Test de Quantum Break
L'expérience narrative de Remedy est enfin disponible sur Steam à un prix de 36,99€. A cette occasion, retrouvez notre test de la version Xbox One du jeu.
Années surannées
En rendant visite à son pote Paul Serene, Jack Joyce ne se doutait probablement qu'il deviendrait le dernier espoir de l'humanité en un claquement de doigts. Embarqué dans une histoire de machine à voyager dans le temps aux côtés d'une mystérieuse agent double et de son frère, JJ devra donc contrer les forces de la police du temps Monarch Solutions et rétablir l'ordre du temps en naviguant à travers différentes époques : en gros, il a du boulot ! Un postulat de départ comme on en a vu des dizaines de fois en science-fiction, enrobée dans une introduction digne des pires jeux sur rails : clairement, les premières minutes en compagnie de QB ne font pas envie. La suite n'est pas forcément mieux malgré le casting 5 étoiles modélisé pour l'occasion, mais force est d'admettre que le titre de Remedy propose une belle montée en puissance tout au long de l'aventure, même si la narration décousue nous sort régulièrement du trip.
Pour clarifier les choses, le voyage Quantum Break se déroule en actes découpés en 3 phases distinctes : les séquences de gameplay classique dans lesquels Jack pourra laisser parler ses talents de manipulateur temporel, les Jonctions qui proposent de faire un choix moral dans la peau du bad-guy du jeu, et enfin les épisodes de la série live (durée de 20 minutes) qui viennent conclure un chapitre. C'est osé, très osé, mais malheureusement ça ne fonctionne pas toujours très bien : les points de Jonction offrent de petites variantes des épisodes ou des phases de jeu, cependant tout cela reste purement anecdotique et honnêtement, même si la série se révèle être plutôt sympathique, revisionner les épisodes pour jouer au jeu des 7 différences tient plus du chemin de croix que du véritable plaisir... Si l'on devait décrire cette histoire teintée de faux choix moraux en quelques mots, nous qualifierions ça de « Quantic Dream pataud ». Enfin, peut-être la chose la plus énervante à propos de la partie scénaristique du jeu, sa fin : autant briser la glace tout de suite, un Quantum Break 2 est probablement déjà dans les cartons de Remedy et toute l'épopée de Jack Joyce se termine sur une jolie queue de poisson, une sorte de « To be Continued » qui nous a laissé un goût sacrément amer en bouche.
Et c'est le temps qui court, court
Une des grandes forces de Quantum Break, et c'est incontestable, ce sont ses effets visuels liés au temps. Tout ce qui touche au bullet-time et autres pouvoirs quantiques dispose d'un rendu véritablement bluffant. Dans la pratique, le gameplay de QB utilise les pouvoirs de Joyce de fort belle manière, avec des affrontements nerveux, savamment mis en scène et plutôt accrocheurs. Mais, car là aussi il y a un mais, tout tourne très vite en rond et les arènes se ressemblent beaucoup trop, quand elles ne sont pas carrément recyclées plusieurs fois de suite : TPS linéaire pur jus, QB est un feu d'artifice amusant à regarder mais vite ennuyeux, la faute à des mécaniques qui peinent clairement à se renouveler. Les deux premiers actes donnent au héros l'intégralité de ses pouvoirs et basta : si vous vous attendez à quelques phases de jeu originales, vous allez être profondément déçu, on reste sur du ressassé sans grande originalité et quelques phases de plates-formes laissant encore moins de libertés que dans le tout premier Prince of Persia : Les Sables du Temps. Les développeurs ont tout de même essayé d'injecter un peu de substance à tout ça, avec un système de progression des compétences misant sur l'exploration. Et devinez quoi ? Comme dans tous les autres TPS longilignes, on finit par ne plus les chercher et on trace sa route sans se retourner.
Dans le même ordre d'idées, les séquences de pur shooter enchaînent les bourdes, avec une visée automatique trop violente, l'impossibilité de tirer à la hanche ou encore ses couvertures automatisées qui ratent 1 fois sur 5. Par contre, sans trop que l'on sache pourquoi, le charme des batailles opère tout de même, très probablement grâce à la violence des capacités de Jack, encore elles : que ce soit ses esquives vives comme l'éclair ou son bouclier qui dévie les balles, notre everyday hero sait faire le show, c'est indéniable. Par contre, ça n'évite pas aux dernières heures de jeu d'être particulièrement poussives, sans parler du boss de fin presque aussi ridicule que la conclusion elle-même (oui, elle nous a énervé cette fin).
Série limitée
Comme vous le savez déjà probablement, Quantum Break est ce qu'on appelle un projet cross-média : plus qu'un jeu, la licence QB abrite également une série entièrement réalisée dans l'optique de donner de la densité à l'univers. Ça fonctionne sans problème au premier visionnage, les épisodes de 20 minutes se laissent suivre tranquillement avec un casting de choix, même si ça coince sérieusement lors de plusieurs scènes que nous éviterons de vous spoiler ici. Ça n'enlève rien aux efforts fournis pour proposer une annexe de luxe à Quantum Break, une sorte de continuité dans le réel d'événements virtuels et interactifs et une piste qui ne demande qu'à être explorée à l'avenir, il fallait oser. D'autant que les qualités graphiques du jeu amincissent encore la frontière entre le jeu et le vrai monde de la vérité véritable, la modélisation des personnages est bluffante et quelques plans font vraiment mouche. On en oublierait presque les nombreux bugs techniques qui ont terni ce test et les gros gadins techniques du type ombres en très basse résolution et chargements de textures longuets. Le bilan technique est finalement assez proche de ce que l'on pense du jeu : en surface tout est très bien fichu, mais en s'y attardant davantage, on se rend compte de tous ses défauts et on ne finit par ne plus voir qu'eux... Allez c'est pas grave Remedy, vous ferez sans doute mieux au prochain épisode !
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Les plus et les moins |
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Les fractures temporelles, impressionnantes. | De gros problèmes techniques. | ||||
Un gameplay spectaculaire... | ... qui tourne vite en rond | ||||
Du jamais vu dans la modélisation des acteurs. | Une fin en queue de poisson horripilante. | ||||
Mise en scène accrocheuse. | Un scénario sans saveur. | ||||
Une série qui se laisse suivre. | VF qui manque de conviction. | ||||
Voyages dans le temps sous-exploités | |||||
Les jonctions ne servent pas à grand chose. |