Baldur's Gate Enhanced Edition, sorti le 28 novembre 2012 est une version mise à jour du jeu Baldur's Gate datant de 1999, et de son extension Tales of the Sword Coast. De fait parler d'un test pour ce qui est essentiellement un coup de peinture sur un jeu vieux de près de 15 ans peut sembler légèrement inadapté. Vous pourrez néanmoins juger ici si les nouveautés et les améliorations apportées à ce vénérable ancêtre des RPG sur PC méritent que vous y investissiez 20 euros.
Date de sortie officielle : 28 novembre 2012
Développeur : Overhaul Games
Éditeur : Atari
Plateformes : PC, (IOS, Mac et Android à venir)
Prix : 19,99 dollars
Classification : PEGI 12
Langues disponibles : Anglais (localisation en français non en cours, il n'y a que le texte mais pas les voix, elle est de plus buggée)
Gameplay
Je pourrais écrire des dizaines de pages sur le gameplay et le scénario du jeu Baldur's Gate d'origine, cependant celui-ci étant disponible depuis quinze ans environ, si cela vous intéresse vraiment vous avez eu tout le temps requis pour vous renseigner ! Je vais résumer tout de même pour ceux qui découvrent ici cette prestigieuse licence.
Trailer de Gameplay de Baldur's Gate Enhanced Edition
Baldur's Gate (BG) est un jeu de rôle en temps réel vous plaçant en Féérune, un des univers de la licence Donjons et Dragons. Baldur's Gate, BG pour les intimes, est basé sur la seconde édition des règles AD&D, ce qui lui apporte un grand nombre de spécificités que je laisse le soin de raconter aux experts (pour référence, Neverwinter Nights et ses suites sont basées sur les règles 3 et 3.5). Vous allez donc devoir diriger un groupe comprenant entre trois et six aventuriers de différentes classes (guerrier, paladin, prêtre, mage, voleur, etc.) et races (humain, elfe, nain, etc.), et leur faire surmonter de nombreux dangers et épreuves sur la Côte des épées (la région où se déroule l'histoire). Le tout saupoudré d'une bonne ambiance de jeu à l'ancienne et de jeu sur plateau. Les bases du jeu sont assez faciles à comprendre et à prendre en main, puisqu'on a ici tous les fondamentaux repris dans la majorité des MMO et des RPG actuels, avec des caractéristiques, de l'armure, des classes spécialisées, des sorts etc.
Le jeu est en temps réel, mais vous disposez d'un outil vital pour vous assister : la pause active. Cette dernière vous permet de mettre le jeu en pause à tout moment pour donner des instructions à tous les membres du groupe. Pour finir le tout est basé sur une vue isométrique afin de vous offrir une bonne vue sur le champs de bataille.
Baldur's Gate étant un classique dont beaucoup de jeux se sont inspirés, vous ne devriez pas être trop perdu.
Nouveautés
Officiellement, Overhaul Games n'avait que peu de libertés pour modifier les éléments du jeu d'origine, ils avaient cependant le droit d'ajouter du contenu. Ne vous attendez donc pas à beaucoup de surprises si vous connaissez par cœur Baldur's Gate. Lors de la campagne les nouveautés se présentent sous la forme de trois compagnons additionnels que vous rencontrerez dans différentes conditions. Chacun d'entre eux possède une classe originale (Blackguard, Moine et Mage Entropique), sa personnalité, ses dialogues et une mini aventure. Il sont à la fois intéressants et utiles, mais pas de quoi s'extasier, de plus ils sont relativement mal équilibrés.
- Rasaad yn Bashir, le Moine souffre de la paresse des développeurs, ces derniers n'ayant tout simplement pas pris la peine d'intégrer en jeu de l'équipement adapté à cette classe exotique. Ce dernier se balade donc nu comme un ver durant la majorité du jeu. Cela le rend très faible jusqu'à ce qu'enfin ses niveaux et les quelques objets de haut niveau du jeu d'origine vous permettent de le rendre utile.
- Neera the wild mage, sera souvent plus une plaie qu'une véritable aide. Si vous trouviez le jeu d'origine trop ennuyeux et prévisible, voici l'occasion d'ajouter du piment à votre gameplay. Elle introduit aussi un élément absent dans le jeu d'origine : une romance. Mais cela reste assez secondaire. Il n'y a pas de quoi remplacer Edwin.
- Dorn-Il-khan, le Blackguard demi-orc est le bourrin du lot, ce nouveau compagnon aux caractéristiques gonflées a clairement été conçu pour devenir le monstre en plaques qui manquait à beaucoup de groupes à l'origine.
Chacun de ces trois compagnons viendra vous parler régulièrement, et ils vous pousseront vers leur propre aventure. Il est cependant regrettable qu'elles n'aient pas été plus conséquentes, et que les nouveautés intégrées à la campagne de jeu s'arrêtent là.
Les aventures de vos nouveaux compagnons sont tout sauf épiques
The Black Pits est une aventure indépendante de la campagne, oui vous avez bien lu : indépendante. Cela veut dire que vous n'aurez aucun moyen d'y accéder depuis la carte de la Côte des Épées. C'est un mode de jeu avec sa propre histoire que vous lancez depuis le menu du jeu. Je ne sais pas si les développeurs ont pensé nous faire une fleur ici, mais aux vues du reste du jeu, je les soupçonne fortement d'avoir fait ça par paresse encore une fois. Le point positif dans l'histoire, c'est que The Black Pits vous permet de créer totalement votre propre groupe personnalisé afin de relever ses défis avec la composition de votre choix. Sans vouloir vous spoiler son scénario, cela pourrait se résumer a des combats d'arène contre des monstres de plus en plus redoutables, sur fond de tentatives pour regagner votre liberté.
The Black Pits a au moins le mérite d'offrir l'exotisme de Baldur's Gate 2
Améliorations
Graphiquement Baldur's Gate n'est probablement pas le jeu qui avait le plus mal vieilli de par son aspect RPG médiéval fantastique à l'ambiance assez sobre à la base. La résolution de l'écran de jeu était clairement l'aspect le plus rebutant du jeu d'origine sur nos grands écrans, et au moins sur ce point Overhaul Games a fait son boulot. On regrettera cependant qu'ils se soient contentés du minimum syndical. Baldur's Gate Enhanced Edition n'est en aucune façon une "version HD" du jeu d'origine, vous n'aurez donc pas droit à de jolies textures, ni à des sorts ou à des monstres qui vous en mettront plein les yeux. Dans la mesure où les décors étaient à l'origine de (très lourds) fonds peints, qui étaient magnifiques à l'époque. Les résultats sont donc encore relativement bons pour un jeu vieux de quinze ans, du moins tant que vous évitez de regarder les textures de l'eau vu que ces dernières sont honteusement laides, et que les remplacer aurait clairement dû être fait entre autres choses.
On se demande sur quoi ils ont passé tout ce temps, des mods faits par des amateurs apportent plus d'améliorations
Un bon point pour les cinématiques cependant, elles ont su reprendre l'esprit de celles d'origine, tout en leur donnant une forme d'identité visuelle propre à la série. Certains préféreront néanmoins les anciennes.
Nouvelle cinématique d'introduction
L'interface a été légèrement remaniée et adaptée aux écrans 16:10 et 16:9, elle n'est cependant ni très intuitive ni très pratique. Même chose pour les menus du jeu qui auraient mérité d'être davantage regroupés et organisés d'une façon plus logique. La page d’interaction avec les marchands en particulier est tout simplement à s'arracher les cheveux. Les options des différents menus du jeu sont d'une pauvreté révoltante, la difficulté du jeu n'ayant par exemple pas été séparée de la possibilité d'obtenir le maximum de vie possible à chaque gain de niveau. Donc si vous souhaitez jouer dans le mode de difficulté du jeu d'origine, ou dans un mode de difficulté supérieur, mais que vous souhaitez tout de même obtenir le maximum de vie possible pour vos personnages à chaque niveau (les gains de points de vie sont déterminés par un jet de dé) il vous faudra soit diminuer la difficulté le temps de valider le gain de niveau, soit faire une sauvegarde et charger la partie ensuite si vous n'avez pas gagné assez de points de vie. Dans le même genre, si vous souhaitez rire un coup (ou vous énerver) vous pouvez ouvrir le panneau des options graphiques, et découvrir un simple bouton pour activer ou désactiver le mode plein écran. Vous avez bien compris, il n'y a pas de configuration manuelle de la résolution, du mode d'affichage, des différents effets de lumière ou autres, rien. On a presque l'impression de se retrouver 20 ans en arrière à une époque où ce n'était pas devenu la norme. À priori ce n'est pas gênant (cela ne l'a pas été dans mon cas du moins), mais je ne peux que vous souhaitez de ne pas avoir de problèmes d'affichage. Dans tous les cas la paresse des développeurs atteint des niveaux légendaires sur ce titre.
Les nouveaux environnement n'ont rien d'extraordinaires non plus, Icewind Dale fait mieux si vous voulez vraiment plus de contenu
Pour en finir sur l'aspect technique, carton rouge pour Overhaul Games encore une fois, le client de téléchargement est honteusement lent, et le jeu ne fonctionne tout simplement pas sur de nombreuses configurations, sans oublier que des bugs sont toujours présents en jeu.
Multijoueur
La possibilité de jouer en coopératif avec des amis était davantage une méthode pour dupliquer des objets qu'une véritable fonctionnalité dans Baldur's Gate 1. Et vu le gameplay du jeu, il n'y a aucune raison pour que cela ait changé. Le fait de jouer à plusieurs ne peut que compliquer le jeu, puisque avec la pause active vous aviez déjà tout le loisir de donner les ordres que vous souhaitez à tous vos personnages à tout moment. À plusieurs vous allez forcement risquer de manquer de coordination, la pause et les changements de zone risquent aussi de devenir incroyablement pénibles. Au final la seule bonne excuse pour jouer en multijoueur à Baldur's Gate est de s'en servir comme médium pour vos parties de Jeu de rôle entre amis, avec le jeu remplaçant le papier et les dés, et en utilisant un logiciel comme Skype ou TeamSpeak pour vous coordonner et pour profiter de l'ambiance bien particulière du jeu entre amis.
Durée de vie
Le jeu Baldur's Gate doublé de son extension Throne of Baal n'a à rougir devant presque personne en terme de durée de vie et de rejouabilité. Explorer l'intégralité du contenu d'origine vous demandera des dizaines et des dizaines d'heures. Là n'est pas le problème. Pour ce qui est des nouveautés, chaque compagnon était censé ajouter quatre heures de contenu, et The Black Pits six heures (d'après le site officiel). Après les avoir testés on est clairement dans le domaine de la publicité mensongère. Avec le niveau adapté, vous en aurez pour 30 minutes maximum à terminer leur mini aventure (celle-ci étant étalées en micro épisodes le long de votre aventure). Sur une campagne totale de trente à cinquante heures environ (pour un premier walkthrough) le temps passé sur du nouveau contenu ne dépassera pas les trois heures donc.
The Black Pits a une durée plus conséquente, mais je doute sincèrement qu'il faille six heures à qui que ce soit connaissant le jeu pour le terminer. C'est une très grosse déception sur ce point encore une fois.
Conclusion
Quand on annonce une Enhanced Edition pour un jeu aussi célèbre et populaire que Baldur's Gate, ce qui s'avère être le plus gros obstacle au final est de faire comprendre aux futurs joueurs plus ou moins bien informés que ce n'est pas un remake, et que de fait le jeu ne sera pas tellement différent de la version originale, tant visuellement, qu'en terme de gameplay et de contenu. Et il ne fait aucun doute que les attentes des joueurs étaient très élevées pour Baldur's Gate Enhanced Edition. Il est donc normal qu'un certain nombre d'entre vous puissent être déçus devant ce résultat, mais ce n'est clairement pas la seule raison. Overhaul Games n'a même pas assuré le service minimum dans ce cas, bien que le jeu ait été mis au niveau des suites auxquelles il avait eu droit, et que certains de ses plus horribles défauts aient été un peu gommés. On aurait été cependant en droit d'attendre un niveau de finition bien plus élevé de leur part après tout ce temps, et le report de la date de sortie du jeu de plus de deux mois. L'interface est encore loin du niveau de ce qu'on pourrait attendre d'un jeu sorti en 2012, les menus et les options sont d'une pauvreté désolante (les options graphiques relèvent de l'insulte pure et simple), et le niveau de l'IA surtout au niveau du Pathfinding (les déplacements) est aussi pourrie (oui j'insiste sur le pourri) qu'en 1999. Cependant, je ne doute pas que les vétérans du genre (et du titre), qui détestent les "RPG" action tant à la mode aujourd'hui adorerons retrouver ce jeu old school, où il leur faudra faire preuve de prudence, et où il leur faudra tout micromanager.
Points positifs
- L'expérience de jeu de Baldur's Gate est préservée et améliorée
- L'énorme durée de vie du jeu d'origine à laquelle viennent s'ajouter les nouveautés
- Ne coûte "que" 20 euros
- Jeu Old School : difficile, peu d'aide, et de nombreuses contraintes à gérer (Si vous considérez cela comme un défaut, le jeu n'est pas pour vous)
Points négatifs
- Gros manque d'améliorations en général
- Disponible uniquement en anglais (ce n'est pas un défaut pour tout le monde mais il convient de le souligner)
- Manque de finitions et d'ambition
- IA et Pathfinding catastrophiques
- Durée de vie ridicule du nouveau contenu
- Le jeu ne fonctionne pas sur beaucoup de PC, pour des raisons mystérieuses
Note (sur 20)
Si vous aviez toujours eu envie de jouer et de découvrir à Baldur's Gate 1, c'est l'occasion de le faire. En tant que vieux fan je ne suis probablement pas le plus objectif qui soit, mais à mes yeux il ne fait aucun doute que la possibilité de passer de nombreuses heures sur un jeu old school mérite bien une vingtaine d'euros, car malgré mes nombreuses critiques je me suis bien amusé avec cette Enhanced Edition. À vous de juger si ce type de gameplay et ses graphismes ne vous rebuteront pas.
Cependant si vous aviez déjà retourné le jeu d'origine des dizaines de fois, et que seules les nouveautés l'Enhanced Edition vous intéressent (à savoir trois nouveaux compagnons avec leur propre mini aventure, et la nouvelle aventure The Black Pits). Alors la réponse est clairement non, cela ne mérite pas 20 euros, cela fait vraiment cher pour quelque chose au niveau d'un DLC mal optimisé.