois vous pouviez posséder plusieurs comptes bannis par VAC sans pour autant être privé de LAN voire même surtout de compétition en ligne, il existait également des cas avérés de triches qui ne vous empêchaient pas vraiment de poursuivre votre carrière au plus haut niveau. Mais de nos jours les sanctions se sont durcies, preuve d'un professionnalisme ou que maintenant c'est terminé on ne joue plus : on travaille. L'apparition des paris, l'argent qui fait tourner les têtes et les intérêts des uns et des autres ont vraisemblablement rendus bien plus sévère la vie d'un joueur aujourd'hui.
Peut-être que si sur 1.6 et Source les administrateurs étaient plus indulgents, cela était en partie dû au fait qu'il était compliqué de prouver qu'un tel ou un tel avait triché. Hormis l'Aequitas de l'Electronic Sports League (intégré à l'ESL Wire en 2010), rien n'était vraiment fiable. L'ESEA possédait bien son propre système, a priori de bonne facture, mais on comptait surtout sur les tournois LAN et la bonne foi des joueurs. Cela aura parfois mené à des situations assez cocasses où l'on retrouvait une équipe sortie de nulle part (souvent allemande) qui parvenait à s'imposer face à des poids lourds internationaux. Une ligue en particulier était devenue réputée pour ses nombreux cas de tricheries : il s'agissait de ClanBase qui laissait libres de leurs actes tous les joueurs et dont la politique de sanction était inexistante. Qu'on ne s'étonne pas alors que les équipes préféraient limiter au maximum les rencontres en ligne hors ESL.
Mais avec CS:GO les tournois en ligne se sont développés et il fallait bien trouver un moyen de rassurer les joueurs. Il semble que le VAC soit l'arme utilisée afin de sanctionner, ce qui peut clairement prêter à sourire quand on a connu les anciennes versions du système anti-triche de Valve. Une passoire, pas franchement à jour et tellement bête qu'elle pouvait vous accuser de tricherie alors que vous n'aviez rien fait ... Aujourd'hui les mises à jour sont plus fréquentes et il semble que la VAC soit bien moins stupide qu'auparavant, mais est-il plus fiable que ne l'était Aequitas pour autant ? Pas si sûr. Un sondage réalisé en 2010 par le site RAKAKA.se avait démontré qu'une infime minorité des joueurs trichaient. 95% de ceux-ci avouaient ne jamais avoir triché en match officiel tandis que 1,6% déclaraient le faire souvent. On peut voir cela comme étant beaucoup ou très peu, tout dépend de comment on se place mais il est clair qu'à l'époque les langues se déliaient plus facilement pour avouer que l'on utilisait un logiciel peu recommandable car c'était monnaie courante.
Ce n'est pas un hasard si presque 50% des joueurs 1.6 avouaient avoir déjà utilisé un logiciel de triche au moins une fois. Combien le font ou l'ont fait sur Global Offensive ? Le sujet est plus problématique car les paris ont désormais fait leur apparition, et l'on rencontre déjà des soucis avec des duels arrangés entre certaines formations. Quelques affaires sont sorties mais pour combien de matchs truqués passés inaperçus ? Nous n'en savons rien et nous ne le saurons certainement jamais, tout comme le nombre exact de joueurs qui trichent. Dernièrement l'affaire du Suédois Joel « Emilio » Mako qui jouait pour la Team Property a symbolisé la nouvelle politique menée par les organisations. En plein match le joueur a en effet été banni par VAC sans préavis. Les organisateurs du tournoi lui ont alors donné deux jours pour prouver son innocence, chose qui en soit démontre un changement de mentalité.
Auparavant les joueurs étaient toujours considérés comme innocents tant qu'il n'avait pas été prouvé ou décidé par un jury neutre qu'ils étaient coupables. De plus il était possible d'atténuer sa sanction sur l'ESL en rédigeant une dissertation sur le thème de la triche, en présentant ses excuses et en faisant amende honorable. De nos jours ce sont aux accusés de prouver leur innocence, l'erreur du VAC n'est plus envisagée. Pourtant c'est ce que plaidera Emilio au départ avant de, par la suite, avouer avoir prêté un de ses comptes lié aux autres par email à un ami qui aurait triché. Au final qu'il soit coupable ou non là n'est pas le problème, c'est la sanction et la manière de faire qui démontrent une évolution des mentalités. Le Suédois a ainsi entraîné plusieurs événements en chaîne : la disqualification de toute son équipe du tournoi, son licenciement du club et sa mise sur le banc des accusés avec notamment un témoignage sorti des cartons où un ex-équipier affirme qu'Emilio avait déjà triché en LAN. Totalement discrédité le joueur aura beaucoup de mal à se relever de cette affaire. Certains diront que sa culpabilité ne fait aucun doute mais faute de preuves suffisantes le doute reste permis.
Pour vous donner une idée de l'état d'esprit d'avant, qui tranche avec celui d'aujourd'hui, voici ce que déclarait par exemple Loïc « RegnaM » Péron, ancien joueur professionnel sur Counter-Strike 1.6 et Source, en 2008 :
Je pense personnellement que les gens devraient laisser les personnes VAC Banned un peu tranquilles, top player ou non, le fait est qu'ils jouent actuellement sur Source et plus sur 1.6. Ne les jugez pas sur leur passé de cheater sur un jeu différent
Loïc s'exprimait car à cette date Valve avait mis à jour son VAC et une vague très importante de comptes bannis était apparue. Fallait-il alors prendre des sanctions sur tout le monde ? Le résultat aura été que personne n'aura été inquiété, alors ne devrions-nous pas plutôt revenir aux fondamentaux en installant un nouvel Aequitas ou, pour les plus anciens, Cheating Death ? Faut-il se fier à 100% au VAC ou bien reprendre en main la gestion de la triche ? Et est-ce vraiment dans l'esprit de la compétition de condamner un athlète sans preuve ? Pour le moment cela ne touche qu'une minorité et donne l'impression d'un certain contrôle sur les événements, mais si le Valve Anti-Cheat n'était pas ou plus fiable et retombait dans ses travers, que se passerait-il ?